d'une fi aimable bonté ? Mais plus CHAP. VI. nous avions befoin d'être raffurés contre le préjugé, que déformais nous lui ferions moins chers, ou qu'il feroit pour nous moins acceffible plus il affecte de descendre jusqu'à nous, & de jetter un voile fur fa majefté, pour nous perfuader qu'il eft toujours le même à notre égard. Il n'attend pas que fes Apôtres tirent le filet à bord, qu'ils allument du feu, qu'ils y mettent une partie de leur pêche, qu'ils aillent chercher du pain. Lui-même leur prépare tout cela: & pour comble de bonté, il les fert luimême, leur distribue le pain & lès poiffons qu'il avoit préparés, & leur prouve d'une maniere qu'il eft plus aifé de fentir que d'exprimer, qu'il eft tel après fa réfurrection qu'ils l'ont connu avant fa mort, & qu'il eft encore parmi eux plûtôt comme ferviteur, que comme maître. 7. Mais rien ne prouve plus efficacement › que fon nouvel état n'a rien changé dans fa charité, &, fi je l'ofe dire, dans fon humilité, miracle qu'il a fait pour conferver fes plaies dans fon état immortel & le CHAP. VI. impaffible, & pour les conferver, non par le feul veftige, ou par une cicatrice apparente, mais par les ouvertures profondes faites par les cloux & par la lance, capables de recevoir le doigt & la main, & d'être réellement fondées. Ce prodige, que l'amour feul a pu inventer, & dont le defir d'exciter notre confiance a infpiré le deffein à l'amour, n'a été connu par aucun Prophéte, ou pour le moins n'a été prédit par aucun d'eux Nous en devons la certitude & la claire connoiffance à l'incrédulité de faint Thomas, ou plûtôt à la charité du pasteur pour une brebis indocile. Mais combien cette charité eftelle admirable? C'eft après avoir guéri l'incrédulité, qu'elle exhorte à n'y pas retomber. Les paroles de faint Thomas ont été entendues: on le lui fait connoître indirectement, en lui demandant qu'il mette fon doigt dans les ouvertures des mains, & fa main dans celle du côté. Mais elles ne lui font point reprochées : & la douceur incomparable du pafteur fait prefque autant d'impreffion for fa brebis, que l'évidence de fa ré furrection, atteftée par les plaies CHAP. VI. 8. Cette union de la croix de JE- 9. Mais pour rendre notre espérance en lui ferme & immuable, fuivons-le jufqu'au moment où il quitte la terre pour s'élever dans le ciel. Examinons fes derniers fentimens. Soyons témoins de fa derniere action. «Il mena, dit l'Evangile, Luc. 24.50. jufqu'à Béthanie, jufqu'à la monta- « gne des Oliviers, fes difciples : & « levant les mains, il les benit, & en « les beniffant, fe fépara d'eux, & « fut enlevé au ciel. » C'est ainfi que CHAP VI. finit l'Evangile. JESUS-CHRIST benit fes difciples, & dans eux benit tous ceux qui le feroient jufqu'à la fin des hecles. Ce fut en les beniffant qu'il les quitta. Ce fut en les beniffant qu'il monta au ciel, & qu'il alla s'affeoir à la droite de fon Pere. C'eft ainfi que celui en qui toutes les nations doivent être benies, a quitté la terre. Peut-on douter qu'il ne continue ce qu'il a fait en fe féparant de nous ? & pouvons-nous regarder autrement JESUS-CHRIST que comme préparé à nous benir, & comme nous ayant été donné par fon Pere pour nous benir: felon cette parole de S. Pierre: vobis Deus fufcitans Filium fuum, mifit eum benedicentem vobis.» C'est pour nous que Dieu "a reffufcité fon Fils; & il vous l'a » envoié pour vous benir. 10. Voilà les fondemens & les motifs de notre efpérance en JESUSCHRIST. Ils ont été traittés avec un peu d'étendue, (quoique par rapport à la dignité du fujet ce ne foit qu'un leger effai) parce que c'eft très-inutilement qu'on parle de JESUSCHRIST & du myftere de fa croix, |