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COMMIRE, Poëte Latin.

Jean, Jefuite, né à Tours, l'an 1625. mort à Paris, au College des Peres de fon Ordre, le 25. Decembre 1702, dans fa foixante-dix-feptième année.

La nature lui avoit donné un esprit également éclairé, & folide; & la lecture des meilleurs Auteurs de l'Antiquité répandit fur fon ftile une aménité, & une abondance qu'on ne peut s'empêcher d'admirer: peut-être depuis le fiecle d'Augufte, perfonne nat-il mieux pris le genie de la Poëfie Lyrique on voit dans fes Odes des penfées fublimes, des images vives, une élocution pure, un arrangement noble & harmonieux, ce qu'on trouve de même dans fes pieces Heroïques & Dramatiques, Il nous a donné autfi des Fables, où il paroît qu'il a emprunté de Phedre la pureté de la langue Romaine, & cette naïveté charmante qui fait le caractere de ces fortes d'ouvrages.

Quoique fes Epigrammes n'ayent pas été auffi generalement appouvées,

elles ne laiffent pas d'avoir leur beauté & leur agrément.

Ses Poëfies fe divifent en trois livres dont le premier comprend une Paraphrafe de l'Hiftoire de fonas en Vers Hexamétres; une Paraphrafe femblable fur le quatorziéme Chapitre de Daniël; quelques Piéces Heroïques fur la Sainte Vierge ; & une efpece de Drame fur la Conception Immaculée fous le titre d'Amour Prodome. Le fecond contient d'autres Piéces Heroiques à diverfes perfonnes Illuftres, dont la premiere au Roy fur fes triomphes en Hollande ; & quelques Eglogues. Le troifiéme comprend fes Odes adreßées à plufieurs Grands Hommes, comme au Grand Condé, au Maréchal de Turenne, au Comte d'Harcourt Prince de la maison de Lorraine, à Guillaume de Lamoignon Premier Prefident, au Comte de Brienne Secretaire d'Etat, & à quelques autres perfonnes celebres dans la Republique des Lettres; fes Odes font fuivies de quelques Fables & de quelques Epie grammes ; & ce troifiéme livre finit par un Difcours touchant l'art d'acquerir

querir de la Réputation en ce monde. Ses Poëfies ont été imprimées plufieurs fois de fon vivant ; la premiere Edition parut à Paris in 4o. l'an 1678, une autre in 12 plus ample en 1681, à Paris chez Simon Bénard: il a paru auffi depuis quelques-unes de fes Oeuvres Pofthumes.

CORNEILLE,

Pierre, nâquit l'an 1606. à Rouen où fon Pere étoit Maître des Eaux & Forêts de la Vicomté, pour lui il fut pourvû de la Charge d'Avocat General à la Table de Marbre de cette Ville, mais il vint s'établir enfuite à Paris, où il fut reçû à l'Académie Françoife en 1647, dont il a été le Doïen. Il mourut le premier Octobre 1684, dans fa foixante-dix-neuviême année, & fut inhumé dans l'Eglife de Saint Roch.

Le Roy lui donna en plufieurs occafions des marques de fon eftime, & fur-tout dans fa derniere maladie ayant appris l'état dangereux où il étoit, il envoya lui témoigner l'intérêt

qu'il prenoit à fa fanté, en lui donnant de nouvelles preuves de fes libéralités, c'eft ce que nous apprend Racine, en difant dans l'Eloge de Corneille, que les dernieres paroles de ce Grand Homme ont été des remercîmens pour LOUIS LE GRAND.

Comme Corneille eft un de ces genies extraordinaires, qu'on ne fçauroit trop louer, un grand nombre de Perfonnes d'Erudition ont entrepris de faire fon Eloge: il n'y en a point qui lui faffe plus d'honneur que celui que Racine fon Illuftre émule dans le genre Dramatique, prononça dans l'Académie Françoife en qualité de Directeur de cette Compagnie, le 2. Janvier 1685, à la reception de Thomas Corneille, nommé Académicien à la place de fon frere.

Après avoir reprefenté l'état pitoïable, où étoit le Théâtre parmi nous, fans ordre, fans grace, fans regle, & ce qui eft de plus pernicieux fans honêteté, & fans bienféance. » Il fait » remarquer la force avec laquelle

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Corneille furmontant ces Monftres,fit » le premier paroître fur la Scene la

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taifon accompagnée de toute la pom- « pe, & de tous les ornemens dont notre langue eft capable, & fçut ac- « corder heureufement le vrai-fembla- " ble & le merveilleux; où trouvera- « t-on, dit-il, un Poëte qui ait poffedé à la fois tant de grands talens, & « tant d'excellentes parties; l'art, la « force, le jugement, l'efprit; quelle nobleffe, quelle œconomie dans les «<< fujets quelle vehemence dans les re paffions! quelle gravité dans les fen- « timens quelle dignité, & en même- « tems quelle prodigieufe varieté dans « les caracteres! Combien de Rois, « de Princes, de Heros, nous a-t-il « representés, toujours tels qu'ils de- « voient être, toujours uniformes avec «< eux-mêmes, & jamais ne se reffemblant les uns aux autres ? Parmi tout « cela, une magnificence d'expreffion proportionnée aux Maîtres du monde « qu'il fait fouvent parler,capable néan- « moins, de s'abaiffer quand il veut, « & de defcendre jufqu'aux fimples naïvetés du Comique où il eft en- « core inimitable.

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