Quand je cherchai la gloire au fond d'un encrier, Pour mordre à belles dents tout fut de mon domaine; J'écorchai, déchirai le troupeau des trembleurs : Je fus par les bureaux fêté, doté, renté; LORD DERBY. C'est convenu. (La Popularité, II, 2. — Firmin Didot, éditeur., RÉPONSE AU CORSAIRE GODWIN, ÉDOUARD LINDSEY. GODWIN. Sûr de l'opinion, vous ne me craignez guère ; Vous vous trompez, monsieur, je la respecte fort; Mais qui donc êtes-vous pour parler en son nom? Contre elle et contre tous, notre garant, c'est elle. En opposant toujours la justice au faux droit, Et le fait qu'on doit croire au bruit menteur qu'on croit, Ce sont là les soutiens de la presse équitable, (Ibid. IV, 2.) LAMARTINE 1790-1869 Alphonse de LAMARTINE, de Mâcon, a été poète, orateur, historien, homme d'Etat. Poète (c'est seulement comme tel qu'il nous appartient ici), il a donné à la poésie lyrique un essor inconnu en France. Ame vibrant à toutes les emotions de la joie ou de la douleur, à toutes les harmonies de la nature, à tous les enthousiasmes de la foi, sa poésie, puisée à ces trois sources, a ruisselé, intarissable, en odes, en stances, en élégies, sous les noms de Méditations (1820-1823), d'Harmonies poétiques et religieuses (1829), Recueillements poétiques (1839), de son cœur, de son imagination, de ses doigts, sous lesquels tout devenait rythme,mélodie, musique et couleur. La poésie fut comme une éclosion et un épanouissement spontané de tout son être. « Plante de pleine terre et de montagne,» a-t-il dit, il fut élevé dans le domaine patriarcal et champêtre de Milly dont les souvenirs l'ont si bien inspire (Harmonies, III, 2); il s'y enivrait de la nature avec sa mère; seul, il lisait Homere, Virgile, le Tasse, Milton, Ossian, « une des palettes où son imagination a broyé le plus de couleurs » (Confidences), Fénelon, Jean-Jacques, Bernardin de Saint-Pierre, Mme de Staël, Chateaubriand, etc., et y abreuvait son imagination et son cœur. Dans l'institution ecclesiastique de Belley il« s'abimait en Dieu » (Ibid.); accoudé la nuit à une fenêtre, il contemplait ravi « les horizons de silence, de soli -- tude, de recueillement.» A Naples, à Procida, où, ses études finies, il suit un parent et séjourne, la poesie deborde déjà chez lui en nombre de pièces dont quelques-unes seulement, dit-il, sont restées dans le recueil des Méditations; puis, après un service passager dans les gardes-du-corps, des voyages et des séjours divers en Suisse, en Dauphiné, en Savoie, une inaction pesante et douloureuse, des amertumes, des souffrances, des larmes, des découragements, des exaltations; voilà ce qui acheva de parfaire en lui le poète; voilà d'où sortirent enfin en 1820 les premières Méditations par lesquelles il entra, des le premier pas, dans la gloire et dans la fortune. La diplomatie le conduit à Naples, à Londres, à Florence. De cette periode sortent les Nouvelles Méditations, la Mort de Socrate, le Dernier chant du pèlerinage d'Harold, qui mène le héros en Italie, et dans cette Grèce où son créateur Byron allait bientôt mourir. Après les Harmonies, l'Académie donne un fauteuil au poète en 1830, la Chambre des députes une tribune à l'orateur en 1836 pendant qu'il faisait et écrivait le Voyage en Orient. Il ajoute à ses poemes un incomparable chef-d'oeuvre, Jocelyn (1836), qui compense heureusement la Chute d'un Ange de 1838; il fait l'Histoire des Girondins (1847); il fait la République en 1848. Nous n'avons plus à le suivre au delà, le poète se tait désormais, mais i a enchanté le demi-siècle qu'il a traversé, la lyre à la main. L'ISOLEMENT Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne, Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes, Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres, Et le char vaporeux de la reine des ombres 1. Vous retrouvez les mêmes images et la même harmonie dans le début d'Ischia (Nouvelles méditations, II: Le soleil va porter le jour à d'autres mondes; Cependant, s'élançant de la flèche gothique, 1. Qui, sur la terre, n'a pas de nom, parce qu'il n'y a pas d'existence. Le second vers explique nettement le sens de idéal qui signifie: 1° qui n'a d existence que dans l'esprit qui s'en représente lidée ou l'image (eidos, idea); 20 ce qui réunit toutes les perfections dont l'esprit se représente l'idée, en dehors de la réalité. Ces deux vers sont dans toutes les mémoires. Cf. J. DU BELLAY, p. 40. 2. La poésie, l'éloquence et la philosophie ont souvent exprimé cette idée, L'homme ici-bas est campé sous une tente d'un jour », dit la Bible. L'homme est «< égaré dans ce canton détourné de la nature », logé dans un petit cachot », dit Pascal. Cf. Cicéron, Songe de Scipion (De Republica, VI). Plutarque au contraire (De a Sérénité de l'âme) dit que sage, heureux de faire le bien,καταφρονεῖ τῶν ὀδυρομένων και λοιδορούντων τὸν βίον ὡς τινα κακῶν χώραν, ἢ φυγάδικον τόπον ἐνταῦθα ταῖς ψυχαῖς ἀποδεδειγμένον. le 3. Ces découragements énervants, ces désenchantements de la vie, expri L'AUTOMNE Salut! bois couronnés d'un reste de verdure! Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire ; Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire, Terre, soleil, vallon, belle et douce nature, més si souvent par Chateaubriand, et par Senancour dans Obermann, et qui ont fait école pendant un quart de siècle, ont eu trop souvent pour principe l'orgueil, la lassitude et le dépit d'une oisiveté volontaire ou involontaire, l'affectation d'un rôle à jouer, et surtout l'imitation d'Ossian, le poète qui exalta chez nous, non plus la rêverie chere à Rousseau, mais une mélancolie maladive et nébuleuse. Chez Lamartine, à l'époque où il écrivit cette Meditation, et bien d'autres remplies des mêmes sentiments, ils étaient sincères : des morts pleurées, une inaction qui lui faisait aspirer à porter Ce poids léger du temps que le travail emploie, comme il le dit dans les Harmonies (1, 5), les avait aiguisés jusqu'à la souffrance. Le sentiment passionné de la nature et l'exaltation de la foi en sont chez lui le contre-poids et le remède, et il fait lui-même parler La Providence à l'homme (Premières Médit., VIII), pour châtier son Désespoir (Ibid., VII). La Méditation suivante exprime les mêmes idées que la première, avec un mélange d'attendrissement, de résignation et de regret, qui leur donne un accent plus touchant. La première est plus rêveuse et plus passionnée. 1. Voilà le cri de la nature. La mélancolie, un peu raffinée, des modernes le trouve, comme l'instinct le disait aux jeunes filles du théâtre d'Euripide, à Iphigénie s'écriant: Τὸ φῶς τόδ' ἀνθρώποισιν ἥδιστον βλέπειν, à l'Ajax même de Sophocle, disant adieu au soleil avant de se frapper. |