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CHAP. IV. pour cela qu'il a le pouvoir de fecourir. Sans les fouffrances de JESUSCHRIST notre Médiateur & notre Pontife, Dieu feroit éternellement inacceffible à l'homme. La Sageffe éternelle feroit pour nous inexorable, fi elle ne s'étoit pas foumife à tout ce qui devoit expier nos péchés. Le Saint Efprit ne nous auroit infpiré aucun mouvement de pénitence ni aucun defir de retourner à la justice, & nous n'aurions jamais reçu aucune grace qui nous préparât à la réconciliation. C'eft JESUS-CHRIST crucifié qui eft pour nous la puifI. Cor. 1. 23. fance & la vertu de Dicu. Nos pradicamus Chriftum crucifixum... Chrif

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tum Dei virtutem.

2. Il a voulu devenir le principe de notre courage, en fe livrant à la trifteffe, à l'ennui, & même à la Marc. 14. 33. crainte cœpit pavere & tædere. Il a demandé que le calice qui lui étoit préfenté, paffât, & qu'il ne fût pas obligé de le boire, afin que fes ferviteurs l'acceptaffent avec joie. 11 s'eft profterné; il a mis, comme dit le Prophete, fa bouche dans la poulfiere, pour détourner de lui le facri

CHAP. IV.

fice qu'il avoit defiré toute la vie, afin de relever de terre fes Difciples & fes Martyrs. Il a fouffert une cruelle agonie, où le fang eft forti de toutes fes veines, pour mériter la fermeté, l'intrépidité, & même la joie, à des hommes foibles & tremblans. Il s'eft abaiffé jufqu'à leurs foibleffes, pourvû qu'elles fuffent foumifes à la volonté de Dieu, afin de leur donner en échange fa puiffance & fa force. Car il a voulu acheter lui-même tout ce qu'il devoit nous donner par grace. Il nous a cedé fa gloire, & s'eft chargé de notre humiliation. Il eft entré avec nous, comme il a été dit ailleurs, dans un commerce, où tout le gain a été pour nous, & où il a pris notre infirmité & notre crainte, pour nous communi

quer

fa vertu & fa victoire. Noftræ S. Leo. ferm. infirmitatis affectus participando cura. 3. de pass. bat... Venerat enim in hunc mundum сар. •4. dives atque mifericors negociator cœli.. noftra accipiens, & fua retribuens.

3. C'étoit nous qui difions par la bouche de notre Pontife plein de compaffion: Mon Pere, s'il eft poffible, faites que ce calice paffe.

S. Leo ferm.7. de falf. n. s.

CHAP. IV. Mais c'étoit notre puiffant Médiateur qui ajoutoit en notre nom : » Néan» moins, mon Pere, que votre vo» lonté foit faite. Et ce plein & parfait confentement à la volonté de fon Pere a été, & fera jufqu'à la fin des fiecles, la fource de la fincere & pleine foumiffion de ceux qui ont fouffert ou qui fouffriront pour la juftice. « Cette parole du Chef, dit » faint Leon, a été le falut de tout » le corps. Cette parole, que votre volonté foit faite, a été une leçon » & un exemple pour tous les fidéles. » C'eft à elle que les Confeffeurs de JESUS-CHRIST doivent leur zéle & leur amour. C'eft à elle » que les Martyrs doivent leur per» févérance & leur couronne. Hac vox capitis falus eft totius corporis. Hac vox omnes fideles inftruxit, omnes Confeffores accendit, omnes Martyres coronavit. Car, dit le même Pere, qui pourroit vaincre la haine du monde conjuré contre la vertu; qui pourroit réfilter à l'attrait des rentations qui fe cachent dans les ténébres; & qui pourroit furmonter ce que les perfécutions ont de plus terrible, f

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JESUS-CHRIST ne difoit pour tous, & dans tous à fon Pere: Que votre volonté foit accomplie? Nam quis mundi odia, quis tentationum tenebras, quis poffet perfecutorum fuperare terrores, nifi Chriftus in omnibus & pro omnibus diceret Patri: Fiat voluntas tua ?

CHAP. IV.

4. Joignez à l'effet de cette priere de JESUS-CHRIST faite dans le jardin, l'efficace de celle qu'il fit pour nous fur la croix, & qu'il accompagna de fes larmes. Joignez-y le mérite de fa patience invincible, de fon filence qui ne fut interrompu que par fa charité, de fon abaiffement profond devant fon Pere, du facrifice intérieur de fon efprit affligé & de for cœur brifé, de fon obéiffance fans bornes & pour les douleurs & pour les opprobres, de fa mort en baiffant la tête fous les ordres de fon Pere. Joignez-y les plaintes d'un abandon, qu'il détournoit de nous en s'y fou mettant. Joignez-y enfin le dépôt de notre perfévérance & de notre patience jufqu'à la fin de la vie, confiées entre les mains du Pere, avec l'efprit de fon Fils: & vous aurez

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CAP. IV alors le riche tréfor, & le fonds inépuifable de patience, de courage, d'amour, où tous les Martyrs ont puifé, en le laiffant néanmoins tout entier à ceux qui les imitent. In ea enim in quo paffus est ipfe & tentatusɔ potens eft eis, qui tentantur, auxi, liari.

S. III.

C'est des foibleffes de JESUSCHRIST qu'eft venu le courage & la fermeté inviolable des Martyrs. Exemples: Saint Ignace, S. Laurent, Sainte Potamiene.

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1. IL ne faut plus s'étonner de ce qu'ont fait & fouffert les Martyrs, après qu'on a vû de quelle fource venoit leur courage & leur force, En s'approchant de la croix,ils y trouvoient JESUS-CHRIST. C'étoit à lui plûtôt qu'à la croix qu'ils étoient attachés. C'étoit à la puiffance de fa grace & de fa divinité plûtôt qu'à l'infirmité de fa chair qu'ils étoient 2. Cor. 13.4. unis. Car, dit saint Paul,» Quoique JESUS-CHRIST ait été crucifié

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