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En Garennier fidele, exact,

Portant fur fon cheval de fomme
Maints petits pieds d'un fin carat
Il eft digne qu'on le renomme,
Et nous crions alors: Vivat
Le Garennier de Belesbat.

Mais quand par un deftin contraire
Il vient à vuide, ou ne vient pas,
Chose pour nous peu falutaire,
On lui dit injures à tas,
On le traite de miferable,
On le nomme faquin, goujať,
Gibier de gibet tout à plat,
Qui des plus grands crimes capable,
Le cœur plus noir que fon rabat,
Sent le fagot, vient du fabat:
Enfin le plus modeste à table,
Dans fa fureur envoye au Diable
Le Garennier de Belesbat.

Nous aurions tort de nous en plaindre,

Tout le monde en eft fatisfait,
Et pour un Garennier parfait,
Je puis ici vous le dépeindre,
Il a des talens en effet

1

Of nul autre ne peut atteindre :
Qu'il pourfuive comme il a fait,
Nous le ferons boire au buffet,
C'est tout le mal qu'il ait à craindre,
Croyez-en ce que vous voudrez,
Nous fommes gens fort moderez,
Et nous avons l'ame fi bonne,
Que quand nous fommes bien leftez,
Bien abbreuvez, bien appâtez,

Nous ne voulons mal à perfonne.

Pour Vous, nous vous voulons tout bien, Helas! que n'êtes-vous des nôtres, Vous ne fçauriez y gâter rien; Nos Hermites dans l'entretien Le difent tout comme les autres ; Mais vous & votre cher Epoux Qu'on aime prefqu'autant que vous, Parlez-vous de nous dans les vôtres ? C'en eft affez, peut-être trop ; J'ai pris le fecours de la Rime. Pour me fauver par le fublime, Et vous ratrapper au galop. Adieu, c'eft fans ceremonie, Le mieux eft d'en ufer ainfi,

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Si l'on en croit Monfieur d'Hanfy

Et toute notre compagnie :

Adieu, Madame, & Dieu vous gard
Des vifites longues d'une aulne
Que vous font les Dames de Beaune,
Sur tout lorfqu'elles s'en vont tard,

EPITRE VII

A MONSIEUR

A C A L. C. D. A.

Sous le nom de fa belle fœur, en lui envoyant de petites figures Chinoifes en broderie.

V

Ous négligez bien les bons hommes,

De partir fans vous en charger ;
Pourtant deviez-vous bien fonger
Que dans la faifon où nous fommes
Ce n'eft pas chose à negliger,

Cette denrée eft affez rare

Pour qu'on ait droit d'en être avare;
Je le jure en femme d'honneur
Pour tout autre j'en ferois chiche
Mais pour vous, grave Senateur
Je
vous les donne de bon cœur,
Il m'en refte un, je fuis trop

riche,

Leur figure vous fera peur, Mais n'en jugez pas par la mine, On peut s'y tromper quelquefois,

Et s'ils on l'air un peu Chinois,

Il ne faut pas qu'on s'imagine,
Que cette marchandife-là

Ne fe peut trouver qu'à la Chine,
C'est beaucoup dire, mais holà;
On en trouve parci par là,

Aux païs Chinois & dans d'autres,
Et même fans aller fi loin,
Qui les chercheroit avec foin

En pourroit trouver dans les nôtres,

A tout hazard gardez ceux-ci,

La dépense n'en est

pas grande,

Je vous les livre tous ici,

Leurs femmes & le Diable auffi,

Qui s'eft faufilé dans la bande
Et pour le prix que j'en demande
Il fuffira d'un grandmerci.

Vous me direz c'est cas étrange,
Qu'ils ont ces bons hommes fi bons,
Toûjours le Diable à leurs talons,
Et qu'on n'y trouve jamais d'Ange,
Le fait eft für & trop certain,
Mais qu'y faire ? C'est leur destin.
Job en fon tems fut un bon homme,

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