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premier étoit un Hierophante, ou un Mystagogue, c'est-à-dire un homme qui montre les chofes facrées"; & il n'étoit pas permis aux Initiez de dire fon nom aux profanes. Cèt Hierophante devoit être Athenien, de la famille des Eumolpides; il devoit avoir un certain âge, & d'autres qualitez prefcrites par les Loix, & garder une continence perpetuelle. Le fecond étoit un Dadu che,ou Porte-flambeau. Le troifiéme un Heraut facré. Le quatriéme un Miniftre de l'Autel; c'étoit un jeune homme qui prioit pour l'affemblée, & obéiffoit aux autres. Il y avoit outre ces quatre Miniftres deux Prêtres pour facrifier, & cinq Commiffaires, pour avoir foin que tout fe fift dans l'ordre Le premier s'appelloit le Roy, & les autres quatre. Epimeletes.

Lafête de l'Initiation duroit neuf jours. Le premier s'appelloit Agyrmos ou jour de l'affemblée : & c'eft celuy qui étoit emploié aux cérémonies dont je viens de parler. Le fecond, on envoioit les Myftes à la mer, pour fe laver. Le troifiéme, on facrifioit un barbeau avec de la farine & des gâteaux. Le quatrième, on faifoit trainer par des bœufs un chariot, dont On l'appelloit auffi quelquefois, Prophete, Tome II.

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les roues étoient faites comme des tambours. Les femmes marchoient à la fuite de ce chariot, criant Bon jour, Mere Dio, & portant des caffettes dans lefquelles il y avoit des gâteaux, de la laine, des grenades & des pavots. Nul profane n'ofoit regarder ce chariot; & fi l'on fe trouvoit aux fenêtres, il falloit fe retirer. Le cinquième, on marchoit toute la nuit dans les rues, pour imiter la recherche qu'avoit fait Ceres de fa fille. Le fixiéme, on conduifoit d'Eleufis à Athenes la ftatue d'un jeune homme couronné de Mirthe, & portant à la main droite un Aambeau; on l'appelloit Iacchos, nom que M. le Clerc derive du Phenicien Eaach, qui marque une interjection de joie & de tranfport. En effet on accompagnoit cette ftatue avec de grands cris de joie & des danfes ; & il y a toute apparence qu'elle représentoit quelqu'un de ceux qui fuivirent Ceres dans fon affliction. Le feptiéme, on célébroit les Jeux Gymniques, où les combattans étoient nuds ; c'étoient les plus anciens Jeux de la Grece, inftituez en mémoire de l'invention du labourage. Le huitième étoit emploié à l'initiation de ceux qui ne l'avoient pas été ce jour étoit nommé Epidauria, par

ce qu'Efculape étoit arrivé ce jour-là d'Epidaure pour être initié, ce qu'on avoit bien voulu faire en fa faveur. Le. neuvième étoit emploié à remplir deux vaiffeaux avec de l'eau, après quoi on les verfoit en prononçant quelques paroles, par lefquelles il fembloit qu'on demandoit à la Déeffe de la pluye, pour rendre la terre féconde a; & ce jour-là fe nommoit Plemechoé, comme qui diroit un vaisseau de terre, plat au fond. Tels étoient les plus grands myfteres de la Grece, & aufquels prefque tout le monde vouloit être initié: tout y répréfentoit l'hiftoire de Ceres, fes Loix & le foin qu'elle avoit pris de l'agriculture. Le fecret y étoit fur tout extrémement recommandé, non pas pour en cacher les abominations; mais, comme le pretend. M. le Clerc après Meurfius, & quelques Anciens, parce qu'on découvroit aux Initiez la veritable hiftoire de Ceres & de fa fille, & qu'il étoit important de cacher au public, de peur que venant à fçavoir que ces deux pretendues Déeffes n'avoient été que deux femmes mortelles, leur culte ne devînt méprifable. Ciceron favorife cette opinion b

a Voiez M. le Clerc loc. cit.

b Tufculan. Quæft. I. 1. ch. 13.

en infinuant que c'étoit l'humanité de Ceres & de fa fille, le lieu de leurs fépulchres, & plufieurs autres chofes de cette nature, que l'on tenoit cachées avec tant de foin. Cependant il eft bon de fçavoir qu'on permettoit aux Initiez de s'en entretenir entre eux, ce qui faifoit que le fecret les incommodoit moins.

Comme il s'y mêla dans la fuite pluhieurs infamies & quelques cérémonies Egyptiennes, c'eft fans doute ce qui a donné lieu à Diodore & à quelques autres, de dire que Ceres étoit la même qu'Ifis b, & que Triptoleme venu d'Egypte avoit apporté dans laGrece le culte de cette Déeffe. Sur quoy on peut dire que véritablement Ceres étoit de Grece, mais que dans la fuite en la confondit avec Ifis qui avoit enfeigné aux Egyp

a L. 1..

n'auroit jamais fini; fi

que chofe; tant la va

les fentimens : & le même Diodore aprés nous avoir dit dans le Livre premier, queCe

Diodore, pouvoit on ne s'arrêtoit à quelavoir appris cela de Sanchoniaton, qui pre-rieté eft grande dans tend que Proferpine fille de Saturne étoit ¿'Egypte, & que fa Fable ne pafla que long temps aprés la mort en Grece. Il ajoute que ette Princeffe mourut jeune. Mais dans ces anciennes hiftoires on

res

étoit la même que Ifis, nous en parle dans Livre cinquiéme comme d'une Reine de Sicile.

le

tiens l'agriculture; que l'une & l'autre étoit regardée comme la Déeffe de la terre; & les Grecs qui vouloient que tous -les Dieux euffent pris naiffance parmi - eux, avoient dépouillé l'hiftoire & les cérémonies d'ifis, pour en orner le culte de Ceres apli

Les Prêtres tâcherent, dit Alcidon, d'embrouiller dans la fuite la véritable hiftoire de Ceres, ayant eu foin fur tout d'y mêler beaucoup de furnaturel, pour perpétuer un culte dont ils tiroient leur fubfiftance. LesPhilofophes Payens preffez par les Peres de l'Eglife, qui leur reprochoient les infamies du culte decette Déeffe, tournerent tout à l'allégorie, & dirent qu'on avoit feulement prétendu nous apprendre par la Fable de Ceres, que la Sicile ayant fouffert pendant quelques années une grande difette, on avoit feint que Pluton le Dien de la terre, avoit enlevé Proferpine, dont le nom fignifie l'abondance; & quelque temps après la terre étant devenue fer

Surtout l'ufage du Phallus qu'Ifis avoir confacré après la mort de fon mari. Ofiris comme nous l'avons dit dans fon hiftoire,

& les Termophories qu'Herodote dit avoir été portées dans la Grece par les filles de Danaus.

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