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DEFINITIONS DES PARTIES
DES COQUILLAGES,

Et explication de quelques termes dont on s'eft fervi
dans le cours de cet Ouvrage.

ENTENDS par

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le mot de Coquillage, un animal dont Coquillage. le corps eft mol, fans aucune articulation fenfible; & recouvert en tout ou en partie, d'une croûte pierreufe appellée Coquille, à laquelle il eft attaché étroitement par un ou plufieurs muscles.

Quoique tous les Coquillages ayent une reffemblance générale, il y a cependant de grandes différences, tant dans la figure, que dans le nombre des parties qui compofent l'Animal ou fa Coquille. Je vais en faire le détail en les rapportant à ces deux chefs: je ferai remarquer en même tems ce que les obfervations m'ont appris fur leurs ufages; & comme la Coquille eft la premiere chofe qui fe préfente à la vûe

lorfqu'on rencontre un Coquillage, c'eft par elle que je vais

commencer.

PARTIES DE LA COQUILLE.

LA Coquille eft cette croûte pierreufe qui recouvre le Coquille. corps de l'animal en tout ou en partie. On peut la regarder comme le vrai os des Coquillages, puifqu'elle en fait les fonctions en fervant de bafe ou d'appui aux mufclés qui y font attachés. Cet os differe des os des animaux Quadrupedes, Oifeaux, Poiffons, Reptiles, &c. en ce qu'au lieu d'être recouvert par les chairs, il leur fert d'enveloppe: il differe encore des os des Cruftacés & des Infectes, parce qu'au lieu d'avoir, comme eux, une grande quantité

de muscles répandus fur toute leur furface interne, il n'en a qu'un très-petit nombre.

Sa fubftance eft pierreufe, d'une nature femblable à celle de la craie: il fait effervefcence & fe diffout, comme elle, en touchant les efprits acides.

Je diftingue quatre fortes de coquilles, fçavoir:

Univalvet 1o. Celles qui confiftent en une feule piece, & que l'on nomme Univalves: telles font celles des planches 1,2,3, 4 & 5.

Operculée.

Bivalve.

Multivalve.

2o. Celles qui font compofées de deux pieces inégales en grandeur, fort diffemblables, & le plus fouvent de nature différente; dont l'une eft plate & fert d'opercule ou de couvercle à l'autre piece, qui est toujours tournée en spirale: je les appelle, à caufe de cela, Coquilles Operculées; celles de la planche 6e jufqu'à la 13e font de ce nombre.

30. Celles dont les deux pieces, que l'on nomme Battans, font toujours de même nature, à peu près égales, du moins en grandeur, & fans aucun replis fenfibles ou diftingués que l'on puiffe regarder comme des fpires: on appelle ces Coquilles Bivalves; on les voit de fuite depuis la planche 14a jufqu'à la 18e.

4. Enfin celles qui font formées par l'affemblage de plufeurs pieces ordinairement inégales, & que l'on nomme par cette raifon Coquilles Multivalves: la planche 19e en donne plufieurs de cette efpece.

Les Coquillages dont la coquille confifte en une feule piece de telle figure qu'elle foit, ou en deux pieces dont Ï'une eft tournée en fpirale, s'appellent du nom commun & Linaçons. général de Limaçons: ceux au contraire dont la coquille a deux pieces ou davantage, mais qui ne font pas fenfiblement tournées en fpirale, s'appellent du nom général de Conques. Ainfi l'on voit qu'en confidérant les Coquillages fuivant la diftinction que je viens de faire de leurs quatre différentes fortes de coquilles, il doit y avoir néceffairement,

Conques.

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Les parties principales qui ont rapport à ces quatre fortes de Coquilles font au nombre de dix, fçavoir :

1o. Les Spires. 2o. Le Sommet. 30. L'Ouverture. 4o. L'Opercule. 5o. Les Battans.

6o. Les attaches des Mufcles.

70. La Charniere.

7°.

80. Le Ligament. 9°. Le Périofte. 10°. La Nacre.

J'appelle du nom de Spire les tours & les circonvolutions que fait une coquille en fe repliant fur elle-même. Ces fpires font de figure plus ou moins conique, & communes à tous les Limaçons excepté au Sormet (1. gen. 1. pl. 1.) & aux Lépas (1-11. gen. 7. pl. 2.). Mais leur difpofition n'eft pas la même dans tous: elle varie fuivant les différens plans fur lefquels elles tournent, & elles peuvent tourner fur quatre plans différens, qui font; 1o. le plan horizontal; 2o. le plan cylindrique ou étendu fur un cylindre; 30. le plan conique; 4°. enfin le plan ovoïde. De ces quatre difpofitions des Spires naiffent quatre figures différentes de Coquilles.

SPIRE.

1o. Lorfque les fpires tournent autour d'un point fuppofé Coquille infiniment petit, & fur un plan horizontal en s'appliquant difcoïde. immédiatement les unes fur les autres, elles doivent néceffairement former une figure plane & femblable à un difque; on peut appeller ces coquilles Difcoïdes : & comme les fpires font coniques, c'eft-à-dire, qu'elles vont en groffiffant du centre à l'extrêmité fur un des points de la circonférence, il doit arriver que le centre de ce difque foit ou enfoncé d'un côté & applati de l'autre, ou enfoncé des deux côtés, foit inégalement, foit également. La coquille du Coret (gen. 3. pl. 1.) eft dans ce dernier cas, & c'eft la feule de celles que j'ai obfervées au Sénégal, qui ait la figure difcoïde.

2o. Si les fpires tournent autour d'un cylindre, foit qu'el- Coquille les foient écartées, foit qu'elles foient rapprochées de ma cylindrique. niere à fe toucher, elles formeront une coquille cylindrique, en fuppofant que le corps des fpires foit lui-même cylindrique, ou qu'étant conique, l'extrêmité amincie s'écarte du cylindre d'une quantité pareille à celle de fon aminciffement. Car fi les fpires étoient coniques & fort renflées, il

Coquille turbinée.

en réfulteroit une coquille conique, mais tronquée au lieu d'être pointue à l'une de fes extrêmités, c'eft-à-dire, dont la figure tiendroit le milieu entre le cône & le cylindre. Je ne connois encore qu'une coquille dont on puiffe dire qu'elle prend la figure cylindrique, c'eft celle du Vermet (1. pl. 11.); mais fes fpires font ordinairement évidées ou fort écartées les unes des autres, & toujours collées contre différens corps qui les empêchent de prendre une certaine régularité.

3°. Si les fpires fe courbent en montant de bas en haut ou en defcendant de haut en bas autour d'un cône, elles donneront une coquille conique, que l'on appellera autrement turbinée (1); & elles montreront au centre de leurs révolutions un creux ou un ombilic, comme dans les efpeces 3, 4, 5 & 6, du genre du Sabot (pl. 12.), dans les quatre efpeces de Natice (pl. 13.), & dans quelques autres,

La même forme de coquille proviendra de la révolution d'une fpire conique autour d'un axe cylindrique fuppofé affez fin pour ne pas empêcher que les fpires fe touchent ; alors elles ne laifferont appercevoir entr'elles aucun creux,

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(1) Il ne faut pas confondre ici les coquilles turbinées avec les coquilles que Rondelet appelle Turbo, quoiqu'elles ne foient pas réellement turbinées, mais ovoïdes, comme il en avertit lui-même en parlant d'une efpece de Pourpre. » Nunc dicemus » non de spousaders, fed de spoubois ipfis, id eft, non de turbinatis, fed de turbinibus, qui in longiorem & acutiorem verticem deficiunt quàm turbinata & cochlea. » Lib. 2. Teftac. cap. 16. pag. 88. edit. lat.

» Eft igitur turbo qui ex amplo & lato paulatim in mucronem definit, ut de Buc » cina fcripfit Ovidius.

Cava Buccina fumitur illi

Tortilis in latum quæ turbine crefcit ab imo.

» Hujus figura eft turbo luforius,

Quem pueri magno in gyro vacua atria cireum
Intenti ludo exercent, » Ut ait Virgilius.

"Ab hujus figuræ fimilitudine, dicuntur turbinata oftracodermorum genera..... Alia » teftâ continua inclufa quidem, nec ullâ ex parte confpecta, dempto capite, ut Buc cina, Purpura, Cochlea, denique turbinata omnia, quæ capitis operculum habent. Ibid. cap. 1. pag. 62 & 63,

Il femble par ce dernier paffage que l'Auteur entre en contradiction avec lui-même, en rappellant aux turbinées la Pourpre & le Buccin, tandis que dans le premier paffage que j'ai cité, il les en exclut manifeftement en n'y admettant que les Limaçons operculés, qu'il appelle Cochlea. Mais il s'explique plus clairement quatre lignes plus bas, en difant: Qua (turbinata) teftam habent unicam totam continuam, arque in » anfractus contortam, dempto capite, quod operculo tegitur. Atque hoc quidem tur»binatis proprium eft, quo à reliquis fecernantur.» D'où l'on voit qu'il donne le nom de turbinées aux coquilles dont la tête ou la bafe eft applatie ou tronquée, & qui ont un opercule, cochlea dempto capite, quod operculo tegitur, caracteres communs aux genres du Sabot, de la Toupie, de la Natice & de la Nérite,

aucune

aucune espece d'ombilic. Cette figure eft la plus ordinaire aux turbinées: on en voit des exemples dans le genre de la Toupie (efpeces 1, 2, 3, 4, pl. 12.), dans celui du Sabot (efpeces 1, 2, 4, 5, 9, 10.), dans celui de la Nérite (especes 1-5. pl. 13.), & dans beaucoup d'autres.

ovoïde.

40. Enfin lorfque les fpires tourneront fur un axe ovoïde, Coquille ou, ce qui revient au même, fi les fpires étant coniques, fort renflées, & arrondies à l'extrêmité la plus groffe, tournent autour d'un axe cylindrique fuppofé extrêmement fin, elles formeront une coquille ovoïde, qui dans le premier cas fera percée d'un ombilic, comme dans l'efpece de Pourpre que j'appelle Labarin ( 2. pl. 7.): dans le fecond cas cette coquille ovoïde n'aura aucune apparence d'ombilic, comme dans le Bulin (gen. 2. pl. 1.), ou dans le Kambeul (gen. 5. 1. pl. 1.). Cette derniere forme eft la plus commune dans les Limaçons, foit Univalves, foit Operculés.

Aucune de ces quatre efpeces de fpires n'a lieu dans les Conques.

1o. Remar

Dans l'explication que je viens de donner des différentes formes que prennent les coquilles fuivant la figure & la dif- que. pofition de leurs fpires, je me fuis borné à ces quatre principales qui font les plus ordinaires, parce qu'on y peut rapporter facilement toutes celles qui font intermédiaires, & qui font, pour ainfi dire, les nuances par lefquelles elles fe lient & s'uniffent les unes aux autres. C'est ainfi, par exemple, que la coquille du Poucher (1. gen. 5. pl. 1. )tient d'un côté aux coquilles difcoïdes, comme à celle du Coret (gen. 3. pl. 1.), par fa forme applatie, & de l'autre aux turbinées ou aux ovoïdes fans ombilic, par fon fommet renflé & éminent fur l'une de fes faces. Il en fera de même des autres coquilles douteufes, on les rapportera aux deux figures principales, dont elles paroîtront participer davantage.

Il faut obferver que le nom fubftantif de Spire, que j'em- 2. Remarploie comme terme générique, pour exprimer indifférem- que. ment les quatre fortes de circonvolutions qu'une coquille peut faire fur elle-même, a été employé quelquefois fous le nom de volute ou de Spirale comme fubftantif, ou même de celui d'hélice, fur-tout lorfqu'il étoit question de celles qui tournent fur un cylindre. Mais ces trois derniers termes font

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