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fille qu'il aimoit la fienne. En véri-
table pere
il rétablit les affaires de fon
gendre, tant par l'affiduité de fes
foins, que par de grandes fommes
qu'il avança du fien. Madame de Saint-
nge, pour ménager la dépenfe, fe
retira une partie du temps en Baffigny
chez fon pere, avec les enfans, ou
elle vécut comme auroit fait la Reli-
gieufe la plus fervente.

Dans ce féjour, elle eut occafion de fe lier avec M. d'Andilly qui étoit ami de fon pere, & qui, en 1635, fut obligé de faire un voyage vers Langres pour le fervice de l'armée, dont il étoit Intendant. M. d'Andilly fut très édifié de la rare vertu de la jeune Dame il lui parla beaucoup de PortRoyal, de M. de Saint-Cyran, de la Mere Angélique. Les affaires de M. de Saint-Ange étant arrangées, la Dame revint à Paris, où elle a toujours demeuré avec fon époux dans une grande union.

:

Dès qu'elle fut de retour à Paris elle pria M. d'Andilly de la préfenter à M. de Saint-Cyran: elle fe mit fous fa conduite. Élle fe préfenta auffi à la Mere Angélique. Auffi-tôt qu'elle eut fait fon premier compliment, la

Mere

:

Mere ferma le rideau du parloir. Madame de Saint-Ange étonnée, fe recommanda à fes prieres. Alors la Mere Angélique lui dit : « Les perfonnes » qui defirent que nous prions por » elles, doivent nous laiffer dans rotre folitude auffi-bien les parlojrs → ne fervent de rien aux gens du » monde, & ils font fort nuifibles → aux Religieufes ». Madame de SaintAnge ayant raconté cette aventure à Madame d'Andilly, cette Dame lui dit: Ne сс vous rebutez pas; je vous » affure que la Mere Angélique ref» femble aux bons Anges qui effraient » d'abord, & qui, confolent après En effet, depuis que la Mere fut que Madame de Saint-Ange penfoit tout de bon à fon falut, & qu'elle étoit fous la conduite de M. de SaintCyran, elle lui témoigna une grande charité & une confiance particuliere. Cette confiance la porta à lui mettre entre les mains Mademoiselle de Luzancy fa niece, fille de M. d'Andilly, pour cultiver les femences de bien que l'éducation de Port-Royal avoit mifes dans cette jeune perfonne, qui de-. meura quatre ans avec Madame de Tome II.*

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Saint-Ange, depuis 1647 jufqu'en 1651.

Madame de Saint - Ange avoit un grand attrait pour la pénitence, & un gland zele pour fecourir les pauvres, Quand elle étoit à Saint-Ange (terre & Baronnie dans le Gatinois), elle répandoit fes aumônes en abondance, Etant encore fort jeune, le village voifin du Château fut frappé de la contagion elle ne penfa point à fuir pour fe garantir du fléau; mais elle voulut y demeurer pour mettre ordre à tout. En effet, elle pourvut les maJades de Chirurgiens, d'Apothicaire, de vivres & de remedes. Une année que le bled étoit fort cher, elle en faifoit donner à tous les pauvres qui venoient par troupes de huit lieues : & comme on l'avertit qu'il n'y avoit plus guere de bled, & que ce qui en reftoit ne fuffiroit pas pour fa maison, elle répondit généreufement qu'on en acheteroit quand il n'y en auroit plus, Cette parole pleine de foi & de charité attira fur les greniers la bénédiction de Dieu, qui fit durer ce refte de bled tant que la difette continua.

Dieu fe fervit de la femme pour

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toucher le cœur du mari. Il conçut de grands fentimens de piété, & réfolut de paffer le refte de fes jours à Saint-Ange, & de laiffer fa charge à fon fils aîné. Ils avoient une fille Religieufe à Melun aux filles Sainte Marie, & un autre fils jeune encore. Ils partirent pour Saint-Ange avec Mademoifelle de Luzancy, que Madame de Saint Ange aimoit comme fa fille. M. de Saint Ange vécut là comme un homme qui fe prépare à la mort, & qui l'attend prochainement. Il ne fe trompoit pas, car il mourut fubitement au bout de deux mois, le 26 Février 1651. Ce fut un coup de foudre pour tous les affiftans, & principalement pour fa femme. M. de Pontis qui avoit été les voir, fut fi trappé de cet événement, lui qui dans les armées avoit tant vu de morts terribles, qu'il fe convertit, & prit le parti de la retraite. Mademoiselle de Luzancy renonça tout-à-fait au monde, & entra à Port-Royal. Madame de Saint-Ange, au moment de la mort de fon mari, prit la réfolution de fe faire Religieufe dans ce monastere. Son jeune fils la retint quelque temps, mais lui-même fe retira à la Maifou

des Champs avec les Solitaires : & alors Madame de Saint-Ange régla fes affaires, & entra à Port-Royal le 16 Mars 1652. Le 3 Juin 1653, elle prit 'habit de Novice; & Mademoifelle de Luzancy & elle firent profeffion enfemble le jour de la Préfentation de la Vierge 1654, entre les mains de la Mere Angélique.

Jamais Religieufe, ne fut plus exacte dans l'accompliffement de fes devoirs; & quelque capable qu'elle fût de commander, jamais perfonne n'a plus aimé à obéir. On peut dire de cette fainte femme, foit qu'on la confidere comme fiile, comme mariée, comme veuve, ou comme Religieufe, dans la maifon de fon pere, à la Cour, dans fa famille ou dans la Religion, qu'elle a été éminente en vertu dans tous ces divers états. Ses vertus dans la Religion furent principalement une grande humilité, & une égalité d'efprit admirable. Cette égalité fe montroit dans le commerce journalier, où il ne parut en elle ni humeur, ni parole feche, ni promptitude: & dans les épreuves dures qui lui furvinrent, & dans lefquelles la fenfibilité naturelle n'altéra jamais fa tranquille patience. Ce fut

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