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fouvent des écoliers de Rhétorique, qui fe trouvent embarraffés, dès qu'on leur fait quelques queftions fur les premiers principes de la Grammaire: & cela fans doute, parce qu'ils n'en ont jamais fait une étude méthodique. Il eft encore plus ordinaire d'en trouver qui n'ont aucune connoiffance des regles de la langue françoife, & qui en écrivant pechent contre l'orthographe dans les points les plus effentiels : en forte que s'il leur arrive quelquefois de parler ou de compofer correctement dans l'une & dans l'autre langue, on peut dire que c'eft fouvent plutôt un effet du hafard & de l'habitude, que de la connoiffance des principes.

C'est donc dans le deffein de prévenir ces inconvénients, que j'ai entrepris cet ouvrage, que l'on ne doit pas mettre au nombre de ces méthodes fyftématiques, & de ces plans finguliers, tels qu'on en voit quelquefois paroître, qui n'aboutiffent pour la plupart qu'à faire connoître à leurs auteurs, que ce qui paroît beau & ailé dans la spéculation, ne l'eft pas toujours dans la pratique. Le raifonnement feul ne fuffit pas pour l'étude d'une langue. Il faut encore que la mémoire fechar ge & fe rempliffe d'un grand nombre de mots & de combinaifons différentes, dont la connoiffance ne s'acquiert que par un exercice continué, & ne peut être du reffort d'aucune méchanique. Je conviens néanmoins qu'on

peut abréger cette étude. Mais j'en fais confifter tout le fecret dans l'arrangement & dans l'explication raisonnée des principes; parcequ'il eft certain que les chofes ne s'appren nent qu'autant qu'on les conçoit avec netteté.

C'eft fur ce feul plan que j'ai travaillé. J'ai mis dans les principes & dans les regles, l'ordre qui m'a paru le plus fimple & le plus naturel. Tous les termes font définis & expliqués. Dans les définitions que j'en ai données, je me fuis attaché à y mettre toute la justesse & toute la précifion qu'il m'a été poffible: & la crainte de donner des notions fauffes ou peu exactes, m'a quelquefois obligé d'avoir recours à des expreffions un peu abstraites & philofophiques. Mais j'ai eu loin de les éclaircir par des explications fimples & familieres, appliquées à des exemples fenfibles & capables de fatisfaire l'efprit. Et comme je me suis propofé de tout expliquer par raifonnement, c'eft pour cela que j'ai choifi le ftyle de Dialogue en demandes & réponses, dont la fimplicité doit faire le caractere, & qui eft plus propre que tout autre à mettre une liaison naturelle entre les principes & les conféquences, les objections & les réponses.

Il y a quelques perfonnes qui ont critiqué cette forme, & entr'autres l'Auteur des Jugements für quelques ouvrages nouveaux, qui en parlant de ma Grammaire à la page 77

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du tome 9,

a dit que cet ouvrage par deman des & par réponses, comme un Catéchisme, fentiroit peut-être un peu moins les petites écoles, & feroit d'ailleurs plus court, fi l'Auteur fe fût contenté d'expofer fes préceptes, fans employer l'infipide interrogation qui n'eft bonne à rien, fa ce n'est peut-être pour la premiere enfance à qui L'on veut faire apprendre des regles par cœur = encore cette forme eft-elle pour cet âge d'un mediocre fecours.

Je n'opposerai à cette critique que l'autorité même de celui qui l'a faite, & celle de l'Auteur d'un autre ouvrage périodique.

L'Auteur des Jugements avoit die aupara vant tome 2 page 97, en parlant de l'Histoire de France, que pour en faciliter l'étude & foulager la mémoire, on l'a réduite plus d'une fois en une espece de dialogue, par la méthode utile des demandes & des réponses: que c'est ainsi que l'histoire de France par le Pere Daniel a été exposée en abrégé, dans un petit ouvrage dédié à M. le Prince de Conti, & impri

mé chez le Gras au Palais..

Il avoit encore dit à la page 47 du tome 6, en parlant du même abrégé dédié à M. le Prince de Conti, que les abrégés de notre hiftoire font fecs, découfus, & n'apprennent que des mots qu'il faut néanmoins en excepter cet a brégé...... Il eft, continue-t-il, par deman des & par réponses, & m'est à moi-même d'un e grande utilité pour trouver fur le champ

Fépoque des faits de notre hiftoire. Je m'en fers prefque tous les jours. Enfuite après avoir obfervé que l'Auteur dont il examine l'ouvrage, fe déclare dans fa Préface contre ces fortes d'abrégés par dialogue, il ajoute que fes raifons font combattues par l'expérience.

On ne peut s'empêcher de reconnoître, à la vue de ces différents paffages, que l'Auteur des Jugements s'eft contredit lui-même en s'élevant contre la forme de mon Ouvrage, & que fes raisons font combattues par fa propre expérience. Si la méthode des deman des & des réponses eft utile pour faciliter l'étude de l'hiftoire & pour foulager la mémoire pourquoi le feroit-elle moins pour faciliter l'étude de la Grammaire ? A-t-on jamais reproché au grand Catéchisme de Montpellier & à quelques autres ouvrages importants qui, quoique par demandes & par réponses, font au-deffus de la portée des enfants, qu'ils fentiffent les petites écoles ? A-t-on trouvé que l'interrogation dans ces livres fût infipide & ne fut bonne à rien?

Il faut donc convenir que la forme des de mendes & des réponfes, quand elle est bien, traitée, eft préférable à toute autre dans un ouvrage élémentaire tel que celui-ci, & qu'elle peut être d'un grand fecours pour faciliter aux perfonnes de tout âge l'étude de la Religion, de l'Hiftoire, & même de toutes fortes de fciences, & pour foulager la

mémoire de ceux qui veulent s'y appliquer. Si cette forme a été à l'Auteur des Jugements lui-même d'une grande utilité, comme il en convient, il est donc vrai qu'elle eft plus propre que toute autre à mettre une liaison naturelle entre les principes & les conféquences, les objections & les réponfes. J'ai peine à croire d'ailleurs que mon Ouvrage eût été plus court, fi j'en euffe retranché les demandes, & que je me fuffe contenté d'expofer les préceptes, parce qu'il auroit fallu néceflairement y fuppléer par des tranfitions & des liaifons, qui auroient été pour le moins auffi longues que les demandes, fans quoi l'ouvrage feroit tombé dans le défaut d'être fec & découfu.

Enfin l'Auteur des Lettres fur quelques écrits de ce tems, tome premier, Lettre 4, page 69, dit, en parlant du même abrégé de l'Hiftoire de France & de l'Hiftoire Romaine, qu'on avoit befoin qu'il parut un abrégé d'Hiftoire dans la forme des demandes & des réponses. Cette méthode, continue-t-il, poura paroître puérile, ¿ plus convenable aux enfants qu'aux jeunes gens qui fortent du college.

pour lesquels principalement cet ouvrage eft deftiné. Cependant elle a fes avantages: elle foulage la mémoire, fixe l'efprit, & Joutient Vattention, parte qu'elle tient un peu de la nature du Dialogue. Nous avons plufieurs ouvra ges eftimés auxquels on a jugé à propos de don

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