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Tout ce qu'il écrivoit étoit ingénieux & rempli de penfées juftes & brillantes exprimées avec une grande délicateffe; perfonne n'a mieux réuffi que lui dans le goût de Voiture, il a même quelque chofe de plus naturel.

On a recueilli fes Poëfies dans un volume in 12 imprimé à la Haye en 1715, elles consistent principalement en Stances, en Lettres, dont quelquesunes font mêlées de Profe & de Vers, on trouve auffi dans ce volume une Idylle, une Fable, un Conte, & une Metamorphofe d'Iris changé en Aftre, piéce d'un caractere badin & d'un ftile très-agréable.

L'Eloge de cet Auteur a été mis à la tête de cette Edition avec des Vers fur fa mort, qui peignent affez bien toutes les belles qualités qu'il poffédoit, je les rapporte ici, croïant que le Lecteur les lira avec plaifir.

Pavillon ne vit plus : les Amours en gémiffent,

Apollon en verfe des pleurs ;

Et fur le Mont Sacré les échos retantiffent

Des triftes regrets des neuf fœurs. Rival ingénieux d'Ovide, S'il vouloit flechir une Iris, Les Graces dictoient fes écrits, Et l'Amour lui fervoit de guide. La fageffe bientôt sçut bannir de fon Cœur

Ses vains amusemens de l'amoureuse ardeur.

Par une adreffe fans égale

Il prit foin de former les mœurs En cachant fous l'appas de ses Vers-enchanteurs

Les traits d'une auftere morale.
Les beaux Arts en lui raffemblez
Firent par tout briller fa gloires
Il n'ignora rien de l'Hiftoire ;
Et les tems les plus reculez
Etoient prefens à sa memoire.
Son entretien étoit charmant,
Il poffedoit parfaitement

Tout ce qu'eut de meilleur l'Italie &

la Grece.

France, tu ne peux trop faire voir ta trifteffe?

En le perdant, tu perds ton plus riche

arnement.

PE CHANTRE',

Né à Touloufe, fils d'un Chirurgien de cette ville, mort à Paris en 1707 ou 1708, âgé d'environ foixantedix ans.

Il étudia en Medecine, & profeffa quelque-tems cet Art à Touloufe, mais fon amour pour les belles lettres, & pour la Poëfie, lui fit abandonner cette profeffion pour fuivre fon goût, & l'attira à Paris afin de s'y perfectionner.

Péchantré fit un très-grand progrès. dans tout ce qui regarde les belles lettres, & fur-tout dans la connoiffance des Auteurs Latins du premier rang qu'il expliquoit & enfeignoit à quelques perfonnes de diftinction.

Il a compofé des Vers Latins qui font fort estimés, mais fon genie brilla principalement pour la Poëfie Françoise où il travailla dans le Dramatique.

Nous avons de lui une Tragédie intitulée Geta, qui eft toujours representée avec de grands applaudiffemens. Il en a donné une feconde appellée, la Mort de Neron, qui n'a pas eu Bb iiij

le même fuccès, quoiqu'elle ne foit pas fans quelques beautés. Elles ont été imprimées chez Ribou à Paris, il compofa auffi deux piéces Saintes, fçavoir; le Sacrifice d'Abraham, & fofeph vendu par fes Freres, elles ont été reprefentées à Paris dans des Colleges de l'Univerfité.

PELLISSON,

Paul, de Fontanier, né à Beziers en 1624, d'une famille noble & diftinquée par des emplois confidérables, fut Maître des Comptes à Montpellier, & depuis Maître des Requêtes, il mourut le 17. Fevrier 1695.

Monfieur Fouquet Surintendant des Finances, étoit fon Mecene & l'attacha auprès de lui, mais il fuivit fa dif grace & fut arrêté & conduit à la Bastille en 1661. où il refta quatre ans, d'où il fortit enfin glorieufement. Monfieur le Duc de Montaufier, Monfieur le Duc de Saint Aignan, & plufieurs perfonnes qualifiées y furent lui rendre vifite fi-tôt qu'on permit de le voir.

Il avoit été reçû à l'Académie Fran

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çoife en 1653 comme fur-numeraire diftinction qui n'a pas eu d'exemple jufjufqu'à prefent; ce fut à l'occafion de l'Hiftoire qu'il compofa de cette celebre Compagnie qui fut fi fatisfaite de la lecture qu'il fit de cet Ouvrage que dès lors elle ordonna que la premiere place vacante lui feroit donnée & que cependant il auroit droit d'affifter aux affemblées, & d'y opiner comme Académicien.

Ce fut lui qui propofa à l'Académie de donner toutes les années un prix pour la Poëfie à celui qui auroit le mieux réuffi à celebrer les vertus de LOUIS LE GRAND, de même qu'elle en diftribuoit un pour l'Eloquence: ce prix eft une Médaille de trois cens livres, dont il fit la dépenfe jufqu'à fa mort, à quoi l'Académie a fuppléé depuis jufqu'au tems que Monfieur de Tonnerre Évêque de Noyon eut affigné une rente perpetuelle pour y fatisfaire.

Pelliffon eft un des plus beaux efprits que la France ait produits, il s'eft diftingué par plufieurs Ouvrages en Prose, où brille la plus belle éloquence, comme dans fon Panegyrique de LOUIS

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