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gée, peu hiftorique, & qu'elle n'eft pas entiere. Elle ne pouvoit l'être, puifque Racine eft mort avant la fin de cette maifon. Pour remédier à ees inconvéniens, j'ai tâché d'évi ter dans cette nouvelle Hiftoire & la longueur des détails, & la féchereffe d'un abrégé.

Mon intention n'eft pas d'entrer dans les difcuffions théologiques qui ont eu lieu en ce temps-là. Ce n'eft pas pour les difciples éclairés de Port Royal que j'ai écrit ; c'eft feulement en faveur de ceux qui ne le connoiffent pas, ou qui le connoiffent mal. Car combien de gens ont entendu parler de ce monaftere, & ne font pas encore parvenus à le connoître? Combien d'autres croyoient le connoître, & ont été trompés? Jamais maifon n'a été plus caloniniée que celle-là, & jamais maifon n'a été plus fainte. Pour s'ent convaincre, il fuffit de lire la feizieme & la dix-feptieme des Lettres Provinciales. Tout le monde convient du rare mérite & de la folide

piêté de M. Pafcal. Cet homme fi vrai, fi fincere, fi chrétien, fi plein de l'amour de Dieu & du prochain, n'auroit pas pris le parti de Port-Royal contre les Jéfuites, fi fa confcience ne le lui eût permis, & ne l'y eût même forcé. Ainfi cette Hiftoire et écrite gé néralement pour tous les états; pour les dévots, les gens du monde les grands, les petits, les Seigneurs, les Magiftrats; pour ceux qui font dans le commerce, dans les affaires c'eft pour ceux qu'une louable curiofité porte à toutes fortes de lectures pour s'inftruire, s'édifier, ou fe délaffer. Les productions de l'imagination amufent; l'Hiftoire des pays attache; celle des Héros excite l'admiration ; celle des Princes intéreffe; celle des Saints édifie; & celle de Port-Royal fait tout cela. On y verra des exemples admirables de piété, de charité, de pénitence, d'humilité, de détachement; des gens tout occupés de Dieu & de leurs devoirs ; de vrais Héras

fpirituels; reconnoiffant l'autorité légitime; fideles à leurs Princes, les aimant, & n'accufant jamais la pureté de leurs intentions même au milieu des perfécutions les plus violentes. On verra dans l'Hiftoire du monaftere, à l'endroit où il eft queftion de M. Arnauld, combien ce grand homme aimoit fon Roi: fur la fin de fes jours, à Bruxelles où il étoit caché, étant fujet à tomber dans un afsoupissement qui faifoit craindre pour fa vie, le feul moyen de l'en tirer étoit de lui crier, ou que les François avoient été battus, ou que le Roi avoit levé le fiege de quelque place. Il reprenoit alors toute fa vivacité naturelle, & foutenoit à fes amis que la nouvelle ne pouvoit être vraie.

Enfin, les Juifs ont demandé la mort de Jefus-Chrift, & l'ont obtenue. Les Jéfuites ont confpiré la ruine de Port-Royal, & il a été renverfé. Les Juifs & les Jéfuites ont fubi le châtiment de leur perverfité: ç'en eft affez; nous devons à

préfent prier Dieu pour les uns & les autres, & adorer la divine Providence, qui tôt ou tard venge ceux qui ont été injuftement opprimés.

Les Vies de Meffieurs de PortRoyal, qui fuivent l'Hiftoire du monaftere, ne pourront qu'achever de fatisfaire les Lecteurs, qui fans doute feront bien aifes d'apprendre les principales. particularités de ces hommes illuftres par leurs vertus ou leurs écrits tels que Meffieurs le Maître, d'Andilly, de Pontis, Arą nauld, de Pontchâteau, Pascal, de Sacy, Nicole, &c, &c. Et ce qui doit encore fatisfaire, c'eft que tout y eft rendu avec autant de fimplicité que de vérité, & qu'on a fu renfermer en peu de volumes tout ce qui peut contenter la curiofité fur ce célebre monaftere.

Quel fujet d'admiration que la Providence & la bonté de Dieu pour cette maifon! Des hommes, la plupart de naiffance & de mérite, accouroient de tous les côtés fe

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livrer à toutes fortes de travaux, & remplir les moindres places comme des plus grandes : Médecins, Chirurgiens, Serruriers, Menuifiérs Vitriers, Cordonniers, Jardiniers Charretiers, Portiers. Mais ce qui ·les diftinguoit des gens de journée, c'eft qu'en fe livrant tout entiers au travail extérieur par pénitence, leur ame étoit en même temps toute à Dieu dans la contemplation. On n'en a jamais vu aucun, dans quelque emploi que ce fût, qu'on n'en ait été édifié. Et les jours de Fête, ces bienheureux Solitaires goûtoient dans le repos de leur chambre, & dans l'affiduité à l'Eglife, les délices du Paradis.

Ceux qui ont lu l'Hiftoire de Port-Royal de M. Befoigne & de Racine reconnoîtront ces deux Auteurs dans cet Ouvrage. Leur ftyle y eft refpecté. Puiffe le lecteur en aimer la fimplicité! Elle eft de la vérité le plus convenable & le plus digne ornement.

Je fais que des gens de la haute

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