D. CHAPITRE II. Du Genre, du Nombre, & du Cas.. U'EST-IL nécessaire de favoir, avant que d'entrer dans le détail des parties du difcours ? Q R. Il faut favoir en général ce que c'eft que Genre, Nombre, & Cas; parce que ces. trois chofes conviennent aux Noms, aux Articles, aux Pronoms, & aux Participes. D. Qu'est-ce qu'un Genre? R. Ceft dans l'origine une maniere de diftinguer par l'expreffion, le fexe de l'homme & celui de la femme, & en général tout ce qui eft mâle ou femelle. D. Combien y a-t-il de genres? R. Deux, le mafculin, qui défigne le mâle; & le féminin, qui défigne la femelle. D. De quoi fe fert on pour les diftinguer? R. On fe fert de le ou un, pour diftinguer le mafculin,& de la ou une, pour distinguer le féminin. Ainfi le pere,un pere, eft masculin,, & la mere, une mere, eft féminin. D. N'y a-t-il que les mots qui expriment ce. qui eft véritablement måle ou femelle, qui foient: mafculins ou féminins? R. Il y a encore quantité d'autres mots avant lefquels ont peut mettre le, un, ou la, une, & que l'on appelle pour cela mafculins ou féminins, quoiqu'ils ne fignifient rien qui à l'un ou à l'autre fexe. ait rapport D. Donnez-en des exemples. R. Ce que fignifient les mots livre & table, ne peut être d'aucun des deux fexes; cependant parce qu'on dit le livre, comme on dic le pere; & la table, comme on dit la mere on a fait livre du mafculin, & table du féminin: & ainfi de plufieurs autres mots qui font de l'un ou de l'autre genre. D. Qu'est-ce qu'un Nombre?" R. C'est une maniere d'exprimer l'unité, ou la pluralité dans les chofes : c'eft-à-dire, quand on parle d'une feule ou de plufieurs chofes. D. Combien y a-t-il de nombres ? R. Il y en a deux ; favoir,lefingulier,quand! on ne parle que d'une feule chofe ; & le plu riel quand on parle de plufieurs. D. Apportez en quelques exemples. R. Un homme eft au fingulier; des hommes font au pluriel. Le livre eft au fingulier; les livres font au pluriel. La table eft au fingu-fier; les tables font au pluriel.. D. Qu'est-ce que le Cas? R. C'eft une maniere d'exprimer les divers rapports que les chofes ont les unes aux autres. Cette définition & la nature des cas feront: expliquées plus au long au Chapitre XII. D. Combien y a-t-il de cas? R. Six; Le Nominatif, le Génitif, le Da- D. Q CHAPITRE III. DU NOM. U'EST-CE qu'un Nom? R. C'est un mot qui fert à exprimer le fujet dont on parle, ou l'objet d'une idée. D. Qu'entendez-vous par objet ? R. Par le mot objet j'entends tout ce qui peut exciter ou occafionner les opérations de notre ame, & tout ce qui peut faire impreffion fur nos fens. D. Faites-moi encore mieux comprendre cette réponse par des exemples. R. Connoître, aimer, hair, &c. font des opérations de notre ame: & les chofes à quoi peuvent fe terminer ces opérations,en font les objets. Ainfi quand nous connoiffons la vérité, la vérité est l'objet de notre connoiffance: quand nous aimons la vertu, la vertu est l'ob jet de notre amour: & quand nous haïflons. le vice, le vice eft l'objet de notre haine. Nos fens font, la vue, l'ouie, le goût, l'odorat, & le toucher: & les chofes qui peuvent agir fur quelqu'un de ces fens, en font les ob jets. Ainfi la lumiere & les couleurs font les objets de la vue. Les fons font les objetsde l'ouie. Tout ce qui fe boit & fe mange eft Pobjet du goût. Les fleurs, aromates, parfums, & autres odeurs, font les objets de l'odorat. Les chofes molles, dures, & liquides font les objets du toucher. D. Qu'avez-vous donc entendu, en difant que le nom est un mot qui exprime l'objet d'une ée ? 9 K. J'ai entendu que tout ce que notre ame peut concevoir & se représenter par une fimple vue, & fan en porter aucun jugement elt exprimé dans le difcours par un nom. Ain-fi Dieu, ange, homme, cheval, grand, petit, rouge, aimable, &c. font des noms. D. Combien y a-t-il de fortes de noms ? R. Deux; Le nom fubftantif, & le nom ad jectif. D. ARTICLE PREMIER. Q Du Nom fubftantif. U'EST-CE qu'un nom substantif? R. C'est un nom qui exprime un ob jet déterminé, confidéré fimplement en luimême,& fans aucune attention à fes qualités:: comme quand je conçois un livre fans faire attention à fes qualités, c'est-à dire, s'il eft grand ou petit, bon ou mauvais, &c. D. Donnez-moi une definition plus ordinai. re du nom fubftantif. R. C'eft un nom qui fignifiant une chofe fubfiftante par elle-même, n'a pas besoin d'être joint à un autre nom, pour être entendu. D. Expliquez-moi cette définition par quel ques exemples. R. Les mots ciel, terre, arbre, font des noms qui fignifient des chofes fubfiftantes par elles mêmes,& qui font connoître clairement les objets de mes idées, quand je les pronon ce, fans qu'il foit néceffaire d'y joindre d'au tres noms. D. Combien y a-t-il de fortes de noms fub ftantifs ? R. On en diftingue ordinairement de trois fortes; favoir, les Noms généraux, que l'on appelle encore communs ou appellatifs, les Noms collectifs, & les. Noms propres.. D. Qu'est-ce que les Noms généraux, communs, ou appellatifs? R. Ce font ceux qui expriment des idées générales & communes, c'eft-à-dire, des idées qui peuvent convenir à plufieurs chofes femblables, comme les noms d'ange, d'homme, de cheval, &c. qui conviennent à tous les anges, à tous les hommes, & à tous les chevaux en général. D. Qu'est ce que les noms collectifs? R. Ce font ceux qui, quoiqu'au fingulier, portent néceffairement à l'efprit l'idée de plu feurs chofes, ou de plufieurs perfonnes de même espece, comme réunies ensemble. |