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de Cadis où il alla s'établir; fur quoi il'eft bon de vous faire remarquer que quoique l'Espagne ne soit pas regardée aujourd'hui comme un pays fertile en métaux: cependant les Anciens nous en parlent comine d'une contrée où il y' avoit beaucoup de mines d'or & d'argent; on nous dit qué les montagnes & Tes collines étoient, pour ainfi dire, des montagnes d'orb; qu'auprés du Tartese, qui eft un Lac prés de Cadis, il y avoit une montagne d'argent c. Ariftote nous apprend que les premiers Pheniciens qui y aborderent, y trouvèrent une fi grande quantité d'or & d'argent, qu'ils firent leurs anchtes de la matiere précicufe de ces métaux. L'Auteur du Livre des Machabées d parlant des Romains, dit que par la conquête de l'Espagne ils fe rendirent maîtres des mines d'or & d'arLa Betique où Plu- | ure ville du même ton s'établit,étoit cette Province qu'on nomime aujourd'hui l'Andaloufie; le fleuve Be tis qu'on appelle au

nom,c'étoit la Fartelle
des Anciens, d'où le
Tartare a été formé.
b Poffidonius.
c Avienus."

jourd'hui Guadalquid Mach. 1. 1. c. 8. Et vir luy avoit donné ce nom Ce fleuve formoit autrefois à fon embou chure une petite Ifle, nommée Tartele, avec

quanta fuerunt in regione Hifpania & quot in ́ pietatem redegerunt metlla argenti & aure qua illic funt:

1

gent qui étoient en ce Pays-là. Le Poete Silius a appelle l'Efpagne une campa

gne

dorée b. C'eft fans doute ce qui obligea Pluton, qui étoit habile dans cetteforte de travail, d'établir fa demeure versle Tartefe; & c'est auffi ce qui le fit paffer dans la fuite pour le Dieu des richeffes, & lui fit donner le nom de Pluton e au lieu de celui d'Agefilaus qu'il portoit : & c'eft ce qui l'a fait confon-dre souvent avec Plutus le Dieu des richeffès, qu'on difoit être fils de Céres » & de Jafion d, & qui n'eft qu'une Divinité Poétique, qu'on a dit avoir été aveugle, pour nous marquer que la diftribution des richeffes étoit plus fou vent le fruit de l'injuftice que de la vertu. C'est au refte la fituation du Royaume de Pluton, qui étoit un pays fort bas à l'égard de la Grece, qui l'a fait paffer pour le Dieu de l'Enfer : il habitoit dans le centre de la terre, qui eft le lieu des mines, qui nous font defcendre pour ainfi dire jufques dans l'Enfer & dans les fombres demeures des Manes, pour les

a... Jam terrâ cedit

Iberâ, Auriferistanden Phoe nix depulfus ab auris. Vaicz Boch...

c Dictus eft Plute Σπι τε πλέτε, hoc eft, divitis qua ex teira eruuntur vifceribus. d Hef. in Theog..

aller cherchera. Ceux qui travaillent aux inines y meurent ordinairement: ainfi Pluton étoit regardé comme le Roy des morts; le nom même qu'il portoit Ades, fignifioit perre, mort b.D'ailleursTM on regardoit l'Ocean fur les bords du quel il regnoit, comme un lieu couvert de tenebres & c'eft là, je crois, le fon dement de toutes les fables qu'on a débitées dans la fuite fur Pluton & fon Royaume. Il eft vraisemblable, par exemple, que le fameux Tartare ce fleuve fi connu dans l'Empire de Pluton, vient du Tartefe qui eft prés de Cadis c; le fleuve Lethe vient fans doute du Guadelethe, qui coule à l'oppofite de Cadis ; & le Lác Averné du mot Aharona, qui veut dire qui eft aux extremitez, nom qu'on a donné à ce Lac qui eft prés de FOcean; auffi Pluton eft-il honoré fpé cialement à Cadis fous le nom de la Mort, comme le remarque Philostrate di de quoi on, ne fauroit douter, puifque les Pheniciens dont la langue s'étoit éta

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blie à Cadis avec les Colonies que leur Hercule y avoit conduites, appelloient Pluton Muth, qui parmi eux veut dire mort a. Nous ne devons pas diffimuler pourtant qu'il y a des Auteurs b qui prétendent que Pluton n'a paffe pour le Dieu des Enfers & des morts, que par ce qu'il eft le premier qui inventa dans la Grece l'ufage des pompes funebres & des autres cérémonies des funérailles, Quoi qu'il en foit, tous les noms qu'on luy donnoit dans les differens pays où il étoit honoré, ont tous rapport à cette qualité de Dieu des morts. Les Larins Papelloient Sumanus, les Sabins Sora+pus, mot qui a rapport à celui de cer cuell, d'autres Orcus on Argasd, ou Februus. Les clefs qu'on metroit à fa main au lieu de fceptre fignifioient que ce Dieu avoit les clefs d'un Royaume dont on ne revient jamais les facrifices qu'on luy offroit de brebis noires, & autres chofes de cette nature, y faifoient auffi allufion.

Au refte Pluton, quoique retiré dans a Boch. Chan. 1. 1. and Quaßurgeret in inC. 34.aprésSanchoniat teritum.. b Diod. 1. f. Voiez auffi Turcelain, & c.

e D'un vieux mot Latin Februo, furio

Comme qui diroit | luftre..

Dieu des Manes...

le fond de l'Espagne apprit des nouvelles de la beauté de Proferpine fille de Céres. Reine de Sicile, & réfolut felon une coutume fort ordinaire de ce tempslà, de l'enlever; peutêtre même que l'ayant fait demander en mariage, cette jeune Princefle ne voulut point quitter: fa mere pour aller dans un climat qu'on regardoit comme le bout du monde : d'autres Princeffes avoient été apparem-ment du même goût; & c'eft ce qui a fait dire aux Poetes fans doute, que ce Dieu s'étoit plaint hautement que quoiqu'il fit frere de Jupiter & fe plus, riche Prince du monde, perfonne ne vouloir l'époufer; ainfi il réfolut d'enlever Proferpine fille de Cérest:

Dio b, c'eft ainfi que s'appellóit Cé es, étoit Reine de Sicile c.Le regne de cette Princeffe fut recommandables par le foin qu'elle prit d'enfeigner à fon peuple l'art de cultiver la terre & de femer

ou MleClerc explique cette Fable aprés Theod

dontius & les autres

a Dux Erebi quondam | Tome de la Bib univa smidas exarfit in ira's, Pralia moturu Sup ris; quod folus egere. Connubiis, fterilefque diu co fumeret annor. Glaud. de raptu Prof

.

lib. I.

b. Yoiez le fixieme

anciens Auteurs, Eus febe, &c.

Ify a eu une autre Céres fille de Cœlus Boch. I gen. Deor.·

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