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crées à leur pointe, produisant des cônes érigés; communément appellé Sapin argenté.

Abies taxi folio, fructu sursum spectante. Tourn. Inst. R. H.

2o. Picea, foliis subulatis mucronatis lævibus bifariam versis ; Sapin de Norvége, ou arbre à poix. Abies tenuiore folio, fructu deorsum inflexo. Tourn. Inst. R. H. La pesce, pece, picea, epicia, ou faux Sapin.

3. Basamea, foliis subtùs argenteis, apice sub emarginatis bifariam versis; Sapin, dit Baumier

de Gilead.

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apportée de l'Amérique Septentrionale, sous le nom de Sapin spruce rouge, de la nouvelle Anl'on gleterre; mais autant que peut en juger sur les jeunes arbres qui croissent à présent dans les jardins anglois, il paroît qu'elle n'est qu'une variété du Sapin noir de la nouvelle Angleterre. On a aussi apporté de la Chine, il y a quelques années un Sapin qui a été déposé dans le jardin de M. MORGAN de Vestmenster, et dont le Docteur PLUKNET fait mention; mais comme il étoit mal situé, et exposé à la fumée de Londres, qu'on sait être très-préjudiciable à toutes les especes d'arbres verds, il y faisoit peu de progrès; j'ignore s'il a péri dans ce jardin, ou si on l'a transporté dans un autre; mais on a bâti dans ce lieu depuis quelques années (1).

Alba, Picea. Les premiere et seconde especes de Sapin sont fort communes dans les jardins et plantations d'arbres verds.

La premiere se trouve en trèsgrande abondance aux environs de Strasbourg et dans d'autres parties de l'Allemagne, d'où l'on apporte

(1) On trouve dans l'Ouvrage de M. Frosrer, qui a accompagné le Capitaine Coock dans fon voyage au pôle Austral, la description de différentes efpeces de Sapins, tant des îles de la mer du Sud, que de la nouvelle Zélande.

en Angleterre la térébenthine qui en découle ; mais on ignore s'ils sont un produit naturel du sol qu'ils couvrent, ou s'ils y ont été transportés d'ailleurs: quoi qu'il en soit, les plus beaux de ces arbres croissent à présent sur le Mont Olympe, d'où j'ai reçu des cônes qui avoient plus d'un pied de longueur. TOURNEFORT, dans la relation de son voyage, fait mention des Sapins du Mont Olympe, comme étant les plus beaux arbres du Levant.

La seconde espece, fort commune dans les forêts de la Norvege, croît dans des vallées, dont le sol est très-profond, et fournit le bois de charpente, connu vulgairement sous le nom de Sapin: il y a dans cette espece deux variétés qui different beaucoup par la longueur et la couleur de leurs feuilles, ainsi que par leur hauteur et la forme de leurs cônes ; l'une a été distinguée par les Jardiniers de pépiniere sous le titre de longs cônes de Sapin de Carnwel ou de Cornouaille, Province d'Angleterre ; les feuilles de cè dernier sont plus blanches et beaucoup plus longues que celles des autres, les cônes en sont aussi d'une plus grande longueur que ceux de l'espece commune, ce qui, ce qui, joint à leur apparence, fait regarder ces arbres comme des especes distinctes; mais comme ces deux dernieres proviennent des mêmes semences, exactement recueillies sur

les mêmes arbres, elles ne sont que des variétés.

On tire la poix de cet arbre, c'est pour cela qu'on le nomme Picea ou arbre à poix.

Balsamea. La troisieme espece, qu'on ne connoissoit guere autre fois que dans les jardins de l'Evêque de Londres, à Fulham, est devenue depuis quelque tems beaucoup plus commune, au moyen des semences qui ont été apportées d'Amérique. Cet arbre fait très-peu de progrès, même après huit ou dix années d'accroissement; le seul endroit dans lequel il ait eu un peu d'apparence, est l'Abbaye de Woburn, maison de campagne du DUC DE BEDFORT, Province de Bedfort.

Canadensis. La quatrieme s'est fort multipliée en Angleterre, au moyen des semences apportées de l'Amérique Septentrionale, où elle est connue sous le nom de Sapin spruce blanc; elle croît dans sa patrie, sur les montagnes, et les terreins très-élevés, où elle parvient à une plus grande hauteur que la plupart des autres especes. Ces arbres, qui sont dans les jardins du DUC D'ARGILE, à Whitton, près de Hounslow, sont les plus beaux que j'aye vus; mais il doit y en avoir de plus vieux encore dans la Province de Devon, s'ils n'y ont point été détruits; car, en l'année 1724, un Gentilhomme de ce pays, qui en

possédoit alors plusieurs d'une grandeur considérable, m'en envoya quelques branches chargées de cônes.

Mariana. La cinquieme espece est le produit des terres humides de plusieurs parties de l'Amérique Septentrionale; mais elle s'éleve rarement à la hauteur de la quatrieme; cependant les habitans de l'Amérique se servent indifféremment des branches de ces deux especes pour faire de la bierre spruce ou fine, d'où vient le nom de spruce, qu'on a donné à ces arbres.

Il sort de ces deux especes de Sapin unetérébenthine fine et claire, qui répand une odeur forte, et dont les Indiens se servent pour guérir les nouvelles blessures, ainsi que différentes maladies intérieures: depuis quelques années les Medecins anglois de l'Amérique Septentrionale l'ont aussi adoptée dans leur pratique.

Americana. La sixieme espece doit aussi son origine à l'Amérique, d'où ses semences ont été apportées en Europe: ces arbres ne profitent pas mieux en Angleterre que dans plusieurs cantons de l'Amérique: on m'a néanmoins assuré que dans certaines parties de la Grande Bretagne, où ils avoient trouvé un sol convenable, ils étoient parvenus à une très-grande hauteur. Ces arbres viennent naturellement dans plusieurs endroits de l'Amérique Septentrionale.

Culture. On éleve tous ces arbres au moyen des semences détachées de leurs cônes; la maniere de les en tirer, est d'exposer les cônes à un feu léger qui fera ouvrir les cellules écailleuses, et laissera sortir aisément les semences; mais il faut éviter de leur faire éprouver un trop fort degré de chaleur. Les cônes de tous les Sapins s'ouvrent beaucoup plus aisément que ceux des pins, sur-tout ceux des Sapins d'argent et Beaumier de Gilead, qui tombent en piece et écartent leurs semences, si on les laisse tard sur les arbres pendant l'automne : on ne doit les faire ouvrir que lorsqu'il est tems de les semer, c'est-à-dire, vers la fin du mois de Mars..

Ces plantes doivent être toutes élevées en planche, où elles puissent être à l'abri des oiseaux, qui les détruiroient dans le tems qu'elles commencent à croître ; car comme elles poussent leur enveloppe au sommet, les oiseaux, en piquant ces enveloppes, en brisent le germe, et anéantissent en peu d'heures la planche entiere, si elle n'est préservée de leur voracité.

Le meilleur tems pour semer ces arbres, est vers la fin de Mars ou au commencement d'Avril, suivant que la saison est plus ou moins avancée; on en répand la semence sur une planche de terre légere, qu'on recouvre après, d'un demi

pouce environ de la même terre, et l'on étend par-dessus un filet pour en éloigner les oiseaux (cette méthode est la plus sûre pour les empêcher de détruire les jeunes plantes, lorsqu'elles sortent de terre). Il faut aussi dans ce moment les abriter du soleil au milieu du jour, avec des nattes; sans quoi elles périroient facilement et seroient promptement desséchées. On laisse les plantes dans cette planche jusqu'au printems suivant; alors après avoir préparé un nouveau terrein pour les recevoir, on les enleve soigneusement avec une truelle, afin de ne pas détruire les tendres fibres de leurs racines, et on les transplante au commencement d'Avril, à six pouces de distance de rang en rang, sur trois pouces dans les rangs; de maniere qu'elles forment un quinconce. On observera en faisant cette opération de ne pas laisser trop long-tems les jeunes plantes hors de terre, et de les couvrir soigneusement pour les garantir des impressions de l'air extérieur qui flétriroit leurs racines. En les plantant, on serre la terre sur les racines; et si la saison est seche, il sera prudent de les arroser deux ou trois fois par semaine. On couvre aussi les planches, de nattes, pour les abriter du soleil et du hâle, jusqu'à ce qu'elles ayent formé des nouvelles racines; après quoi elles n'exigeront plus d'autre

précaution, que d'être tenues nettes de mauvaises herbes.

Mais au bout de ce tems, il faut songer à les transplanter, sans quoi leurs racines se mêleroient et se confondroient les unes avec les autres, Pour cet effet on choisit une piece de terre découverte, bien labourée, nivelée et nettoyée: on enleve les jeunes plantes avec précaution, en observant sur tout de n'en pas trop prendre à la fois, et de ne les tenir exposées à l'air que le moins de tems possible, afin d'éviter que les vents secs qui regnent ordinairement dans cettę saison n'endommagent leurs racines.

L'intervalle que l'on doit observer en plantant les jeunes arbres dans la pépiniere, est de quatre pieds dans les rangs on pensera peut-être que cette distance est trop considérable; mais si on fait attention que les racines s'étendent considérablement dans la terre, et qu'étant plantées plus près, il seroit fort difficile de les enlever une seconde fois sans couper ni déchirer ces racines, on conviendra que la crainte de perdre un petit espace, ne peut balancer les avantages qui résulteront de cette méthode. Le terrein destiné à recevoir ces plantes, étant préparé de la maniere ci-dessus indiquée, on trace une ligne droite au moyen du cordeau; et après avoir creusé une rigole d'un pied de largeur

on les y place à deux pieds de distance l'une de l'autre. On remplit ensuite les rigoles, en recouvrant les racines avec une terre très-fine qu'on y insinue avec soin. Cette opération étant faite, on presse légérement la terre avec les pieds, sans la trop fouler, sur-tout si elle est forte, et disposée à se serrer. Lorsque ces arbres sont ainsi plantés, il faut les arroser pour unir la terre aux racines; si la saison est seche, on répete cet arrosement trois ou quatre fois, pour les aider à en former des nouvelles, et les préserver du hále. Les plantes peuvent rester deux ou trois ans dans cette pépiniere, suivant le progrès qu'elles y auront fait; pendant ce tems on les nettoye de toutes mauvaises herbes, et chaque année on laboure entre les rangs, sans couper ni endommager les racines. C'est-là toute la culture qu'elles exigent, tant qu'elles sont dans la pépiniere. Lorsqu'on veut les transplanter où elles doivent rester, on a soin, en les enlevant, de ne pas déchirer ni couper leurs racines, et de ne pas les laisser trop longtems hors de terre: lorsqu'elles sont à l'air, on met leurs racines à l'abri des vents desséchans: le tems le plus sûr, pour enlever ces arbres, est vers le commencement d'Avril, quoique souvent on puisse le faire avec succès à la S. MICHEL; cependant le printems est la saison

la plus favorable, sur-tout dans la terre humide.

Presque toutes les especes de Sapin peuvent être enlevées à six ou sept pieds de hauteur ; néanmoins ceux de deux pieds sont préférables; car, en peu de tems, ils égalerònt les plus grands arbres; ainsi je ne conseille pas de les transplanter quand ils ont plus de deux pieds de hauteur; sur-tout s'ils sont restés dans une pépiniere sans avoir été changés; car alors leurs racines se seroient étendues à une distance qui obligeroit à les couper en les tirant de terre; et il est d'observation, que si on retranche beaucoup de leurs racines ou de leurs branches, la quantité de térébenthine qui découle ordinairement de leurs blessures, les affoiblit considérablement : il y a aussi un autre avantage à les planter petits, c'est qu'ils n'exigent pas de fourches pour les garantir des atteintes des vents, ce qui évite beaucoup de peine et de dépense; et si on fait encore attention que le progrès d'un arbre de deux pieds excede le crû de ceux d'une plus grande hauteur, on sera convaincu de la vérité de ce que j'avance ici.

Le Sapin spruce commun, qui fournit le bois de sapin blanc croît dans les sols profonds et forts de la Norwege et du Danemarck, mais il réussiroit de même dans

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