Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

EN suppliant MONSIEUR d'agréer l'hommage

de ma Traduction du Dictionnaire des Jardiniers, et des Observations que j'y ai jointes, je ne pouvois pas me dissimuler que le bonheur d'avoir le plus Auguste

ij

Protecteur, seroit balancé par la certitude de trouver

en lui l'appréciateur le plus éclairé, puisque MONSEIGNEUR se plaît à faire pratiquer dans ses magnifiques serres de Brunoi, ce que Philippe Miller enseigne dans ce Dictionnaire.

Si cette réflexion ne m'a point arrêté, ce n'est pas présomption de ma part; je compte moins sur mes foibles talens que sur les bontés de MONSEIGNEUr. Le sacrifice de mon amour-propre lui prouvera qu'on ne résiste pas au desir de faire eclater l'admiration qu'excitent les lumieres et les vertus dont MONSEIGNEUR offre le rare assemblage et le parfait modele. Je suis avec un profond respect,

DE MONSEIGneur,

Le très-humble et très-obéissant serviteur, DE CHAZELLES, Président à Mortier du Parlement de Metz.

DISCOURS PRELIMINAIRE

N

DU RÉDACTEU R.

On ne s'est peut-être jamais autant occupé de l'Agriculture qu'on le fait aujourd'hui : cet Art, le premier de tous, et le plus utile, sans doute, ex devenu le goût dominant de la plupart des Nations de l'Europe. Le commerce ayant renversé les barrieres que l'ignorance et la barbarie avoient élevées entre les peuples, il s'est fait entr'eux un échange continuel des productions des divers climats : l'activité Européenne s'est approprié toutes celles qui pouvoient convenir à ses froides Contrées; la constance, l'activité, aidées des lumieres d'une profonde théorie, sont parvenues à naturaliser dans un sol étranger, celles même, qui, nées dans des régions plus favorisées par le soleil, sembloient d'abord repousser tous les secours de l'Art, et se refuser à la culture.

Ce n'est point cependant au commerce seul qu'on doit attribuer ce goût général pour l'Agriculture; c'est aux progrès des connoissances, c'est à l'esprit philosophique, qui fait la gloire de ce siecle, que nous

avons cette obligation: la vraie Philosophie n'étant autre que la connoissance de la vérité et de nos vrais intérêts, elle doit, autant qu'il est possible, dépouiller T'homme de ses préjugés, lui faire mépriser ces vains plaisirs, qui n'ont point leur source dans le cœur, et le ramener à ces goûts simples, à ces occupations paisibles, qui faisoient les délices des premiers âges, et perpétuoient les bonnes mœurs. On doit néanmoins faire une très-grande différence entre l'homme éclairé et doué d'un esprit juste, qui, après avoir parcouru d'un pas rapide le cercle des plaisirs factices de la Société, est revenu par dégrés à la contemplation de la Nature, aux jouïssances qu'elle nous offre; et celui qui, à peine sorti du limon dont il venoit d'être formé, ne dirigea ses opérations que d'après un instinct purement animal, et ne se livra au travail que pour satisfaire ses premiers besoins : celui-ci ne sait que sentir, et agir pour sentir encore; l'autre, au contraire ajoûte aux impressions des sens les ressources de son esprit; son âme, exercée par l'habitude de penser, est ouverte à toutes les modifications délicates du sentiment; tous les phénomenes de la végétation deviennent pour lui intéressans; il suit la marche de la Nature

dans ses moindres procédés; applique ses observations à la théorie générale de l'Agriculture; compare ensemble les différens faits, pour en tirer des conséquences générales; remonte des effets aux causes, et parvient, par l'activité de son génie, à ces connoissances sublimes qui élevent l'homme au-dessus de lui-même, en lui découvrant l'ensemble du vaste systême de l'Univers. Tel est le Philosophe, tel est l'Homme par excellence : la Nature reconnoissante envers lui, le fera parvenir au plus haut dégré de bonheur où il puisse atteindre; il aura des mœurs pures, il possèdera toutes les vertus sociales, et ne laissera après lui que des regrets.

O vous riches Habitans des Cités, que l'ennui poursuit au sein du luxe et de la mollesse! voulezvous goûter encore de nouvelles jouïssances, un bonheur durable? quittez vos lambris dorés, abandonnez les vaines intrigues de l'ambition; venez dans nos campagnes, vous y respirerez un air pur; et si vos cœurs peuvent encore s'ouvrir à des plaisirs simples, vous y trouverez la véritable félicité.

Quoique le goût de l'Agriculture ait été porté avec une rapidité étonnante, d'une extrémité de

« AnteriorContinuar »