par quelques vers de la Sybille ; envoya une célebre ambaffade en Phrigie, & fit apporter la ftatue de cette Déeffe qui eftoit d'une pierre noire, qu'il reçut avec beaucoup de pompe & de folemnité. De graves Auteurs racontent que le Vaiffeau s'étant arrété à l'embouchure du Tybre, fans qu'on pût le faire avancer, on fut obligé de confulter l'Oracle des Sybilles ; & l'on apprit qu'une Vierge devoit le faire entrer dans le Port. Alors Claudie [celle des Vestales dont la réputation étoit la plus équivoque ] croyant que c'étoit là une belle occafion de prouver la vertu, qu'un air trop libre joint au trop grand foin de fe parer avoit rendu fufpecte, fit fa priere tout haut à la Déeffe ; & ayant attaché fa ceinture au Vaiffeau, elle le fit avancer fans refiftance: ce qui la fit admirer de tout le monde. Je fay bien, dit Alcidon, Tertullien attribue cet événement au démon; & je n'oferois dire que T'habile Veftale profita du vent qui commença alors à fouffler: mais je diray fans craindre de bleffer la venerable Antiquité, que Claudie étoit ou bien effrontée, ou bien fuperftitieuse, de tenter ainfi la Déesse. que Il faut remarquer cependant que comme on diftinguoit deux Vefta, dont l'une eftoit regardée comme le fymbole de la terre & l'autre du feu, leur culte eftoit un peu different, & celui de la derniere confiftoit feulement à garder le feu qui lui eftoit confacré. Les Romains avoient des Vierges deftinées à cet ufage qu'on appelloit les Veftales; on croit que c'ell Enée qui doit eftre regardé comme l'inftituteur de cet ordre en Italie: Numa Pompilius le rétablit ; on coififfoit pour cela de jeunes filles entre l'âge de fix & de dix ans, dont la naiffance devoit cftre fans tache & le corps fans défaut; on n'en prit d'abord que quatre, on y en ajouta deux dans la fuite; les dix premieres années eftoient pour le Noviciat; pendant les dix années fuivantes elles faifoient les fonctions de Profeffes, & pendant les dix dernieres elles formoient à leur tour d'autres Novices: aprés trente ans il leur eftoit libre de fortir, & même de Le marier; mais pendant le temps qu'elles eftoient confacrées à la Déeffe, on exigeoit d'elles une chasteté fi fevere, que lorfqu'elles péchoient contre leurs vœux, on les enterroit toutes vives a. a L'Empereur Commode pour rendre for Tome. II. B Quand le feu facré venoit à s'éteindre par leur faute, le Pontife les puniffoit féverement, & on en tiroit toujours de mauvais augures. On croyoit même outre les calamitez publiques dont on eftoit menacé, que la Déeffe vouloit marquer par là le crime de quelque Veftale; & celle qui eftoit foupçonnée fe trouvoit obligée de s'en purger. On ajoute qu'Emilic jetta pour cela fon Voile au milieu de la cendre facrée, & que le feu fe ralluma. On le laiffoie éteindre feulement au dernier jour de l'an, & on le ralumoit le premier jour de Mars, qui eftoit le premier de l'année. Vous devez ajouter, dit Alcidon, que l'opinion commune eftoit que l'on confervoit dans le Temple des Veftales, butre le feu facré, plufieurs autres thofes qu'Enée avoit apportées de Phri gie; c'eftoit fans doute le veritable PalTadium, avec les Dieux Penates, & quelques autres Images des Dieux Samotraces que Dardanus avoit ap portez en Phrigie, & que le religieux Enée avoit eu foin de conferver au regne recommandable | fubornée par un Chefr enterrer la malheu-valier Romain nom. zeufe Cornelic, qu'on | mé Celer. accufoit d'avoir efté milieu des tempeftes a. Ce fut pour conf rver ces pretieux dépôts qu'on regardoit comme néceffaires à la confervation de la Ville, que Cecilius Metellus fe jetta au milieu des flâmes lorfque le feu brûloit le Temple des Veftales, & que fes timides Prétreffes s'enfuyoient ce qui lui merita une Statue dans le Capitole avec une belle Infcription.N'oublions pas, reprit l'Abbé, de dire que c'eftoit Numa qui avoit fait bâtir ce Temple, Romulus n'ayant jamais ofé, quelque dévotion qu'il eut à la Déeffe, en faire élever un de peur de renouveller le crime de fa mere, & d'autorifer par fon exemple le déreglement des autres Veftales: s'étant contenté (comme nous l'apprend Denis d'Halicarnaffe a) de faire élever à T'honneur de Vefta de petites Chapelles dans chaque Tribut. Il eft conftant que le culte de la Déeffe Vefta & du feu, avoit efté apporté de Phrigie en Italie, par Enée & les autres Troyens qui y aborderent b: mais les Phrigiens eux-mêmes l'avoient reçu des a L. 2. Antiq. Rom. Veftamque crisen am Eternumque adytis effert è penetralibus ignem Encid L. 2. autres peuples d'Orient. Les Chaldéens avoient une grande veneration pour le feu qu'ils regardoient comme une Divinité: il y avoit dans la Province de Babylone, une Ville confacrée à cet ufage, que l'on nommoit la Ville de Ur ou du Feu. Les Perfes eftoient encore plus fuperftitieux fur ce fujet que les Chaldéens, ils avoient des Temples qu'ils nommoient Pyrées, deftinez uniquement à conferver le feu facré, fuivant les loix de Zoroastre. Ils avoient même tant de veneration pour le feu, qu'ils n'y jettoient jamais aucune ordure, & qu'ils n'ofoient pas même F'éteindre avec de Peau, ils auroient plutot laiffé brûler leurs maifons; & fi la terre qu'ils jettoient deffus ne l'éteignoit pas, ils fe retiroient fans ofer s'oppofer à fes ravages a. Le culte du feu n'eftoit pas renfermé chez ces deux anciens peuples: il eftoit répandu jusqu'aux extremitez de l'Afrique, comme Virgile nous l'apprend en parlant d'Iarbas Roy de Mauritanie b. Plutarque affure que cette coûtume eftoit reli a Voyez Th. Hyde [limq; facra erat ignem, Religion des anciens Perfes Æneid. L 4. Vi} Excubias Divi.n ater |