eft plus fage que toute la fageffe de « CHAP. IV. tous les hommes; & que ce qui pa- co roît en Dieu une foibleffe, eft « plus fort que la force de tous les « hommes. » Et le même Apôtre Ibid. v.18 avoit dit peu auparavant : » La pa- « role de la croix eft une folie pour a ceux qui fe perdent, mais pour « ceux qui fe fauvent, c'est-à-dire « pour nous, elle eft la vertu de Dieu ». Voilà en peu de mots tout le fond & tout le myftere de la Religion chrétienne découvert. JESUS-CHRIST crucifié eft la force de Dieu. La pa-role de la croix eft la vertu & la puillance de Dieu. C'est-à-dire, que Dieu n'exerce fon pouvoir à notre égard pour nous conduire au falut que par JESUS-CHRIST Crucifié. Ileft tout-puiffant, il eft le maître des CHAP. IV. Verbum crucis pereuntibus ftultitia eft, iis autem qui falvi fiunt, Dei virtus eft... Nos prædicamus Christum crucifixum: Judais quidem fcandalum, gentibus autem ftultitiam: ipfis autem vocatis Judais atque Græcis, Chriftum Dei virtutem, & Dei fapientiam. Philip. 4. 13. : 30 " Je puis tout, dit faint Paul', » en celui qui me fortifie»: Omnia poffum in eo qui me confortat. Il eft clair qu'il veut parler de JESUS-CHRIST, & le texte grec ne permet pas d'en douter in corroborante me Chrifto. Avec lui je fuis à l'épreuve de tout, je fuis fupérieur à tour. Il n'y a rien qui foit capable de m'affoiblir, ni de me vaincre, parce qu'il eft ma force, & qu'il eft lui-même invincible. Si j'étois fort par moi-même, je ferois bien-tôt affoibli: car ma force feroit bornée. Mais je fuis foible par mon propre fonds. Je ne fuis la fource ni du courage, ni de la patience & parce que je ne puis me les donner, je m'attache par une foi vive à JESUS-CHRIST, qui de vient ma force, & qui m'éleve audeffus de toutes les tentations, de tous les dangers, & de toutes les ef peces peces d'afflictions & de douleurs, CHAP. IV. parce qu'il n'y a ni tentation, ni danger, ni douleur, dont fa grace ne puiffe triompher, & dont elle ne triomphe en effet, quand on s'y fie pleinement & qu'on la demande avec inftance. כי 4. C'eft le Seigneur lui-même, « 2. Cor. 12. ♬ dit ailleurs le même Apôtre, qui « 10. m'a appris cette grande vérité, que « fa puiflance fe fait plus paroître, & qu'elle a un plus grand effet dans « la foibleffe: Dixit mihi: fufficit tibi gra tia mea; nam virtus in infirmitate perficitur. «Je prendrai donc plaifir, continue faint Paul, à me glorifier « dans mes foibleffes; afin que la « puiffance & la force de JESUS- « CHRIST habitent dans moi. Et « en effet, je fens de la fatisfaction « & de la joye dans mes foibleffes," dans les outrages, dans les néceffi- « tés où je me trouve réduit, dans les perfécutions, dans les afflictions « preffantes que je fouffre pour J E- « SUS-CHRIST. Car lorfque je fuis « foible, c'eft alors que je fuis fort. « Cum enim infirmor, tunc potens fum. S. Paul fe fert du terme géné Partie I. G .. l'ai CHAP. IV. fal de foibleffe, pour marquer tour ce qui met fa foi & fa patience à l'épreuve. Il comprend fous ce nom les perfécutions, les outrages, les afflitions preffantes qu'il fouffre pour JESUS-CHRIST, auffi-bien que fes tentations perfonnelles, qu'il défigne par l'ange de fatan, & par guillon de fa chair. C'est qu'en effet, par raport aux tentations extérieures ou intérieures, il n'eft par lui-même que foibleffe; que toutes l'en font fouvenir; que toutes l'humilient, & le rappellent à la connoiffance de fon infirmité; que toutes le preffent de recourir à JESUS-CHRIST comme au principe de fa force, ou pour continence, ou pour le martyre. Et c'eft parce qu'elles l'avertiffent de ne pas mettre fa confiance en lui-même, & qu'elles donnent occafion à la puiffance de JESUS-CHRIST de le manifefter. & d'agir efficacement en lui, qu'il fe glorifie dans fes foiblefles. Libenter igitur gloriabor in infirmitatibus meis, ut inhabitet in me virtus Chrifti.... Cùm enim infirmor; tunc potens fum. la ceft des foibleffes de JESUSCHRIST, , que Saint Paul tiroit fa force. C'est par fon agonie, par fa foumillion, par fes prieres, par fon filence, par fon profond abbaiffement devant fon pere, qu'il nous a mérité la grace de fouffrir avec patience,& avec courage. 1. MAIS demandez à ce grand Apôtre d'où vient cette force puiffante que JESUS-CHRIST COMmunique à ceux qui ne font par euxmêmes que foibleffe? Il vous répondra qu'elle vient des foibleffes mêmes & des fouffrances de JESUSCHRIST." Il a été tenté, dit-il, & ce Heb. 2. 13. éprouvé par les peines qu'il a fouf- « fert; & c'eft pour cela, qu'il eft puiffant pour fecourir ceux qui font tentés & affligés : » In cò enim, paffus est ipfe & tentatus, potens eft & eis qui tentantur, auxiliari. Remarquez, s'il vous plaît, cette liaison : il a fouffert, il a été éprouvé; & c'est « Il ne faut in quo pas traduire il eft difpofé. |