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R. On l'appelle monofyllabe. Ainfi Je crains Dieu font trois monofyllabes.

D. De quoi fe fert-on pour représenter aux yeux les Jons des mots ou des fyllabes?

R. On fe fert de lettres. Ainfi les fyllabes écrites font compofées de lettres, comme les mots font compofés de fyllabes. Le mot vérité eft composé de trois fyllabes, & chaque fyllabe eft compofée de deux lettres.

D. Qu'est-ce donc que les lettres?

R. Ce font des caracteres inventés pour exprimer par écrit les différents fons & les différentes articulations de la voix.

D. Combien y a-t-il de fortes de lettres? R. Il y en a de deux fortes; favoir, les Voyelles & les Confonnes.

D.
R.

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ARTICLE II.
Des Voyelles.

U'ENTENDEZ-VOus par Voyelles? l'entends des lettres employées pour exprimer un fon fimple qui fe forme par la feule ouverture de la bouche, & fe diverfifie par les différentes difpofitions du paffage de la voix.

D. Combien y a-t-il

elles? R. On en compte communément cinq;a; e, i, o, u.

D. Qu'est-ce que le fon marqué parles voyelles a de particulier?

R. C'eft qu'il eft permanent, c'est-à-dire, qu'on peut le faire durer, fans faire aucun mouvement nouveau de la bouche, pendant tout le tems que l'on peut pouffer le fouille qui fort des poumons : ce qu'il eft aifé de reconnoître par l'expérience.

Il faut excepter l'e muet dont on ne peut faire durer le fon, fans le transformer en celui de la voyelle eu.

D. N'y a-t-il pas un plus grand nombre de voyelles que les cinq que vous venez de nommer? R. Oui: parce qu'il y a plus de cinq fortes de fons fimples & permanents: mais faute de caracteres particuliers pour les exprimer, on l'a fait, ou en donnant plufieurs fons différents à un même caractere, ou en joignant d'autres lettres aux cinq voyelles ordinaires..

D. Faites-moi donc connoître toutes les voyelles qui font en ufage dans notre langue. R. Pour le faire avec quelque ordre, j'en diftinguerai de trois fortes: Les Voyelles fimples, les Voyelles compofées, & les Voyelles nafales.

I.

D. Queft-ce que les voyelles fimples? R. Ce font celles qui s'écrivent par une feule lettre, comme a, e, i, o, u. D. N'y en a-t-il pas quelques autres ? R. On en trouve trois dans la feule voyelle , parce qu'elle peut fe prononcer de trois

façons différentes : ce qui fait que l'on diftingue trois fortes d'e; favoir, le muet, l'é fermé, & l'e ouvert.

D. Queft-ce que l'e muet?

R. Ceft un è qui n'a qu'un fon fourd & obfcur, & qui fe prononce comme à la fin de ces mots, monde, livre, homme, &c. On l'appelle encore l'e féminin.

D. Queft-ce que l'é fermé ?

R. C'eft un é fur lequel on met toujours l'accent aigu ('), & qui fe prononce comme à la fin de ces mots, café, bonté, charité, &c. On l'appelle encore l'e mafculin.

D. Qu'est-ce que l'e ouvert ?

R. C'eft un e qui se prononce par une ouverture de bouche plus ou moins grande. Ainfi il y en a de deux fortes; l'e un peu ouvert, & l'e fort ouvert.

D. Qu'est-ce que l'e un peu ouvert ?

R. C'eft une qui ne demande qu'une ouverture de bouche un peu plus grande que celle qu'il faut pour la prononciation de l'é fermé, comme au milieu des mots, mifere mufette, fidele, trifteffe, &c.

D. Queft-ce que le fort ouvert?

R. Ceftun e qui fe prononce avec une ouverture de bouche plus confidérable, comme dans ces mots, guerre, ferme, conquête, fuprême, fuccès, &c.

II.

D. Qu'est-ce que les voyelles compofées ?

R. Ce font deux, ou quelquefois trois des voyelles a, e, i, o, u, lefquelles jointes enfemble expriment un fon fimple & permanent, & qui par conféquent ne doivent être regardées que comme une feule voyelle. D. Ces voyelles compoftes expriment-elles des fons particuliers?

Ř. Non: à la réferve de deux, il n'y en a pas qui n'exprime un fon femblable à celui de quelqu'une des cinq voyelles, a, e, i, o, u. Celles qui expriment un fon femblable à celui de quelques-unes des cinq voyelles, a, e, i, o, u, font,

EA, qui a le fon de l'a dans quelques mots :: il mangea, nous fongeâmes, &c.com、 me s'il y avoit, il manja, nous fonjâ

mes.

A1, qui a le fon de l'e muet dans les mots
faifant, je faifois, que l'on peut écrire,
fefant, je fefois.

AI, qui a le fon de l'é fermé dans les mots.
j'ai, je chantai, je lirai, &c. comme
s'il y avoit, j'é, je chanté, je liré.
AI, EI, & oi, qui ont le fon de l'e ouvert
dans les mots, maifon, Seigneur, foi-
ble, &c. comme s'il y avoit, mèfon,
Sègneur, feble.

ur, qui a le fon de l'i dans les mots vuide

& vuider, comme s'il y avoit, vide & vider.

AU, EAU, EO, qui ont le fon de l'o dans

les mots, auteur, tableau, geolier, &C. comme s'il y avoit, oteur, tablo, jolier. EU, qui a le fon de l'u dans les mots j'ai eu, piqueure, gageure, c. comme s'il y avoit, j'ai u, piquure, gajure.

OE, qui a le fon de l'é fermé dans oecumé–

nique.

Les deux voyelles compofées qui expriment des fons particuliers & différents de ceux des cinq voyelles a, e, i, o, u, font,

EU, ou eu, dont le fon differe de celui de
l'e muet, en ce qu'il eft plus marqué
& peut fe continuer, comme dans les
mots, feu, neveu, œuvre, nœud, vœu,
cœur, &c.

ou, qui fe prononce comme dans les mots,
fou, couroucé, genou,
&c.

AOU, qui fe prononce comme ou dans le
mot août.

III.

D. Qu'est-ce que les voyelles nafales? R. Ce font les voyelles fimples ou compofées, lefquelles jointes à la lettre noum, expriment un fon fimple & permanent d'une efpece particuliere.

D. Pourquoi les appelle-t-on nafales? R. Parce que le fon qu'elles expriment fe prononce un peu du nez.

D. Quelles font ces voyelles nafales?
R. Ce font AN, EAN, AM, AEN, AON
EN, EM.

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