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qui y répondent, ou fe difent également des perfonnes & des chofes, ou ne fe difent que des chofes.

D. Pour me rendre cette réponse plus claire, & avant que d'en faire l'application à des exemples, dites-moi quels font parmi les pronoms perfonnels & conjonctifs, ceux qui fe mettent pour les perfonnes, & ceux qui fe mettent pour les chofes,

R. 1. Parmi les pronoms perfonnels, je, moi, & nous; tu, toi, & vous, fe rapportent toujours à des perfonnes, ou, ce qui eft égal, à des chofes perfonifiées.

Il, ils, elle, elles, au nominatif, fe difent Indifféremment des perfonnès & des choles. Ainfi quand on dit, il eft beau, elle eft charmante, on peut parler d'un homme & d'une femme, ou de toute autre chofe, comme d'un château, d'une maifon, &c.

Lui, eux, tant au nominatif qu'aux autres cas, & les cas d'elle & elles, hors le nomina tif, ne fe rapportent ordinairement qu'aux perfonnes. Ainfi en difant, je dépends de lui, je m'en rapporterai à eux, je penfois à elle, je réponds d'elles,je parle d'hommes & de femmes. 2. Parmi les pronoms conjonctifs, me nous, te, vous, ne doivent fe rapporter qu'aux perfonnes.

Quoique lui & leur ne fe difent proprement que des perfonnes, il y a cependant des occafions où l'ufage les admet avec rapport aux choses.

Le, la, les, fe, & en, fe difent également des perfonnes & des chofes.

Y, , ne fe dit ordinairement que des choses. On peut recourir aux exemples que nous avons rapportés plus haut pour chacun de ces pronoms conjonctifs.

D. Que s'enfuit-il de cette variété dans l'ufage des pronoms perfonnels & conjonctifs?

R. Il s'enfuit que les pronoms conjonctifs ne peuvent pas toujours le rendre par les pronoms perfonnels; parce que fi un pronom conjonctif a rapport à une chofe, le pronom perfonnel qui y répond, & que l'on voudroit y fubftituer, ne poura fe dire que des perfonnes. Par exemple, en parlant d'un livre, on ne peut pas dire, je connois lui, au lieu de je le connois; parce que lui ne s'emploie que pour les perfonnes,& que livre eft une chose. Il faudroit dire, je connois ce livre.

Par la même raifon, on ne peut pas toujours fe fervir des pronoms perfonnels, lorfqu'on ne veut pas répéter les noms des chofes, & il eft fouvent néceffaire d'avoir recours aux pronoms conjonctifs. Ainfi on ne peut pas dire, en parlant d'un cheval, je me fers DE LUI, mais, je m'EN fers; ni en parlant d'une montre, j'ai recours à ELLE pour favoir l'heure, mais j'y ai recours, &c.

D. Quel fruit doit-on tirer des principes que Vous venez d'établir fur les pronoms perfonnels & conjonctifs?

R. C'eft de n'en pas confondre les ufages en parlant ou en écrivant, & de ne pas faire rapporter aux perfonnes, les pronoms qui ne doivent fe dire que des chofes; ni aux chofes, ceux qui ne doivent fe dire que des perfonnes. On ne fe trompe pas ordinairement pour les pronoms de la premiere & de la feconde perfonne. Ceux de la troifieme demandent plus d'attention, parce qu'il y a bien des occafions où l'ufage s'écarte des regles générales.

Sans entrer dans le détail des exceptions, j'obferverai feulement en général que quand on fait rapporter aux noms de chofes, les pronoms que nous avons dit ne convenir qu'aux perfonnes, il s'agit prefque toujours de chofes que l'on anime & que l'on perfonifie en quelque forte, en leur attribuant ce qu'il eft plus ordinaire d'attribuer aux perfonnes.

Par exemple dans cette phrafe, Quand la vérité fe montre dans tout fon eclat, il faut LUI rendre les armes, & il n'eft pas de cœur qui puiffe tenir contre ELLE; on emploie les pronoms lui & elle, parce que la vérité y eft représentée comme une perfonne charmante qui n'a qu'à fe montrer pour fe faire aimer. Et dans cette autre phrafe, les torrents entraînent avec EUX tout ce qu'ils rencontrent: quelques digues qu'on LEUR oppofe, rien n'eft capable de les arrêter, on fe fert des pronoms eux & leur, parce qu'on dit des torrents ce que l'on pouroit dire d'un homme qui em

porteroit

porteroit quelque chofe, & qu'on ne pou

roit arrêter dans fa course.

D. Je vous demanderai, pour finir cet article, fi une femme doit dire, j'ai été malade, & je la fuis encore, ou je le fuis encore.

R. Il faut convenir que bien des femmes difent, je la fuis encore; mais celles qui fe piquent de bien parler, tous les gens de lettres, & la plupart de bons auteurs dilent & écrivent, je le fuis encore. Voilà deux usages prefque également autorifés. Cependant, fans condamner le premier, je me déterminerai d'autant plus volontiers pour le fecond, qu'il me paroît plus conforme aux principes de la langue. J'établirai à ce fujet deux regles que je crois générales, & que j'appuierai de quelques exemples tirés des auteurs les plus modernes, pour confirmer davantage l'ufage que j'adopte.

I. Le pronom conjonctif le eft indéclinable, c'est-à-dire, qu'il est toujours le même pour le mafculin & le féminin, pour le fingulier & le pluriel, toutes les fois qu'il fe rapporte à un ou à plufieurs noms adjectifs de quelque genre & en quelque nombre qu'ils foient comme on le voit dans les exemples fuivants.

Dans la Tragédie d'Electre de M. Crebillon, cette Princeffe dit, acte 1. fc. 5. Moi fon efclave! Helas! d'où vient que je LE fuis? E

où le fe rapporte à l'adjectif esclave qui· elt au féminin.

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M. L. M. D. T. Dame auffi refpectable par fon efprit & fes vertus, que par fon illuftre naiflance, dit dans une de fes lettres Mon filence a pu vous donner lieu de penfer que je n'étois pas auffi fenfible que je LE Juis au fuccès de vos travaux, &c. où l'on voit que le fe rapporte à l'adjectif fenfible.

Le P. Daniel dit dans fon hiftoire de France, en parlant de Catherine de Medicis, Elle étoit jaloufe de fon autorité, & elle LE devoit être où le fe rapporte à l'adjectif jalouse.

On lit dans une Comédie très-connue, Futil jamais une fille plus malheureuse & plus ridiculement traitée que je LE fuis? où LE se rapporte aux adjectifs malheureuse & traitée.

Dans une des letrres de la Marquife de... au Comte de... on lit, l'ous m'avez trouvé aimable, je cesse de vout LE paroître ; & dans une autre, mais exempte de caprices, je ne LE fuis pas de foupçons, où l'on voit que le pronom le de la premiere phrafe fe rapporte à aimable, & que celui de la feconde fe rapporte à exempte de caprices.

De même plufieurs femmes diront inconteftablement, Avons-nous jamais été auffi. tranquilles que nous LE fommes? & non pas, que nous Les fommes, quoique l'adjectif tranquilles auquel le fe rapporte, foit au pluriel.

II. Le pronom conjonctif le eft déclina

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