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défenfeur comme Damis, que mille Babylones.

oreilles, & fe présenta aux Babyloniens, en leur difant que c'étoit fon Roi qui l'avoit fi cruellement mutilé. Les Babyloniens, ne doutant point qu'il ne fe vengeât, lui confierent entiérement la défense de Babylone, dont il ouvrit enfuite portes à Darius. Ce Prince reconnoiffant lui donna en récompenfe le revenu de la Province de Babylone, & lui marqua toujours qu'il éprouvoit pour lui le fentiment que fuppofe le mot rapporté par Lucien.

les

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L'ASSEMBLÉE

DES DIEUX.

JUPITER, MERCURE, MOMUS.

JUPITER.

CESSEZ, habitans des Cieux, de

murmurer entre vos dents, & de vous raffembler par pelotons dans des coins, pour vous plaindre tout bas de ce qu'on voit s'affeoir à la table des Dieux beaucoup de gens indignes de cet honneur. Je vous ai fait convoquer à ce fujet; chacun de vous peut parler ouvertement, & dire tout haut fon fentiment fur les abus qu'il aura remarqués. Toi, Mercure, fais l'annonce, felon la coutume.

MERCURE. Silence; attention. Quel

eft celui des grands Dieux qui veut faire ufage du droit qu'il a de parler? Il s'agit des nouveaux venus dans le Ciel, & des intrus parmi nous.

MOMUS. Jupiter, j'ai quelque chofe à dire, fi vous voulez me le permettre. JUPITER. La voix du Héraut te l'a déjà permis; il n'en faut

tage.

pas davan

MOмUS. Je me plaindrai de la tyrannie infupportable que plufieurs

d'entre nous exercent dans les Cieux. Non contens de fe voir placés au rang des Dieux, de fimples hommes qu'ils étoient, ils fe croiroient fans gloire & fans dignité, fi leurs valets & leurs fuivans ne marchoient nos égaux, & ne jouiffoient des mêmes honneurs que nous. Je vous demande, Maître des Dieux, la permiffion de m'expliquer librement à cet égard. Si je n'étois autorifé par vous, on m'impoferoit filence, parce qu'on fait que je parle avec franchife, & que je ne cele rien de ce

qui me paroît repréhensible; je cenfure tout indifféremment, je dis ouvertement ma pensée; ni crainte ni confidération d'aucune espece ne peut m'engager à me taire. Aussi la plupart me regardent-ils comme un fâcheux perfonnage, & un dangereux médifant; je n'ai point dans l'Olympe d'autre nom que celui de Cenfeur public. Mais puifque l'annonce que l'on vient de publier, & votre confentement particulier, me laissent le maître de parler, je vais le faire avec affurance.

Je dis donc qu'il y en a beaucoup parmi nous qui, non contens de s'affeoir à nos côtés dans les affemblées & dans les feftins, quoiqu'ils ne foient que demi-Dieux, ont encore amené avec eux dans le Ciel, une foule de valets & de danfeurs qui étoient à leur fuite fur la terre; ils ont furtivement gliffé leurs noms parmi les noms des Immortels ; ils prennent comme les autres leur portion dans les facrifices,

&

& partagent comme nos égaux les entrailles des victimes, fans nous payer au moins le droit de bourgeoifie. JUPITER. Point d'allégorie, Momus; ne parle point à mots couverts nomme les personnages. Tu t'exprimes d'une maniere trop générale; on ne fait fi c'est à celui-ci plutôt qu'à celui-là que s'adreffent tes réprimandes; on ne peut que faire des conjectures d'après ce que tu dis. Quand on fait, comme toi, profeffion de s'expliquer en toute liberté, les ménagemens & le mystere font déplacés.

MOMUS. Rien n'eft plus louable, Maître des Dieux, que la générosité avec laquelle vous m'encouragez; rien n'eft plus digne d'un grand coeur & d'un grand Roi. Je dirai donc auffi le nom des coupables. Ce Bacchus, par exemple, ce Dieu demi-homme n'est pas feulement d'origine Grecque, même par fa mere, car elle n'étoit que fille d'un Syro-Phénicien nommé Cadmus,

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