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CHAP. VII.

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S. V.

Cet amour incompréhensible, n'a
d'autre fource qu'une bonté
infiniment gratuite.

1. Y a-t-il un plus grand amour
que celui que le Père a pour fon Fils
unique? Et néanmoins il nous a plus
aimés que le bonheur, que la gloire,
que la vie de ce Fils, quand ce Fils
a été parmi nous.Ce feroit une impiété
& un blafphême, que de dire qu'il
nous a plus aimés que la perfonne de
fon Fils, ou que l'adorable humanité
qui lui eft perfonnellement unie:
puifque nous ne fommes aimés que
par rapport à elle, & comme étant
fes membres. Mais il n'en eft pas
moins certain pour cela, que le Pere
que fon Fils unique fût paf-
fible & mortel, & que nous en avons
été la feule caufe; qu'il l'a traité,
pour nous épargner, comme s'il eût
été coupable; qu'il l'a frappé pour
nous, & qu'il la brifé, comme par-
le l'Ecriture, par des coups redou-
blés; qu'il la raffafié d'opprobres;
& qu'il a exigé qu'il accomplît en fa

a voulu

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Deut. 21. 23.

CHAP. VII. perfonne cette étonnante parole: » Maudit foit celui qui eft fufpendu » au bois. Il ne faut donc qu'être attentif à ces deux points, en qui tout cela fe paffe, & pour qui, pour comprendre à quel excès l'amour de Dieu eft allé, dans le tems même où nous en étions le plus indignes.

Lib. 10. Conf.

c. 43.

2. Quomodo nos amafti, Pater bone, s'écrie avec raison faint Augustin, qui Filio tuo unico non pepercifti, fed pro nobis impiis tradidifti eum? Quomodo nos amafti, pro quibus ille, qui non rapinam arbitratus eft effe æqualis tibi, factus eft fubditus ufque ad mortem, mortem autem crucis? A quoi peut-on comparer une telle charité? Y a-t-il rien de plus grand que le Fils de Dieu, égal, en toutes chofes à fon Pere Ya-t-il rien de plus humiliant que la mort, & un tel genre de mort que celui de la croix ? Y a-t-il rien de plus méprifable que le pecheur? Y a-t-il rien de plus indigne de tout amour, que le pecheur orgueilleux & impénitent? Par quels motifs, pour quelles causes eft-il donc arrivé que le Pere ait livré fon Fils unique pour les pecheurs, dans le tems qu'ils

de l'amour de Dieu pour nous.

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ajoutoient à tous leurs crimes l'or- CHAP. VII. gueil & l'impénitence?

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3. Ne cherchons point de motifs ni de caufes dans un amour, qui est femblable à l'effence divine, & qui, comme elle, n'a ni principe, ni fin: qui eft incompréhenfible comme elle, & qui n'a d'autre origine qu'une bonté infiniment gratuite: qui ne fuppole point le mérite, mais qui le donne, & qui aime à fe répandre fur les fujets qui en font le plus indignes afin que la gloire de fa grace en éclate davantage, & que rien ne foit capable de l'obfcurcir. « La bonté de « Tite 3. 4. Dieu notre Sauveur, dit faint Paul, « & fon amour pour les hommes a « paru, non à caufe des œuvres de juftice que nous euffions faites, « mais à caufe de fa miféricorde, « C'eft par les entrailles de cette mi- « Luc. 1,784 féricorde que le Soleil levant, c'eft- " à-dire JESUS-CHRIST nous " eft venu vifiter d'enhaut, pour éclairer ceux qui étoient enfevelis dans « les ténébres & dans l'ombre de la « mort, & pour conduire nos pieds dans le chemin de la paix. C'est par- « Ephef.2.40 ce que Dieu eft riche en miféricor- «

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CHAP. VII. » de, qu'étant pouffé par l'amour ex,, trême dont il nous a aimés, il nous

Joan. 3.16.

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», a rendu la vie en JESUS-CHRIST, lorfque nous étions morts par nos pechés, & qu'il nous a fauvés par » fa grace.» Deus, qui dives eft in mifericordia, propter nimiam caritatem fuam, quâ dilexit nos, cùm effemus mortui peccatis, convivificavit nos in Chrifto, cujus gratiâ eftis falvati.

4. Cet excès d'amour, ces richeffes de la miféricorde, qui font un abîme fans fond, étonnent l'Apôtre. Mais qui n'en doit pas être étonné, puif

que JESUS-CHRIST lui-même en eft l'admirateur ? Sic Deus, dit-il, dilexit mundum, ut Filium fum unigenitum daret, ut omnis qui credit in eum, non pereat, fed habeat vitam aternam. » Dieu a tant aimé le monde, qu'il » a donné fon Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périffe point, mais qu'il ait la vie éternelle. C'eft le Fils unique lui-même qui admire un tel don: c'eft celui-là même qui fe livre pour nous, qui paroit étonné de la grandeur de la charité de fon Pere: Sic Deus dilexit mundum. C'eftainfi, c'eft jufqu'à cet ex

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cès, c'eft jufqu'à ce prodige, que Dieu CHAP. VIE.
a aimé le monde qui ne le connoif-
foit t pas; ; qui étoit un amas d'injuftes
& de réprouvés ; qui n'adoroit que
les démons, ou fes paffions; qui mé-
ritoit de périr éternellement, & dont
la perte étoit conclue par un arrêt
irrévocable, fi le Pere n'avoit détour-
né l'anathême général sur son pro-
pre Fils.

S. VI.

C'est dégrader Dieu de fa qualité de fouverain bien, que de croire qu'il ne peut pas rendre dignes de fon amour ceux qui en font indignes par eux-mêmes. Son amour est tout gratuit, & tout puiffant.

I. ON entend déformais le fens de cette parole: Deus caritas eft. Dieu 1. Joan. 4. eft charité. Dieu eft amour. Dieu eft la bonté & la miféricorde même. Lui feul peut aimer ainfi, parce que lui feul n'a befoin de rien, ne fuppose rien d'aimable dans ce qu'il aime, ne peut être vaincu dans fon amour par aucune indignité du pc.

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