CHAPITRE VI. JESUS-CHRIST crucifié eft le fondement de notre efpérance par rapport à la véritable juftice, & au véritable bonheur. que "TOU * dit S. * serox ex Paul, accableront tout homme qui » Rom. 2. 24 رو CHAP. VI. fait le mal, le Juif premierement, » & puis le Gentil. Et au contraire, l'honneur, la gloire, & la paix se»ront le partage de tout homme qui fait le bien, du Juif premierement, & puis du Gentil. » La Loi éternelle l'ordonne ainfi, & il ne faut efpérer aucune exception. 2. C'est donc également par rapport à la juftice véritable, & par rapport au véritable bonheur qui ne peut être qu'éternel, que je regarde en ce chapitre JESUS-CHRIST COMme le fondement de notre efpérance, dont j'établirai les motifs, & dont je marquerai par une fuite néceffaire les grands caracteres & les effets. §. I. Les motifs de l'espérance font renfermés dans un paffage de S. Paul, qui les fonde fur la charité du Pere qui a livré fon Fils pour nous, & fur celle du Fils qui a donné fa vie pour nous rendre la justice. JESUSCHRIST fait encore dans le Ciel la fonction de victime & de Prêtre. CHAP. VI. ce Rom. 8.31.349 I. SAINT PAUL réunit, dans le huitiéme chapitre aux Romains, les principaux motifs de l'efpérance chrétienne, dont il fait voir que J ESUS-CHRIST eft l'unique fondement. « Si Dieu, dit-il, elt pour nous, qui fera contre nous ? S'il « n'a pas épargné fon propre Fils, « & s'il l'a livré à la mort pour nous « tous, que ne nous donnera-t-il point « après nous l'avoir donné » ? C'est Dieu que nous avons offenfé: c'est qui nous avoit exclus du ciel: c'eft fa justice inéxorable, que nous lui دو " CHAP. VI. devions fatisfaire, fans le pouvoir jamais c'eft lui feul que nous devions craindre. Et c'eft lui au contraire qui fe déclare pour nous, & qui prend en main notre défense. Quelle puiflance peut combattre la fienne : Quelle malignité & quelle envie peuvent s'opposer à la bonté? Qui peut rendre fa mifericorde inutile, ou en fufpendre l'effet? 2. Mais quelle preuve avons nous de fa miféricorde & de fa bonté ? Comment fa juftice & fa fainteté ontelles été fatisfaites? Qui a pu révoquer fa malédiction prononcée contre nous? Comment des decrets immuables contre des pecheurs incapables par eux-mêmes de pénitence & d'un amour fincere pour la juftice, ont-ils été abolis ? C'eft que Dieu n'a pas épargné pour nous fon propre Fils, & qu'il l'a livré à la mort pour nous tous. Etiam Filio fuo non pepercit. Il s'eft porté jufqu'à cet excès inoui, que de facrifier fon propre Fils, fon unique Fils, fon Fils égal à lui-même, pour nous fauver, fans que nous l'en priaffions, fins que nous le fçullions, fans que nous fullions à fuffions ni moins rebelles, ni moins CHAP. VI. ingrats, ni moins impénitens. Il nous a mis en parallele avec lui, & il nous a préférés. Il a vû ce qu'il en devoit couter à ce Fils uniquement aimé, & ce qu'il devoit lui en couter lui-même en l'immolant pour nous: & nous lui avons été plus chers. II avoit emploié tous les autres moyens pour nous rappeller à lui: bienfaits, chatimens, inftructions, miracles. Mais il lui reftoit un unique Fils, & il ne fe l'eft pas réfervé. 3. Il l'a livré à la mort pour nous tous, & il a noié dans fon fang toutes nos iniquités. Il a mis fur ce Fils attaché au bois, nos malédictions & nos anathêmes, avec nos péchés. Il la chargé de tout ce que nous devions à fa juftice. Il a exigé de lui à la rigueur tout ce que fon inexorable fainteté eût éternellement & inutilement exigé de nous. Il l'a brifé comme s'il avoit été coupable, parce qu'il tenoit la place de ceux qui l'étoient. Il l'a raffafié des opprobres dont nous étions dignes. Il a rempli le calice qu'il lui a fait boire, de tout le fiel & de toute l'amertume Partie I. N |