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perte de ce pofte, envoya ordre à toutes fes troupes de fe rendre à Minski. Le jeune Roi marcha auffi-tôt de ce côtélà, fans trouver d'autres ennemis à combattre que la faim & la difficulté des chemins. A mefure qu'il avançoit, les Mofcovites reculoient en ruinant le pays pour retarder fa marche. Il paffa la Berezina au mois de Mai au defius de Brodzier, & à la mi-Juillet il arriva fur le canal de Wabitz, où fe donna le combat dont nous parlerons dans la fuite.

Le roi d'Angleterre part de Dunkerque pour fe rendre en Ecoffe.

Quelques Milords de ce pays-là étant venus fecrettement à Saint Germain-en Laye, avoient invité ce Prince à aller fe mettre la couronne de fes peres fur la tête. La conjoncture paroiffoit favorable. Les Ecoffois étoient fort mécontents du Traité d'union; le Royaume étoit trèsmal pourvu, l'Angleterre n'avoit point de troupes chez elle, point de vaiffeaux en mer. On réfolut d'en profiter. Le Roi fit faire un armement confidérable, dont le major général Cadogan, envoyé de la reine Anne en Hollande donna bientôt avis au confeil de Londres. Il étoit compofé de huit gros vaiffeaux, de foixante & dix bâtiments de tranfport tous

1708. FEVRIER

7 & 8.

MARS

17.

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A NN

ÉE 1708.

ALCOF
LCOF pris à difcrétion
à difcrétion par le comte
Mahoni le feptieme jour du fiege. La
place étoit fort mauvaife; mais il y avoit
un grand nombre de bandits, de mique-
lets & de payfans rebelles, & deux cents
cinquante Anglois, faifant en tout près
de trois mille hommes qui foutinrent
deux affauts; l'un le 5, l'autre le 7 de
ce mois fans pouvoir être emportés.

Les Espagnols abandonnent Oran dont le cardinal Ximenés avoit fait la conquête en 1509, parce qu'il n'y avoit pas affez d'hommes & de munitions pour le défendre; le comte de Santa-Cruz qui étoit chargé d'y conduire un fecours confidérable, ayant eu la lâcheté de s'al ler rendre avec les deux galeres à la flotte des Alliés. D'ailleurs les Infidelles avoient des ingénieurs & des officiers Anglois, de l'artillerie & des munitions que leur avoit envoyé la reine d'Angleterre. Le marquis de Val de Cennas s'embarqua avec les principaux habitants, & ce qu'il y avoit de meilleur dans Oran; & ne fe retira en Efpagne qu'après avoir Faiffé fept cents hommes dans le fort d'Almarz aqui défend le port de Mafalquivir.

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7&8,

Les Mofcovites abandonnent Grodno à l'approche du roi de Suede. 1708. On a vu que ce Prince avoit paffé FEVRIER toute l'année précédente en Saxe. L'Empereur, de concert avec les Anglois & les Hollandois,fit diverfes inftances pour l'en faire sortir, dans la crainte qu'il ne lui prit envie de se mêler des affaires de l'Empire, qui étoient dans une telle fituation, que la balance ne pouvoit manquer de pancher du côté qu'il embrafferoit; ce qui le mettoit en état de fe rendre l'arbitre de la paix entre les Puiffances qui étoient en guerre, & d'en prefcrire les conditions. On a été furpris avec raifon qu'il n'ait pas pris ce parti qui auroit mis le comble à fa gloire. Il avoit tous les fujets du monde de fe plaindre de l'Empereur & de fes Alliés qui avoient tout mis en ufage pour entretenir les troubles en Pologne, & faire paffer plus de quatre cents Officiers au fervice du Czar. Mais, foit que le comte Piper, fon premier miniftre, eût été gagné, foit quelqu'autre raifon inconnue, il ne forma point ce grand projet, ou ille perdit de vue. Peut-être Dieu le permit-il ainfi en faveur de la Religion catholique, à laquelle ce prince zélé Luthérien auroit apparemment donné de grandes atteintes 2

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1708.

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commandés par le chevalier de Fourbin On embarqua douze bataillons fous les ordres du comte de Gacé qui fut déclaMARS ré maréchal de France lorfqu'on fut en pleine mer. Le chevalier de Nangis, capitaine de vaiffeau qui avoit été envoyé à Edimbourg, ayant rapporté que tout étoit favorable au jeune Roi, ce Prince partit de Saint Germain, le feptieme de ce mois, & arriva le 9 à Dunkerque. La difficulté étoit de fortir du Port qui étoit barré depuis le 13 de Février par vingt-trois vaiffeaux que l'amirauté d'Angleterre avoit équipés en diligence. M. de Fourbin écrivit en Cour, pour avoir de nouveaux ordres, & il reçut celui de mettre à la voile. Le vent favorifa fa fortie en obligeant la flotte Angloife de regagner fes côtes. L'expédition d'Ecoffe n'étoit plus un myftere à Londres, ni à la Haye, où l'on avoit pris des mefures pour faire repaffer inceffamment la mer à dix bataillons des troupes Angloifes qui étoient en Flandres, & prévenir tous les mouvements en Ecoffe. Le même jour que le chevalier de Saint Georges mit à la voile (c'est le nom qu'on donnoit alors à Jacques III,) la Reine fa foeur qui l'appelloit fuivant le vieux ftile le prétendu prince de Galles, le déclara traître

& rebelle, & ordonna à tous ses sujets de l'arrêter. On n'en eut pas l'occafion. Les vents contraires l'ayant retenu jufqu'au 20 vis-à-vis de Nieuport, Bings eut le temps de ramaffer des frégates légeres & des brûlots pour mettre le feu à nos barques longues dans le temps du débarquement, en cas qu'il ne pût pas les joindre en pleine mer, ou qu'elles rengeaffent les côtes, & de nous fuivre, pour ainfi dire, à la pifte. L'efcadre Françoife n'arriva que le 23 au matin à l'embouchure de la riviere d'Edimbourg. On fit auffi-tôt fonder la rade de Leith; mais les pilotes Ecoffois qu'on avoit promis, ne parurent point; on ne répondit point la nuit aux fignaux ; ainfi il fut aifé de juger que l'affaire étoit manquée. L'ennemi étant proche, le 24 à la pointe du jour on fit voile vers le Nord, pour faire croire qu'on vouloit débarquer à Dundé ou à Inverneffe, puis on changea de route. Le Salisburi, vaiffeau de guerre que nous avions pris quelque temps auparavant, ayant été attaqué fur les quatres heures du foir, fut obligé de fe rendre à l'entrée de la nuit. Il y avoit deffus, outre l'équipage ordinaire, les Lords Griffin & Clermont, M. Middelton, vingt-fept officiers & cinq compa

1708.

MARS

17

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