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GHAP. VI. mort, & que nous y avons été réel. lement affociés par un myftere également efficace & fenfible, comme nous le demandions.

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3. Si cela ne fuffit pas, JESUSCHRIST nous met entre les mains P'hoftie même qui nous a rachetés, Pagneau même qui a été immolé pour nous, le fang même qui a été répandu pour nous. Il ne fe contente pas de l'afperfion générale qui en a été faite à la croix : il nous offre lui même la coupe où il eft renfermé. Il nous exhorte à la prendre, & à la boire, comme notre rançon parti culiere. Il nous déclare qu'elle eft pour nous la coupe d'une alliance éternelle. Il nous affure qu'elle eft pleine du fang qui nous a remis nos pechés. Quel myftere fera capable de nous raffurer, fi celui ci ne nous raffure pas Il eft perfonnel, quoi, que général. Il eft à chaque particu lier, quoiqu'il foit le facrifice univerfel. Il eft entier & parfait pour la moindre brebis, comme pour tour le troupeau.

4. Il ne reffemble pas aux facrifices anciens offerts pour le peché, dont

le pecheur étoit exclus. Il ne reffem- CHAP. VI. ble pas aux holocauftes prefcrits par la loi, où Dieu feul avoit tout, fans que fes ferviteurs y fuffent admis. Il ne reffemble pas aux hofties pacifiques, où l'on ne pouvoit recevoir qu'une petite partie, & où le partage qui s'en faifoit entre Dieu, le prêtre, & le peuple, pouvoit faire douter qu'on eût été uni à Dieu, puifqu'on étoit exclus de la partie qu'il s'étoit rélervée. Ici tout eft raffemblé, & tout eft réuni. Le même facrifice eft en même-tems holocaufte, pour le peché, & pacifique. Dieu ne fe réferve rien qu'il n'accorde auffi au prêtre, au peuple, à chaque fidele. Comment un témoi gnage fi perfonnel, & en même tems fi fenfible, ne donne-t-il pas à notre espérance en JESS-CHRIST Cru cifié un degré qui ai1le jusqu'à la confiance, quoiqu'il ne puiffe & ne doive jamais aller jufqu'à la certitude e Comment repouffe-t-on même, par une efoece d'incrédulité, & le myftere qui nous eft offert, & la main qui nous le préfente? Et comment fe fépare-t-on foi-même du falut, en

CHAP. VI. demandant toujours de nouvelles preuves qu'il eft pour nous, & ne faifant aucun ufage de celles qui nous font accordées:

S. V.

L'application de ce fang nous eft faite au faint facrifice de la Meffe, comme fi nous affiftions à celui de la Croix.

1. Srnous avions été inftruits de ce qui fe paffoit fur le Calvaire, & qu'il nous eût été permis de nous approcher de la croix de JESUS-CHRIST, avec quelle ardeur l'euffions-nous embraffée? Avec quel refpect euffions-nous reçu fur nos têtes le fang qui découloit de fes plaies? Avec quelle religion euffions-nous baifé la terre qui en étoit arrofée ? Combien euffions-nous defiré que ce fang adorable pénétrât jufques dans notre cœur, & qu'il le purifiât de tout ce qui le rendoit injufte ? Et combien cuffions-nous été raffurés, fi JESUS→ CHRIST lui-même nous avoit exhortés à le recueillir, & à le boire, &

sill

s'il nous avoit dit du haut de fa croix, CHAR. VI. qu'il le répandoit pour la rémiffion de nos pechés Tout cela fe trouve dans le myftere de fon corps & de fon fang offerts pour nous fur l'autel, & diftribués à chacun de nous. Et deformais fi nous manquons d'efpérance, c'eft que nous manquons de foi, & que nous ne comprenons pas ce qui nous eft donné, parce que l'efprit de Dieu qui nous le fe. roit comprendre, n'habite point en nous: au lieu que ceux qui l'on reçû font dans l'admiration d'un fi grand don, & s'empreffent pour en faire un faint ufage, bien loin de demander quelque nouveau témoignage. Nos autem non fpiritum hujus mundi ac- 1. Cor. 2. 12. cepimus, fed fpiritum qui ex Deo eft, ut fciamus que à Deo donata funt noдна

bis.

2. Je fais, dit faint Auguftin, une Lib. 10. Conf. profonde réfléxion fur le prix que C. 43. M. 3. JESUS-CHRIST a donné pour moi, lorfque je reçois ce prix-là même, que je le mange, que je le bois, & que je le diftribue aux autres. Je le regarde comme étant à moi. Je m'y unis étroitement, & Partie I.

P

CHAP. VI. tout mon defir eft de reffembler à ces pauvres fpirituels dont la fainte faim s'en raffafie. Cogito pretium meum, & manduco, & bibo, & erogo: & pauper cupio faturari ex eo inter illos, qui edunt & faturantur. Il faifoit ce qu'il loue dans fa pieufe mere. Il uniffoit, comme elle, fon ame pat le lien de la foi, c'eft-à-dire par une intime confiance, à la fainte victime qui étoit offerte fur l'autel, & diftribuée enfuite aux fidéles : & il s'appliquoit ainfi par une vive efpéran ce le fruit & le mérite des fouffrances & de la mort de JESUS-CHRIST Ad cujus pretii noftri facramentum ligavit ancilla tua animam fuam vinculo fidei.

3. Douterois-je, difoit-il, que nos pechés ne fuffent remis, en recevant celui dont le fang a effacé la cédule qui nous étoit contraire, & dont la mort a triomphe de notre accufateur, qui cherche en vain nos pechés dans celui qui les a effacés, & qui l'a vaincu? Eft-il au pouvoir de quelqu'un de lui reftituer le prix que nous lui avons couté, pour re revivre nos anciennes dettes? Y

fai

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