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cœur que

celui qu'ils ont reçu de CHAP. VII. lui: Car il demande tout entier celui qu'il a donné. S'ils en ont un autre, ou un autre efprit, ou une autre ame, ou d'autres puiflances que celles qu'ils tiennent de lui, ils en peuvent difpofer. Mais fa volonté fur P'ufage de tout ce qu'il a donné, eft clairement marquée. Il veut tout, & il exige tout. Comment peut-on efpérer qu'il fera contraire à lui-même? ou qu'on lui cachera le larcin qu'on fait d'une partie de l'holocaufte, dont il ne peut fouffrir qu'on retranche quoique ce foit: Ego Do- lai. 61. 8. minus, diligens judicium, & odio habens rapinam in holocaufto.

S. III.

Tout amour qui ne se rapporte pas à Dieu, eft impur.

1. On vous aime, Seigneur, moins qu'on ne doit, dit faint Auguftin, lorfqu'on aime avec vous quelque chofe qu'on n'aime pas pour vous: Minus te amat, qui tecum aliquid amat, I. 10. Conf.c. quod non propter te amat. Cette vérité 29.

eft non-feulement certaine, mais évi

Partie 1.

A a

CHAP. VIII. dente. Car tout amour qui ne fe rapporte pas à Dieu, dont Dieu n'est pas la fin, & dont par conféquent il n'eft pas le principe, qui n'eft pas une dépendance de celui qu'on lui doit, qui ne coule pas de cette fource, & qui n'y remonte pas, eft un amour étranger, un amour clandeftin & furtif, un amour pris fur le fonds du maître, un amour qui détourne ailleurs la volonté, qui l'écarte de fon véritable objet, qui la rend in julte, fi c'eft dans un point effentiel qu'il la pervertit; qui l'affoiblit au moins, & qui la met en danger, fi c'eft dans une matiere moins importante: Minus te amat,

qui tecum aliquid amat, quod non propter te amat. 2. Un tel amour est un commencement d'infidelité, contraire à l'amour chafte que l'ame doit à Dieu comme à fon époux. Il devient un amour adultere, quand il corrompt tout-à-fait le cour; mais lors même qu'il n'eft pas criminel, parce qu'il n'eft pas dominant, il vient d'une fource impure; il vient de l'amour de nous-mêmes, & de l'attachement à la créature; il vient d'une fecrette

pente à chercher hors de Dieu no- CHAP. VIII. tre repos & notre bonheur : & il ne faudroit que laiffer fortifier ce premier penchant pour tomber dans un adultere fpirituel, dont le feul nom eft infupportable aux oreilles pures: fornicatur anima, cùm avertitur abs te, S. Aug. 1. 2. & quærit extra te ea, quæ pura & li- Conf.c.6.n.4. quida non invenit, nifi cum redit ad te. L'ame devient coupable d'adultere, 6 mon Dieu! quand elle fe détourne de vous, & qu'elle cherche hors de vous des biens, qu'elle ne fçauroit trouver ni véritables ni purs, que lorfqu'elle retourne à vous.

§. IV.

Notre propre interet nous porte
ne point partager notre amour
entre Dieu & la créature: car
en aimant celle-ci,
pouvons qu'être malheureux.

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nous ne

1. CES dernieres paroles de S. Auguftin nous découvrent une nouvelle raifon pour ne point détourner à d'autres objets l'amour que nous devons à Dieu & à JESUS-CHRIST:

CHAP. VIII. & cette raifon prife de notre propre interêt, eft peut-être plus proportionnée à notre foibleffe, que la ju ftice du précepte qui nous défend de partager notre amour entre Dieu & les autres biens. Car notre deffein n'eft pas d'être tout à la fois injuftes & miférables. Nous espérons quelque bonheur, en aimant quelque chofe avec Dieu, que nous ne lui rapportons pas. L'attrait & l'amorce de je ne fçai quel plaifir nous font fortir du fentier étroit de la juftice. Nous nous laffons de marcher,& nous defirons quelque repos. 11 s'offre à nos yeux fur notre chemin des endroits qui nous invitent & qui nous arrêtent. Nous avons la foibleffe.de nous y affeoir, & d'y accorder quelque chofe au fommeil. Mais à notre réveil, nous éprouvons qu'au lieu de rétablir nos forces, nous fommes devenus plus languiffans & plus lâches; que notre ame eft devenue en mêmetems plus inquiette & plus dégoutée ; qu'elle a perdu la paix, fans être auffi empreffée qu'elle l'étoit auparavant pour chercher fa confolation & fon repos; & qu'étant plus vaide, elle a

moins de faim. Elle fe reproche fon CHAP. VIII. fommeil. Elle fe leve avec héfitation, & fe remet en chemin, quoiqu'elle ne faffe d'abord que des pas chanGelans. Mais enfin elle reprend cou→ rage, & elle eft bien-tôt récompen fée de fa fidélité par un fentiment intérieur, infiniment plus vif, plus pur, & plus intime que celui dont l'appas, ou plûtôt l'efpérance l'avoit

féduite.

2. Si au lieu d'un prompt réveil,. Pon tâche de fe fixer dans un lieu où l'on s'eft affis, & qu'on oublie & le chemin, & le terme où il devoit conduire, le châtiment devient plus grand & plus févére. Le lit de repos, où l'on ne voioit que du gazon & des fleurs, fe convertit en un buiffon hériffé d'épines, dont on eft percé de toutes parts, & dont les pointes pénétrent d'autant plus avant, qu'on a eu l'imprudence de s'y appuier avec moins de précaution, & plus de pefanteur. Quaqua verfum fe verterit ani-`L. Conf. ma hominis, ad dolores figitur alibi, pra-10. n. 1.. terquam in te ; tametfi figitur in pulcris extra te, & extra fe. De quelque côque l'homme fe tourne, Seigneur,,

4.

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