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Lecteurs font délicats fur ce point, & que la moindre negligence les révolte. Je ne crois pas qu'on en trouve ici de confiderable; du moins puis-je me flater que cette Edition-ci fe trouvera pour la correction fort au deffus de celle de Hollande.

Elle ne l'emporte pas moins du côté du nombre des Pieces, qui vont à plus d'un tiers d'augmentation. J'ai ramaffé pour cela nonfeulement toutes celles qui ont paru du même Auteur, foit dans les Mercures, foit en manuscrit, depuis l'Edition de Hollande, mais encore une infinité de petites Pieces fugitives, & jufqu'à de petites Epigrammes que j'ai déterrées chez des Amis de l'Auteur, qui n'ont point fait de difficulté de me les communiquer pour en enrichir mon Edition. Je ne répons pas que malgré les mouvemens que je me fuis donnez, & les recherches que j'ai faites, il ne m'en foit encore échapé quelqu'une; mais du moins le nombre n'en fçauroit-il être grand; & ce qui me manque à cet égard ne fçauroit être que de ces fortes de Pieces dont les Auteurs font jaloux, qu'ils ne communiquent qu'avec précaution, ou que, pour des raifons particu lieres, ils ne laiffent gueres fortir de leur porte-feuille. á iij

Mais la plus confiderable augmentation & qui doit faire le plus de plaifir au Lecteur, eft la Piece de l'Enfant prodigue, Piece de Theatre imprimée depuis long-tems en Latin, & mife depuis en vers François, mais qui n'avoit point encore été imprimée en cette langue. Comme elle n'eft presque qu'u ne Traduction un peu libre de la Piece Latine, on a cru ne pouvoir mieux faire que de fe fervir de la Préface Latine même, qu'on a traduite, pour mettre à la tête de la Françoise. L'Auteur y rend compte de la maniere dont il a cru devoir arranger fon fujet pour le faire quadrer aux regles du Theatre, fans s'écarter en rien de la Parabole qui en fait le fond. Au refte, cette Piece a été fi bien reçûë dans les representations differentes qu'on en a données, & elle est pleine de fi beaux fentimens & fi bien touchez, que je ne crois pas qu'on m'ait trompé, quand on m'a fait entendre, que quand il n'y auroit point d'autre addition dans mon Recueil, celle-ci fuffiroit feule pour le faire rechercher. Je fouhaite que le jugement du Public s'accorde fur cela avec celui des Connoiffeurs que j'ai confultez, & fur la foi defquels je n'ai rien épargné pour recouvrer

une copie exacte de cette Piece. J'avois eu deffein de mettre à la fuite de cet Avis la Préface qui eft à la tête de l'Edition de Hollande, ainfi qu'il fe pratique ordinairement dans les nouvelles Editions d'un Ouvrage qui a déja été imprimé. Mais des perfonnes intelligentes que j'ai confultées; m'ayant fait remarquer, qu'une grande partie de cette Préface fort bigarrée d'ailleurs par le mêlange de ce que le Libraire y dit de lui même, & des Lettres qu'on lui écrivoit de Paris pour l'exhorter à entreprendre l'impreffion de ces Poëfies, ne rouloit que fur un détail qui regardoit uniquement la premiere Edition, & qui paroîtroit affez hors d'œuvre dans celle-ci, je me fuis déterminé fur leur avis à ne prendre de cette Préface que ce qui touche précisément les Pieces de l'Auteur, ce qui peut donner quelque idée de leur caractere & de leur merite particulier, & par-là être de quelque utilité & de quelque agrément pour le Lecteur. Je crois qu'il me fçaura gré de m'être borné dans cette vûë à l'Extrait fuivant, fans le fatiguer de la Préface entiere, qui n'auroit pû fervir qu'à groffir inutilement le volume.

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EXTRAIT DE LA PREFACE qui fe trouve à la tête de l'Edition de Hollande.

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U reste, Monfieur, je crois pouvoir vous garantir qu'en imprimant ces Poëfies vous ferez plaifir à bien du monde; on les demande depuis long-tems; & quoiqu'une infinité de gens les aient manufcrites, ces fortes d'Ouvrages font toûjours plus de plaifir quand ils font imprimez; &je m'imagine avec quelque raifon, que fur ce point là tout le monde eft affez fait comme moi qui lis plus volontiers la lettre moulée que l'écriture. Si vous perdez quelque chofe du côté de la nouveauté, en ce que ces Pieces qui doivent compofer votre Recueil font connues pour la plupart, vous regagnerez tela d'ailleurs par la certitude du fuccès, dont vous répond l'empreffement avec lequel on recherche les Pieces de cet Auteur, & l'eftime generale où elles font depuis long-tems dans le public, dont le jugement fur ces fortes de chofes ne porte guere à faux. Il y a des Ouvrages dont les beautez, quelque touchantes qu'elles foient, ne le font pas pour tout le monde. Il faut avoir beaucoup d'efprit & d'intelligence pour être en état de rendre juftice à leurs Auteurs, & pour

connoître tout le prix de leur travail ; ce font des beautez qui échapent au commun des Lecteurs, & ils ne les connoiffent prefque que fur la foi d'autrui. Il n'en eft pas de méme de ces Piecesci ; j'ai remarqué qu'elles fe trouvoient à la portée de tout le monde, & qu'elles étoient égale. ment bien reçûës & des Connoißeurs, & de ceux qui ne le font pas: auffi eft-ce l'effet que produiront toûjours des Ouvrages du caractere de ceuxci, c'est à dire, dont le vrai & le naturel font pour ainfi dire le fond & la matiere. Car leur merite ne confifte pas dans une recherche fort cu rieufe & fort étudiée pour les chofes; rien de plus fimple pour l'ordinaire que les fujets que traite Auteurs on fent bien qu'il ne les a pas cherchez, &que c'est le hazard feul qui les lui a fait tom ber fous la main pour la plupart. La même fim. plicité qui fe rencontre dans les fujets, fe rencon tre encore dans la maniere dont il a coûtume de les traiter. Quand je dis fimplicité, je n'entends pas une fimplicité feche & ennemie des agrémens ; il en admet autant qu'aucun autre Poëte, mais il les veut tirez du fujet & proportionnez à la matiere, comme il l'a lui-même expliqué fi bien dans fon Epitre fur la décadence du bon goût, lorfqu'il y dit:

Les ornemens, ainsi

que

de raison,

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