Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Vers 131,

Un fecond Genie placé auffi à la droite d'Apollon, porte une branche de Laurier, & le regarde pour fçavoir à qui il la destine; il eft difpofé de maniere à foûtenir le Médaillon de quelque Grand Poëte.

On voit un troifiéme Genie à la gauche d'Apollon & proche de fa Lyre, il porte le Médaillon de Malherbe, qui a donné le premier les regles les plus juftes, & les plus excellens modéles pour la Poëfie Françoife. Ce Médail lon fe trouve auffi auprès de la Nymphe du Parnaffe, qui paroît un peu de profil de cette face, ce qui fait entendre qu'Apollon lui a infpiré les premiers beaux vers François, & que ce Poëte a montré la vraye fource de la Poëfie Françoife, où il a excellé dans Ode & dans quelques autres Ouvrages.

Voilà comme Defpreaux parle de Malherbe au premier chant de fon Art Poëtique. Enfin Malherbe vint, & le premier en

France,

Fit fentir dans les vers une jufte cas dence,

D'un mot mis en fa place enfeigna le pouvoir,

1

Et réduifit la Muse aux regles du devoir.

Tout reconnut fes loix, & ce guide fidele, Aux Auteurs de ce tems fert encore de modéle :

Marchéz donc fur fes pas, aimez fa pureté, Et de fon tour heureux imitez la clarté.

Sur le revers du Médaillon de Malherbe, on a reprefenté un Genie, affis contre un Laurier jouant de la Lyre; trois Poëtes de fes Disciples l'écoutent avec attention, le premier tient une Trompette, le fecond un Luth, & le troifiéme un Livre & une Plume: On a mis pour légende

Je leur aprens le langage des Dieux.

Un peu au-deffous du Médaillon de Malherbe, on voit celui de Voiture, dont les écrits font remplis de graces & de délicateffes: il eft foutenu par un Genie placé fur un Myrthe au-deffus & fort proche des Graces que ce Poëte aimable avoit fi bien accoûtumées à fon badinage, de même que les Mufes,comme le dit Sarazin au commencement de la Pompe Funebre de ce Poëte.

Voiture qui fi galamment
Avoit fait, je ne fçay comments

Les Mufes fon badinage s
Voiture eft mort, c'est grand dom-

mage.

On a mis fur le revers de fon Médaillon les trois Graces, & pour légende ce Vers

Fe les fais à mon badinage.

Ceux qui croiront, que trois Mufes y conviendroient mieux, peuvent prendre les trois Graces pour trois Mufes. Quelques Poëtes & fur-tout de l'ancienne Grece, n'ont pas fait de difference des Graces d'avec les Mufes, & les ont également invoquées.

Le Médaillon de Sarazin eft auffi porté par un Genie affés proche des Graces, mais de l'autre côté de celui de Voiture, c'est-à-dire, à la droite d'Apollon: comme il n'est vû que dans le tournant de la Montagne de cet afpect, & qu'il paroît en plein à la quatriéme face du Parnaffe, j'en parlerai à cet article.

MILIEU DE LA PREMIERE face du Parnaffe.

Au milieu de ce Mont, fur un terrain applani, paroiffent les trois Gra

ces du Parnaffe, Mefdames de la Suze, & des Houliéres, & Mademoiselle de Scudery; on a reprefenté ces trois Dames à la fleur de leur âge, elles fe tiennent par des guirlandes compofées de fleurs, de feuilles de Lauriers & de Myrte, & forment une danfe charmante au fon de la Lyre d'Apollon: elles ont un air enjoué & brillant leurs cheveux font relevés & noués d'une façon négligée & aimable ; une légére draperie, en forme décharpe foutenue fur les hanches, couvre feulement ce qui pourroit bleffer la modeftie, & donne plus d'agrément à la danse.

;

Les trois Graces portent encored'une main, l'une une branche de Laurier, l'autre une Palme (deux attributs de la gloire & du triomphe) & la troifiéme une branche d'Olivier, fimbole de la paix, où les Sciences & les beaux Arts fleuriffent avec le plus d'éclat.

Les deux Genies qui foutiennent chacun un Rouleau, fur l'un defquels font gravés les noms de plufieurs Poëtes & Dames Illuftres dans la Poëfie Françoise, & fur l'autre, les François qui ont excellé dans la Poëfie Latine, paroiffent

dans le milieu de cette face du Parnaffe, & volent vers Apollon pour lui prefenter les noms de ces Poëtes, afin qu'il leur donne des places felon le mérite de leurs ouvrages.

Un Genie, affis aux pieds des Graces, tient auffi le Médaillon de Benferade, qui étoit fort à la mode chez les Dames aimables & fpirituelles, ce qui fait dire à Defpreaux en invitant les Poëtes à chanter le nom de LOUIS LE GRAND.

ArtPoëtique, Que de fon nom chanté par la bouche

chant quatriéme, Vers

200.

des belles

Benferade en tous lieux amuse les
Ruelles.

Les Poëfies de Benferade ont un tour aifé & galand, & un ftile fleuri, elles renferment quelquefois des railleries fines, & piquantes, comme on le voit dans la plûpart de fes ouvrages, fur-tout dans les Vers qu'il a compofés pour les Ballets dans la jeunesse de LOUIS XIV. qui font très eftimés des perfonnes du meilleur goût. On a orné le revers de fon Mé daillon d'un parterre de fleurs, au milieu duquel eft une Ruche à Miel entourrée de pluGeurs Abeilles: Ce Vers compofe la légende

Avec le Miel nous portons l'Eguillon.

« AnteriorContinuar »