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L'on trouve que Golut eft meilleur Compatriote qu'Hiftorien, qu'il n'eft ni métodique. ni fûr dans les faits qu'il allégue, qu'il raporte fans critique ce qu'il a trouvé dans des Manufcrits & des Chroniques peu dignes de foi. Il a mêlé d'ailleurs dans l'Hiftoire du Comté de Bourgogne, celle de l'Empire & de l'Espagne; fous prétexte que les Rois d'Efpagne & les Empereurs, ont été Souverains de cette Province, & font defcendus de nos anciens Comtes. Ces épifodes qui l'éloignent de son sujet, font une grande partie de fon Ouvrage, & l'interrompent défagréablement pour le lecteur, qu'elles font paffer d'un chapitre à l'autre, à des matieres qui n'ont point de relation & de connexité. Il a écrit en françois, & son stile déja trop diffus, a vieilli.

L'Hiftoire de Befançon eft en beau latin, mais l'Auteur a fait de cette Ville Celtique, une Ville toute Romaine; & fi l'on retranche de fon Hiftoire civile, l'érudition étrangere dont il l'a chargée fuivant le goût de fon tems, elle fe réduira à peu de chofe. Celle de l'Eglife de Belançon est bien meilleure. Il y a peu à corriger, fi l'on excepte les faits fabuleux des Légendes de nos anciens Evêques, qu'il semble avoir adoptés; mais on y peut beaucoup ajouter. Le pere de Jean-Jacques Chifflet étoit curieux & fçavant. Ses freres, fes fils, & particuliérement le Pere Pierre-François Chifflet l'un de fes freres, ont bien mérité des Lettres par quantité de bons Li

vres qu'ils ont compofés: ils ont fait grand honneur au Païs par leur érudition, & nous leur fommes redevables, d'avoir confervé la plûpart des monuments anciens qui nous restent, en tirant de nos Archives des Manufcrits uniques & curieux, avec un grand nombre de Chartes que le tems auroit achevé de confumer, & en les donnant au Public.

Les défauts que l'on trouvoit dans notre Hiftoire, & que j'ai crû y voir, m'ont déterminé à'la chercher dans les fources. J'ai obfervé & écrit tout ce que j'en ai lû dans les Auteurs. J'ai parcouru le Comté de Bourgogne & les Provinces voifines, pour m'inftruire par moi-même des faits, voir la fituation des lieux, des montagnes & des rivieres, & les anciens monuments. J'ai vifité les Archives dont on m'a bien voulu permettre l'entrée, & j'ai fait copier les Manufcrits & les Chartes, qui m'ont paru inconnus & dignes d'attention. Il m'a femblé même, par les erreurs de fait dans lefquelles j'ai vû que les étrangers les plus habiles étoient tombés, qu'il n'y avoit qu'un homme du Païs, affectionné pour fa Patrie & qui obfervât exactement les lieux, qui fût en état d'écrire fûrement & folidement cette Hiftoire.

Je ne penfois cependant pas à la compofer, & je ne travaillois que pour ma propre inftruction, forsqu'un Gentilhomme du Païs m'a demandé des éclairciffemens fur des faits anciens. de l'Hiftoire du Comté de Bourgogne. J'ai revû

mes notes pour lui répondre, & je me fuis occupé dans quelques moments de loifir, à les arranger. C'eft ainfi que j'ai vû naître & fe former infenfiblement, le corps d'Hiftoire que j'entreprends de donner au Public; bien plus pour fatisfaire aux defirs de mes Compatriotes, que par prévention pour cet Ouvrage; car quand j'aurois eu les talens néceffaires pour le mettre dans la perfection que demande un fiècle auffi éclairé que le notre Pon fçait que je n'en ai pas le loifir. Mais j'ai cru que l'on pourroit y aprendre quelque chofe, & que mon exemple exciteroit les Sçavants du Païs à faire mieux que moi, fur un fujet qu'on ne trouvera pas indigne d'être traité par une bonne main. C'en étoit affez fuivant la maniere dont je penfe, pour me faire paffer fur la consideration du péril auquel je fens bien que j'expose ma réputation.

Une difficulté m'a arrêté d'abord. C'est que le Comté de Bourgogne tel que nous le connoiffons aujourd'hui, paroît ne s'être formé que dans le dixiéme fiécle, & qu'il étoit confondu auparavant dans de plus grands Etats; en forte que jufques à ce tems, on ne peut pas faire fon Histoire particuliére. Mais cette difficulté toute grande qu'elle fût, ne m'a pas rebuté, & je me fuis déterminé à travailler aux Hiftoires des Etats même, dont le Comté de Bourgogne a fait une portion, parce qu'on ne les a pas encore écrites & qu'elles

méritoient de l'être.

Il étoit le centre & la plus noble partie du Païs

qu'occupoient les Séquanois, Nation illustre & qui tenoit le premier rang dans les Gaules, quand les Romains en firent la conquête. Peu de tems après, il fut la partie principale d'une des plus grandes Provinces de l'Empire Romain au-deçà des Alpes, & le fiége de la Métropole. Je mettrai donc à la tête de cet Ouvrage,l'Hiftoire des Séquanois & de la Province Séquanoife, comme la notre propre,ou nous convenant du moins principalement. Mais comme il s'y rencontre beaucoup de faits qui demandent des éclairciffements, & que je les ai fupofés dans le corps de l'Hiftoire ; je les difcute par fix Differtations, en forme de réponfes aux queftions du Gentilhomme dont j'ai parlé; aufquelles j'ajoute un chapitre pour expliquer les principales Infcriptions qui nous reftent, ou qui ont été trouvées ailleurs & qui fervent de preuves à notre Hiftoire.

Ce fut dans la Province Séquanoife, que les Bourguignons commencérent à s'établir, quand ils entrérent dans l'Empire Romain & qu'ils y fondérent un Royaume. Leur mémoire & leur nom fubfiste encore parmi nous, quoique leur domination n'y ait duré qu'un peu plus d'un fiécle. C'étoit un Peuple puiffant, courageux & le meilleur d'entre les barbares, qui envahirent les Gaules dans le cinquiéme fiécle. Il a eu de grands Rois, & nous avons confervé notre liberté fous leur regne; car ils fe contentérent d'une part dans nos Terres, & la Nobleffe Séquanoise partagea avec les plus diftingués d'entre les Bourguignons, la faveur du Prince & les dignités de l'Etat. L'on

L'on a négligé d'écrire leur Hiftoire, parce que leur domination a peu duré, & qu'elle est éteinte depuis long-tems. Nous devons cependant nous intereffer à l'aprendre, parce que c'est la notre propre; car ceux d'entre nous qui ne font pas defcendus des Séquanois premiers habitants du Païs, font Bourguignons d'origine. C'eft pourquoi j'ai ajouté à l'Histoire des Séquanois & de la Province Séquanoife, celle des Bourguignons & du premier Royaume de Bourgogne. Je n'ai trouvé de jufte & de correct dans ce que nos modernes en ont écrit, fi l'on excepte Vignier, qu'une brochure donnée au Public en 1731, par Mr. Schoepfling Profeffeur de l'Hiftoire & de l'Eloquence à Strasbourg, & Affocié des Académies Royales des Infcriptions à Paris & de Londres. Quoique je respecte fon érudition & fes lumieres, j'ai embraffé sur plufieurs questions importantes, des fentiments opofés aux fiens; & comme les Bourguignons les Vifigots, & les Francs s'emparérent des Gaules dans le même fiécle, j'ai crû que pour l'intelligence de ce que j'avois à dire des Bourguignons, je devois traiter en peu de mots, la décadence de la domination Romaine dans cette belle partie de l'Empire d'Occident, & les établissements qu'y firent les Vifigots & les Francs; parce que tous ces faits influent dans l'Hiftoire du premier Royaume de Bourgogne, par laquelle j'ai fini le premier volume de l'Hiftoire Civile de la Franche-Comté.

J'ai fait fuivre dans le même volume, celle de l'Eglife de Befançon, jufqu'à l'extinction du

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