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CHAP. VI. Elles font fa conquête, & le prix de fon fang. Car c'eft la mort du Pasteur qui forme fon troupeau : & elles ne feroient jamais fes brebis, s'il ne les rendoit telles en les enfantant par fa mort. Mais dès qu'il confent à leur donner la vie en facrifiant la fienne, elles lui font confiées, elles font mises en dépôt dans fa main, & c'est lui qui répond de leur vie, de leur état, de leur perfévérance. Il feroit vaincu, fi elles étoient vaincues. Il laifferoit périr entre fes mains le dépôt que fon Pere lui a confié, fi elles périffoient. Il feroit convaineu d'impuiffance, ou d'infidélité, fi quelqu'un pouvoit les lui ravir. Mais fa main invincible, qui a créé le ciel & la terre, tient fes brebis enfermées, & les met en pleine fureté. Et fi la foibleffe de notre foi nous fait encore craindre quelque chofe pour elles, JESUS-CHRIST bapnit abfolument cette crainte, en ajoutant que fon Pere qui lui a confié fes brebis, les retient encore dans fa propre main : qu'il eft infiniment plus grand que tout ce qui peut s'oppofer à leur Salut qu'aucune puiffance ne peut

les lui ravir, & que c'est par fon éga- CHAP. VI. lité parfaite avec fon Pere, ou plûtôt par l'unité d'une même effence & d'un même pouvoir, qu'il eft le fauyeur & le protecteur invincible des brebis qu'il a confiées à fon amour.

4. Il faudroit donc douter de la toute-puiffance de Dieu, & de la diftance infinie qui eft entre lui & les créatures: il faudroit douter de la divinité de JESUS-CHRIST, & de fon unité naturelle & effentielle avec fon Pere, pour douter que le falut de fes brebis foit en fûreté, & pour ébranler les fondemens de l'efpérance

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que nous avons en lui. Oves meæ... Joan, 10. 271 nonperibunt in æternum, & non rapier eas quifquam de manu mea. Pater meus * qui dedit mihi, major omnibus eft:& nemo potest rapere de manu Patris mei. Ego & Pater unum fumus.

5. On voit par ces paroles que le Pere conferve dans fa main les mêmes brebis qu'il met dans celles de fon Fils; qu'il en eft avec lui le défenfeur & le garand; & qu'il les

*C'eft ainfi que le porte le grec. Il y a dans la vulgate Pater meus

quod dedit mihi, majus
omnibus eft.

CHAP. VI. donne à fon Fils pour se les conferver. Car c'eft le Pere qui nous enfeigne d'aller à fon Fils, & c'est lui

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Joan. 6. 45. qui nous attire à fon Fils. Omnis qui audivit à Patre & didicit, venit ad me. Nemo poteft venire ad me, nifi Pater, qui mifit me, traxerit eum. Et d'un autre côté, c'est le Fils qui nous conduit à fon Pere, & fans lui tout accès auprès de fon Pere nous eft inJoan. 14. 6. terdit: Nemo venit ad Patrem, nifi per me.

6. Ces vérités, qui d'abord paroiffent oppofées, fe communiquent mutuellement leur lumiere & leur force. Car puifque le Pere nous enfeigne d'aller à JESUS-CHRIT, & qu'il nous attire & nous entraîne vers lui, c'eft une preuve que le falut eft attaché à la foi de JESUSCHRIST. Et puifque fans JESUSCHRIST on ne va point au Pere, c'est une preuve que c'eft par lui feul qu'on eft réconcilié avec Dieu. Mais remarquez la force des expreffions dont JESUS-CHRIST même fe fert: Omnis qui audivit à Patre,& didicit,venit ad me. Nemo poteft venire ad me, nifi Pater, qui mifit me, traxerit eum.

La voix du Pere, & la maniere dont CHAP. VI. il enfeigne, font infailliblement fuivies de la perfuafion & de l'obéiffance. Il n'éclaire pas feulement, il attire, & il entraîne; & JESUSCHRIST, à qui le Pere envoie fes brebis, les admet avec bonté, & n'en rejette aucune. Omne, quod dat mihi Joan. 6. 37i Pater,ad me veniet: & eum qui venit ad me non ejiciam foras. Mais jufqu'où va cette bonté du Fils pour ceux que fon Pere lui envoie ? Elle n'a point d'autre terme que le falut. Elle s'étend jufqu'après la mort. Elle leur affure la réfurrection parmi les juftes & les faints. Et pourquoi ? C'est qu'il ne doit perdre aucun de ceux que fon Pere lui donne: parce qu'il est descendu lui-même du ciel pour accomplir la volonté de fon Pere, & que l'objet de cette volonté eft le falut & la réfurrection de ceux qu'il lui confie: Quia defcendi de cœlo, ut faciam vo- Joan. 6. 38, luntatem ejus qui mifit me. Hac eft autem & 39. voluntas ejus qui mifit me Patris, ut omne quod dedit mihi, non perdam ex eo, fed refufcitem illudsin novissimo die.

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CHAP. VI.

S. III.

Dieu a confirmé par un ferment la promeffe qu'il fit à Abraham, pour rendre notre efpé

rance inébranlable. C'est ŢESUS-CHRIST même qui eft chargé de l'exécution de ces promeffes, dont notre foi, notre Salut, notre héritage éternel font l'objet.

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1. LORSQUE Dieu promit à Abraham de le benir, & de benir tous les peuples de la terre dans le Fils qui naîtroit de lui, c'est - à - dire dans Gen. 22.16. JESUS-CHRIST, il ajouta le ferment à la promeffe; & n'aiant perfonne audeffus de lui par qui il pût jurer,, Heb. 6.18. jura par lui-même : » Afin, nous dit faint Paul, qu'étant appuiés fur » ces deux chofes inébranlables, » c'est-à-dire, la promeffe de Dieu, & fon ferment," par lefquelles il eft impoffible que Dieu nous trompe, »nous ayons une puiffante confola tion; nous qui cherchons notre refuge & notre afyle dans l'efpé

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