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les bonnes œuvres que l'état où la CHAP. VIIĘ divine providence l'a placé lui rendra poffibles. Voilà ce que l'amour que JESUS-CHRIST lui a porté exige de lui: & ce feroit fauffement qu'il fe perfuaderoit qu'il répond à eet amour par une charité fincere, s'il négligeoit ces devoirs.

4. Zacharie, pere de faint JeanBatifte, plein de l'efprit qui avoit éclairé les prophétes, & devenu leur interpréte, nous dit que le ferment que Dieu avoit fait à Abraham, & qui eft fi célébre dans l'Ecriture, avoir pour objet un nouveau peuple, qui le ferviroit dans la fainteté & dans la juftice tous les jours de fa vie : Fusjurandum quod juravit ad Abraham Luc. 1, 73-744patrem noftrum, daturum fe nobis, ut fine timore de manu inimicorum noftrorum liberati, ferviamus illi in fanctita te & juftitia coram ipfo omnibus diebus noftris. Ce nouveau peuple n'a plus d'ennemis qui lui foient redoutables, s'il met la confiance en celui qui les a vaincus. Il est libre, & n'eft plus captif fous fa cupidité, ni fous le démon, ni fous la malediction de la loi. Il eft faint & jufte. Il l'eft

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CHAP. VIII. également tous les jours de sa vie: & ce n'eft pas à fes yeux, ni à ceux des hommes qu'il eft faint, mais aux yeux de Dieu, qui fonde les reins & le cœur, & devant qui ce peuple

nouveau fe tient avec Abraham dans un faint refpect mêlé de tremblement Gen. 17. 1. & d'amour: Ambula coram me, & efto perfectus. Ce peuple nouveau n'eft autre que nous. Ses caracteres doivent être les nôtres. Nous devons être comme lui l'objet du ferment folennel fait à Abraham. C'eft notre fain. teté & notre justice qui ont été promifes à ce Pere des fidéles: mais une fainteté & une juftice non interrompues ; une fainteté & une justice dignes des yeux de Dieu & de fon ap probation, & qui méritent d'être regardées comme l'accompliffement de la plus augufte des promeffes, que Dieu a confirmée par le ferment, & que JESUS-CHRIST eft venu remplir par fon incarnation, & par le facrifice de fa vie.

Ephi 2.8. & » 5. C'est par la graece que vous » êtes fauvés, dit faint Paul aux Ephe » fiens; & cela ne vient pas de vous. C'est un don Dieu..... car nous fonimes

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par

Tommes fon ouvrage, étant créés en «
JESUS-CHRIST dans les bonnes«<
œuvres que Dieu a préparées, afin
que nous y marchaffions:
Ipfrus
enim fumus factura, creati in Christo
Jefu in operibus bonis, que preparavit
Deus, ut in illis ambulemus. Tout est
important dans ces divines paroles.
Avant JESUS-CHRIST, avant la foi que
nous avons en lui, nos œuvres étoient
mauvaises. Nous femmes fauvés
grace: Gratiâ eftis falvati per fidem, &
hoc non ex vobis: Dei enim donum eft.
non ex operibus, ut ne quis glorietur.
Mais cette grace qui nous fauve,
eft la racine des bonnes œuvres, &
elle en devient en nous le principe
fécond. Ces bonnes œuvres ont été
comprifes dans le decret de notre é-
lection éternelle. Dieu nous les a pré-
parées, en nous donnant à fon Fils.
Il nous a créés dans ces œuvres en
nous rendant une nouvelle créature
en JESUS-CHRIS T. Elles font par-
tie du nouvel être que nous en avons
reçu, & c'est par elles que nous fom-
mes fon ouvrage, parce que c'est fa
grace & fon operation qui les produi-

Lent en nous.

Partie I.

Dd

CHAP. VIII.

CHAP. VII.

6. Qu'on examine fa conduite par rapport à de fi grandes vérités, & qu'on fe demande à foi-même fi l'on peut fe regarder comme l'ouvrage de Dieu: ipfius factura; en confidérant de quelles occupations la vie que l'on mene eft remplie. Car il ne s'agit pas de quelques actions détachées, mais du tout & du corps entier de la vie. C'eft de nous, de notre état, de notre fonds, & non de quelques cuvres accordées à la piété, qu'il eft dir que nous fommes l'ouvrage de Dieu. Des actions paffageres, inter rompues, mêlées de beaucoup d'autres dont l'amour de nous-mêmes & de notre liberté eft le principe, forment elles ce corps de faintes actions qui nous a été préparé dans le decret de notre élection éternelle ? Sont elles dignes de JESUS-CHRIST? Sont-elles capables de nous mériter la vertu & la gloire d'être en lui une créature nouvelle, & d'être créés en lui pour les produire ?

7. L'Apôtre faint Jude difoit de quelques perfonnes qui deshonoroient la Religion Chrétienne par leurs mauvaises mœurs, qu'ils fai

i

* Le gree

ajoute Deum

foient fervir la grace de Dieu, c'eft- CHAP. VIN. à-dire fa miféricorde & fa clémence, de prétexte à leurs déreglemèns; Dei nostri gratiam transferentes in lu- Jud. 4. xuriam & qu'ils renonçoient ainsi JESUS-CHRIST, quoiqu'ils paruffent le connoître, puifque c'étoit fur fes mérites qu'ils fondoient l'efpérance de leur impunité: Et folum * dominatorem, & Dominum noftrum Je- aprés domifum Chriftum negantes. On peut ap- natorem. pliquer les mêmes reproches à plufieurs Chrétiens qui ne croyent en JESUS-CHRIST que parce qu'ils efperent qu'il diffimulera leurs pechés, & qu'il les couvrira par fes mérites, fans qu'ils foient obligés de les expier par la pénitence; qui n'attendent de lui que l'impunité; qui n'aiment en lui qu'une fauffe clémence, dont ils fe font fait une vaine idée, qui le regardent plûtôt comme indulgent, que comme auteur de la véritable juftice; & qui mettent peu de différence entre lui & un homme foible, qui feroit toujours préparé à excufer leurs pechés, Tans exiger ni réparation, ni vertu. Ils comptent que la feule accufation

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