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CHAP. VIII. Confume le peu de fuc qui eft dang cette terre peu profonde, cùm venerit aftus; lorfque la fraicheur de la nuit & la rofée du matin font fuivies d'une féchereffe qui les fait évanouir, in tempore ficcitatis; l'herbe & fa fleur ne durent pas jufqu'au foir. Elles fe flétriffent, & deviennent du foin; & ce qui étoit caché dans le cœur, paroit alors avec évidence. Ces ames foibles accufent alors la chaleur du foleil, ou la divine providence, qui les y expofe, ou le défaut de ceux qui ne leur fourniffent pas des rafraichille mens contre l'ardeur qui les fait périr. Mais leurs plaintes font convain cues d'injustice par l'exemple des perfonnes que la tentation affermit, qui fournillent à l'activité du foleil une feve & un fuc qui monte des racines jufques à l'extrémité des plus hautes branches, & qui font fervir à la maturité des fruits dont elles font chargées l'ardeur même qui rôtit & qui fait avorter les autres plantes.

11. Il n'eft pas en notre pouvoit d'empêcher que nous ne foions mis à Tépreuve, & l'épreuve qui nous ef préparée

préparée ne dépend point de notre CHAP. VIII. choix. On ne fçait fi c'eft une grande tempête, ou une inondation fubite, qui doit fondre fur notre maifon. Celle qui eft folidement bâtie, & celle qui ne l'eft que fur le fable, attendent également ce qui eft caché dans l'avenir. Il nous eft commandé d'aller jufqu'au rocher, & jufqu'à un fondement immobile. Nous nous raffurons mal à propos, fi nous n'allons pas jufques-là. Nous nous repofons avant le tems, fi notre édifice n'a qu'un leger fondement. Nous nous trompons, fi nous exceptons quelque tentation & quelque épreuve du nombre de celles qui doivent fervir à nous examiner. Nous nous flattons, fi nous croions qu'il y ait des afyles dont certaines tentations ne puiffent approcher. Celle qui eft la moins prévue, eft peut-être celle qui nous renverfera.

12. Saint Pierre fe croioit en fûre

té, lorsque fatan demandoit à Dieu
la permiffion de le cribler. Et Job
étoit dans une profonde paix, lorf-
que cet efprit d'envie & de malice
calomnioit fa vertu, & demandoit à
Partie I.
Ff

CHAP. VII. Dieu la liberté de lui ôter tous fes biens, & de le couvrir lui-même d'une plaie générale. Le moyen unique pour réfilter à toutes les tentations, eft de croître tous les jours dans l'amour de JESUS-CHRIST, de s'y affermir, de s'y enraciner, & de demander par une priere continuel le, qu'il nous rende fupérieurs à tout autre amour, à toute autre crainte, & à toute autre espérance. Car nous ne fommes foibles, ni intimidés, ni vaincus, que parce qu'un autre amour furmonte celui

que nous Eph. 3. 14.16. devons à JESUS-CHRIST. "C'eft

17.

» ce qui me porte, difoit faint Paul » aux Ephésiens, à fléchir les genoux devant le Pere de notre Seigneur JESUS-CHRIST, afin que » les richeffes de fa gloire, il vous

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felon

» fortifie dans l'homme intérieur par » fon faint Efprit: qu'il faffe que JE la foi SUS-CHRIST habite par

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dans vos cœurs, & que vous foiez » enracinés & fondés dans la chari» té: In caritate radicati & fundati.

IV. CARACTERE.

De notre amour pour

JESUS-CHRIST.

Il doit nous infpirer le defir d'avoir part aux fouffrances de JESUS-CHRIST.

§. I.

JESUS-CHRIST n'a voulu entrer dans la gloire que par les fouffrances : il est néceffaire que ses membres fe conforment à leur chef, & prennent part à fes fouffrances, pour participer auffi à fa gloire.

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UTRE les caracteres de l'amour que nous devons à JESUS-CHRIST, dont le premier eft, qu'il foit fans réserve; le second, qu'il foit fécond en bonnes œuvres ; le troifiéme, qu'il foit ferme & perfévérant: il y en a un quatrième trèseffentiel, qui eft qu'il defire d'avoir part aux fouffrances de JESUSCHRIST. Sans ce defir tout amour doit être fufpect, quelque grand

CHAP. VIII.

CHAP. VIII. qu'il paroiffe, de quelque confolation & de quelque fenfibilité qu'il foit accompagné, de quelque refpect qu'il le couvre pour des fouffrances qu'il n'imite pas.

Heb. 29. 10.

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2. Dieu par fa bonté, dit faint » Paul aux Hébreux, a voulu que fon » Fils mourût pour nous. Car il étoit » bien raisonnable que Dieu, pour lequel & par lequel font toutes cho» fes, voulant conduire à la gloire plu» fieurs enfans, confommât & perfe»ctionnât par les fouffrances celui qui devoit être le chef & le prin»ce de leur falut. » Ce grand Apôtre en nous apprenant que rien n'étoit plus digne de la bonté, de la sagesse, de la fainteté de Dieu, ni plus digne même de fa puiffance, que de conduire au falut fes élus par les fouffrances de fon Fils; nous apprend auffi que toute autre voie pour le falut eft fermée. En nous difant que c'eft par les fouffrances que le chef & le prin ce du falut a été confommé & perfectionné, il nous enfeigne que c'est auffi par les fouffrances que le mé rite des faints devient plein & parfait. Et en nous montrant dans le chef

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