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la même quantité de grains répandue sur des champs d'une égale fécondité, et à laquelle on donne assez de distance et de place pour croître, rendra au moins six ou sept boisseaux : j'ai vu un champ médiocre et qui n'avoit pas été cultivé plus de vingt ans, dans lequel on n'avoit semé que trois galons (1) de bled par âcre (2) (ce qui n'est qu'une huitieme partie de ce que les Fermiers sement ordinairement), et dont chaque âcre a produit neuf quarters (3) ( plus de deux tiers au-delà de ce que les Fermiers tirent de leurs terres): par-là, il est évident que, selon la pratique ordinaire, le Laboureur emploie au moins cent fois plus de semences qu'il n'en faut, qu'elle lui occasionne une dépense considérable et inutile; tandis qu'au moyen de la nouvelle méthode, si elle étoit adoptée dans un pays entier, on épargneroit une immense quantité de grains, et on obvieroit par-là aux inconvéniens que produit la cherté du bled dans les années stériles. On a traité ces matieres sous les articles AVENA, HORDEUM, SECALE et TRITICUM.

La plupart des Fermiers ne conduisent pas mieux

(1) Un galon est une mesure Angloise, contenant environ quatre pintes de Paris.

(2) Un âcre d'Angleterre contient ordinairement cent soixante perches quarrées.

(3) Un quarter contient huit boisscaux de froment.

leurs

leurs prairies que leurs terres labourables, ils se donnent rarement la peine de détruire les mauvaises herbes qui s'y trouvent; ils laissent ces plantes nuisibles répandre leurs semences pendant sept années et plus, avant de prendre la peine de les faire arracher; ce qui alors leur occasionne beaucoup d'ouvrage : il y en a cependant de plus soigneux à cet égard; mais ils laissent tous dans leurs terres principales, sur les bords, dans les haies et aux côtés des fossés, un nombre considérable de mauvaises herbes, qui, en repandant leurs semences, remplissent encore leurs champs et leurs prairies: en outre, ils allouent rarement une quantité suffisante de fumier ou de marne, pour répandre sur leurs prairies, surtout quand ils ont beaucoup de terres labourables; et s'ils y en mettent, c'est presque toujours dans une mauvaise saison: car l'usage ordinaire est de porter et de répandre les engrais sur les prairies aussi-tôt qu'elles ont été récoltées; mais comme ce travail se fait pendant l'été, la chaleur du soleil les dessèche, en tire l'humidité et détruit la plus grande partie de leur efficacité. Ces matieres étant plus amplement traitées dans le corps de cet Ouvrage, y renvoie le Lecteur.

on

Ceux qui pourroient penser que l'Auteur s'est trop étendu sur ce qui concerne le bois de charpente, changeront de sentiment, s'ils veulent se donner la

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C

peine de considérer combien cet article est essentiel pour la conservation de ce pays, surtout s'ils réfléchissent à la grande dissipation qui s'en fait depuis plusieurs années : les personnes employées par le Gouvernement pour veiller à la culture et à l'amélioration, tirent profit de la dissipation du bois de charpente: ils imaginent que, leurs prédécesseurs ayant agi ainsi, ils ont le même droit qu'eux; et cet abus est à présent porté à une si grande extravagance, qu'à moins qu'on n'y mette ordre très-promptement, le Gouvernement en ressentira un grand dommage pour sa marine. Cette pratique qui a commencé dans les Forêts Royales, a été suivie par tous les Gentils-Hommes, qui, ayant sur leurs terres une grande quantité de bois de charpente, en détruisent une partie considérable: ainsi, par égard pour le bien public, l'Auteur s'est cru dans l'obligation de donner la méthode qui lui a paru la meilleure pour multiplier et conserver les bois de charpente, et il ôse espérer que cet article ne sera pas désagréable à la plus grande partie de ses Lecteurs.

On a lieu de croire que les différentes plantes dont on propose d'essayer la culture dans les dominations Britanniques en Amérique, y réussiroient réellement, si on se donnoit la peine de faire les expériences convenables, en ne s'attachant qu'à celles qui peuvent être vraiment utiles, et procurer un avantage réel aux

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Habitans. On peut aussi espérer que certaines plantes, telles que le Safran, l'Indigo, etc. ainsi que plusieurs drogues médicinales, dont on fait une si grande consommation, tant pour les Manufactures qu'on ne pourroit entretenir ni même conserver sans elles, que pour les usages de la Pharmacie; on peut espérer, dis-je, que ces différentes plantes qui ne peuvent réussir jusqu'à un certain point en Angleterre, prospéreroient dans ce nouveau climat aussi bien que dans leur sol originaire, et que leur grande multiplication ne seroit jamais dans le cas de nuire au commerce eu égard à la prodigieuse consommation qui s'en fait: on peut en dire autant du Café et du Cacao, sur lesquels on ne peut trop recommander de faire dans nos Isles des expériences nouvelles. Les premieres productions dont il vient d'être parlé, sont recueillies avant leur maturité, mal séchées et envoyées en Angleterre sur des vaisseaux chargés de rum et de sucre, et communiquent leur odeur au café, qui perd par-là beaucoup de sa qualité et de son prix : les dernieres ont été autrefois cultivées par les Espagnols dans l'Isle de la Jamaïque, lorsqu'ils en étoient possesseurs ; ils en récoltoient assez pour la consommation des Habitans: mais à présent les Anglois qui y résident, les achetent des Espagnols. Ainsi ces articles demandent l'attention du Public; car, si ces marchandises peuvent être cultivées

avec succès dans nos Colonies Britanniques en Amérique, non-seulement nous en tirerons notre consommation, mais nous ferons aussi changer la balance du commerce fort à l'avantage de la Grande-Bretagne et de ses Colonies.

On peut aussi reprocher aux Habitans des Isles de l'Amérique, où on cultive le sucre, de confier le soin de leurs plantations à des Inspecteurs, qui, ne connoissant qu'une ancienne et pernicieuse routine, plantent constamment huit ou dix cannes sur chaque butte; de sorte que si cinq ou six d'entr'elles viennent à réussir, elles sont si serrées qu'elles se nuisent réciproquement; leur accroîssement ne peut se faire avec facilité, et elles sont bientôt attaquées de la vermine qui s'étend et se multiplie avec une telle promptitude, qu'elle endommage considérablement toutes les cannes, et souvent détruit la récolte entiere: alors on attribue cet accident à la rigueur de la saison et à la nielle, tandis qu'il n'est occasionné que par une pratique intéressée et mal-entendue. Un Savant GentilHomme, possesseur d'un terrein considérable dans la Jamaïque, qui lui avoit été légué à son arrivée, se détermina à faire une essai de la culture de charrue dans les rangs de cannes : pour y parvenir, il prépara un âcre de terre au milieu d'un grand espace, et y fit planter des cannes à cinq pieds de distance l'une de

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