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ce dans trois mois de la date d'icelles: Que l'impreffion de ce Livre fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier & beaux caracteres, conformément aux Reglemens de la Librairie; & qu'avant que de l'expofer en vente le Manufcrit ou Imprimé qui aura fervi de copie à l'impreffion dudit Livre fera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée és mains de notre tres-cher & feal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur de Voyer de Paulmy Marquis d'Argenfon, & qu'il en fera enfuite remis denx Exemplaires dans notre Bibliotheque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, & un dans celle de notredit tres cher & feal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur de Voyer de Paulmy Marquis d'Argenfon, le tout à peine de nullité des Prefentes. Du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir l'Expofant ou fes ayans caufe pleinement & paifiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchemens: Voulons que la copie defdites Prefentes qui fera imprimée au commencement ou à la fin dudit Livre foit tenue pour dûement fignifiée, & qu'aux copies collationnées par l'un de nos amez & feaux Confeillers Secrétaires foi foit ajoûtée comme à l'original. Commandons au premier notre Huiffier ou Sergent de faire pour l'execution d'icelles tous Actes requis & neceffaires fans demander autre permiffion, & nonobftant Clameur de Haro Charte Normande & Lettres à ce contraires: Car tel eft notre plaifir. Do N N ' à Paris le vingt-deuxième jour de Mars; l'an de grace mil fept cens dix-neuf, & de notre Regne le quatrième.

Par le Roi en fon Confeil
FOUQUET.

Regiftré fur le Registre IV. de la Communauté des Libraires Imprimeurs de Paris, page 461. No 5o5. conformément aux Reglemens, notamment à l'Arreft du Confeil du 13. Aouft 1703. A Paris le 11. Avril 1719.

DEL AULNE, Syndic.

ÉPITRE Í.

EPITRE I

A

MONSIEUR ESTIENNE Libraire de Paris.

Sur ce qu'il avoit prié l'Auteur de lui permettre d'imprimer fes Poëfies.

M

ONSIEUR Étienne,eh! ne m'imprimez pas.
Au nom de Dieu quartier,MonfieurEftienne,
Jamais en rien, vous le fçavez, helas!

Ne vous fis tort, au moins qu'il me fouvienne;
Et fi l'ai fait, encor, pofez le cas,

Gardez-vous bien que rancune vous tienne,
Les rancuniers font mal menez là-bas,
Si ne voulez que tel mal vous avienne,
Pardonnez-moi d'une ame bien Chrétienne.
Monfieur Eftienne, eh! ne m'imprimez pas.

A

Je fçai, qu'en l'art de bien mouler un livre,
Vous égalez ces Estiennes fameux

Que vous comptez au rang de vos ayeux;
Et qui dans vous commençant à revivre,
Nous font trouver dans un de leurs neveux
leur fiécle a tant loüé dans eux;

Ce que

Mais quand bien même, en dépit de la Parque;
Pour m'imprimer, revenant fur leur pas,
Ils fe pourroient échaper de la barque,
Où tous mortels vont après leur trépas;
Fût-ce Robert, ou fût-ce Charle Estienne,
Je lui dirois toûjours la même antienne,
Monfieur Eftienne, eh! ne m'imprimez pas;
Ne croyez pas qu'un chagrin misantrope
Me faffe ici le prendre fur ce ton,
J'aime la gloire en enfant d'Helicon;
Mais tel fouvent après elle galope,
Dont le Pegafe à chaque moment chope,
Et qu'elle fuit, comme on fuit un larron
Je la connois, j'ai fait son horoscope,
Quand on dit oui, la quinteuse dit non.
Or, s'il vous plaît, en pareil acceffoire
Irois-je faire un procès à la gloire?
Procès fur quoi? D'ailleurs, c'eft un grand cas
Si par procès la Dame s'aprivoise;

Mais faisons mieux, & pour éviter noife,
Monfieur. Eftienne, eh! ne m'imprimez pas.
Vous me direz: Cela vous plaît à dire,
Je fçai le cas qu'on fait de vos écrits,
Les ai souvent oüi prifer & lire,

Par maints quidams, foi difant beaux efprits;
La preffe eft grande à les faire décrire,
Or mieux vaudroient moulez que manufcrits.
Graces vous rends de votre courtoisie ;
Car c'eft de vous que part le compliment,
Honteux ferois de mentir fi crûment
A mon profit, de vous c'est Ambrosie
Que je favoure assez bénignement.

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Mais que mes vers feient bonne marchandise,
Comme prêchez, ou de mauvais alloi,
Comme entre nous me le paroît à moi
Quand feroit vrai qu'à Paris on les prise,
Ne laifferois de vous dire tout-bas,
Pour des raifons que trouverez de mife,
Monfieur Eftienne, eh! ne m'imprimez pas,
Quelque parfait que puiffe être un ouvrage,
En l'imprimant on lui fait mauvais tour;
Prefque toûjours il en reçoit dommage,
Maint en ai vû fe hâler au grand jour ;
Sur quoi fouvent à par moi je recole:

Petit écrit donné fous le manteau,

Qu'on fe dérobe, & qui vient par bricole,
Ou bien moulé chez Pierre du Marteau
Fût-il mauvais, nous paroît toûjours beau
Et pour l'avoir on ne plaint la piftole;
Qu'il ceffe d'être & secret & nouveau,
On n'en voudra débourfer une obole.
J'ai ce fonnet, mon voisin ne l'a pas,
Voilà par où le fonnet m'a fçû plaire,
Ce point de vûë en fait le grand appas;
Eft-il public, n'en fait-on plus myftere ?
Il perd fon fel dès-lors, & tombe à bas.
Monfieur Eftienne, eh! ne m'imprimez pas.

Vers manufcrits fouffrent des négligences
Qu'à vers moulez on ne pardonne pas !
Dans les premiers on les nomme licences;
Là tout s'excuse & se paffe au gros fas;
Dans les feconds la moindre tache eft crime,
Point de quartier de la part d'un Lecteur
Qui fur le tour, la cadence & la rime,
Ne fait jamais nulle grace à l'Auteur.
Tant que mes vers fous la fimple écriture
N'étant moulez,'ni reliez en veau,

Dans les reduits iront incognitò,

Pour eux ne crains de fâcheufe avanture?

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