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CHAP. II. vant, comme un excès, comme une fingularité fans exemple, comme une folie, condannée non feulement par la prudence humaine, mais même par celle qui eft une vertu, dont une conduite fi peu mefurée feroit le fcandale & la honte.

4. Ainfi une condition qui paroiffoit très-sérieufe, quand JESUSCHRIST l'attachoit à l'honneur d'être fon difciple, n'a prefque jamais lieu; & plus il eft clair qu'il en couteroit tout pour lui être fidéle, plus il paroît alors évident qu'on eft difpenfé de l'être. On demande alors des exemples d'un tel renoncement; & comme on n'en trouve point, ou qu'ils font très-rares & peu frappans, parce qu'ils ne font que dans des perfonnes obfcures, on conclut qu'il n'y en a point; & de ce qu'il n'y en a point, on conclut avec la même certitude, que fi on le donnoit foi-même, on feroit très-imprudent & hors de la régle, au lieu de la fuivre.

5. Mais fi l'on peut conclure ainfi, tant qu'on ne regarde que les hom& qu'on ne confulte que les

mes,

hommes; combien cette fauffe pru- CHAP. II. dence eft-elle confondue par la parole de JESUS-CHRIST, foutenuë & expliquée par fon exemple? Les termes de la loi font généraux : Omnis ex vobis. Personne n'eft excepté. Le renoncement eft total: qui non renuntiat omnibus quæ poffidet. L'exclufion du nombre des difciples eft fans retour: non poteft meus effe difcipulus. Les comparaifons qui précédent cette loi dans le difcours de JESUS-CHRIST font une preuve qu'elle eft indifpenfable. Car il nous compare à un homme, qui avant que de bâtir une tour, fuppute à loifir s'il aura de quoi l'achever; & à un Prince qui etant en guerre avec un autre, examine avec foin s'il peut la foutenir, ou s'il ne feroit pas mieux de la terminer par une négociation de paix. Après quoi, il ajoute : C'est ainsi « que quiconque d'entre nous ne re- « ronce pas à tout ce qu'il poffede, ne peut être mon difciple. » Qu'il examine, avant que d'en prendre la qualité, s'il aura de quoi la foutenir. Pour moi, j'exige tout. Je veux un facrifice plein & parfait. Je renonce

CHAP. II. pour difciple celui qui commence a édifier, & qui n'acheve pas; qui s'engage avec moi dans une guerre dont il fe laffera. Comme difciple, il doit m'écouter toujours ; & moi comme fon maître, je ne puis l'être à demi, ni compofer avec lui, ni me contenter d'être fon égal.

6. Voilà la loi mais combien l'exemple du maître eft-il plus clair & plus preffant que la loi ? De tous les biens dont la poffeflion appartenoit à JESUS-CHRIST, lequel s'eft-il réservé? Que lui refte-t-il fur la croix? Où eft fa gloire ? Où eft fa liberté? A qui l'a-t-on affocié dans fon fupplice? De quoi n'eft-il pas accufé, puifqu'il eft accufé d'avoir ufurpé la qualité de Fils de Dieu, & d'être un séducteur que Dieu defavouë, & qu'il laiffe expirer dans les tourmens? Quel abandonnement peut être plus grand que le fien ? Son Pere même n'y en ajoute-t-il pas unautre infiniment plus fenfible, dont il nous inftruit par fes plaintes? Qui de nous peut renoncer ainsi à tout, & même aux confolations qui paroiffent néceffaires à la patience? De

le maître exigera-t-il un facri- CHAP. I. fice auffi univerfel que le fien ? Et quand le difciple lui en offriroit un pareil, y auroit-il quelque comparaifon à faire entre le maître qui donne l'exemple, & le difciple qui le fuit: entre le maître dont le ciel & la terre font les ouvrages, & un difciple à qui tout ce qu'il facrifie étoit prêté pour un tems: entre le maître qui rachete fon difciple, & qui donne tout pour le racheter; & le difciple qui conferve & qui rend éternel tout ce qu'il facrifie à fon Rédempteur ? S. III. Explication d'un endroit de l'Ecclefiaftique chap. 14. qui marque le faint empressement d'un homme de bien pour découvrir les traces de la Sageffe, qui pour lors étoient fort obfcures. Depuis que cette Sageffe s'eft incarnée, ces traces font vifibles, & conduisent toutes au Calvaire.

IL y a un endroit admirable dans

CHAP. II. le 14 chapitre de l'Ecclefiaftique, où le Saint Efprit repréfente d'une

maniere très - vive & très - touchante

l'empreffement d'un homme de bien pour découvrir les fentiers où marche la Sageffe, & le lieu où elle fe retire fa fainte curiofité pour confiderer ce qu'elle fait, & pour écouter ce qu'elle dit, afin de régler fes actions fur un fi parfait modéle : fa joie de l'avoir trouvée, & fon application à bâtir auprès de fa maifon une cabane où il foit en sûreté avec fa famille contre tous les malheurs & tous les dangers qui font inévitables dans le refte de la terre. Cette divine Sageffe eft certainement celle qui eft née du Pere célefte, & qui s'eft incarnée pour nous, lorfque les tems ont été accomplis. Mais il faut lire le texte, avant que d'en faire l'application à JESUS-CHRIST qui eft devenu notre modéle, & principalement fur la croix, auprès de laquelle celui qui eft véritablement fage fixe fa demeure, & y trouve un afyle contre tous les dangers ou Eccli. 14. 21. publics, ou particuliers. » Heureux

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l'homme qui va après la Sageffe,

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