DE NORMANDIE, AVEC L'EXTRAIT DES DIFFÉRENTS COMMENTATEURS, CONTENANT les Questions propofées par ces mêmes PAR Monfieur FRIGOT, Confeiller - Honoraire A COUTANCES, Chez G. JOUBERT, feul Imprimeur du Diocèse. M. D C C. LXXIX, Avec Approbation & Privilege du Roi. * * * * * **** *** :t A MONSEIGNEUR DE MIROMENIL, GARDE DES SCEAUX DE FRANCE. MONSEIGNEUR, QUEL bonheur pour moi de voir le plus grand des Magiftrats jetter un regard favorable fur le Réfumé de mes travaux, & permettre que je lui en préfente l'hommage! Placé à la tête du Sénat augufte, dépofitaire & zèlé défenseur de nos Loix, fur la feule remommée, j'étois l'admirateur de vos rares vertus; mais qu'elle m'en difoit peu en comparaison de ce que j'éprouvai moi-même lorsque j'allai vous préfenter mon refpect il y a quelques années; l'accueil gracieux & les marques d'amitié dont vous daignâtes m'honorer me font toujours préfentes. Un nuage s'étoit élevé, mais bientôt diffipé par l'Aftre bienfaifant qui nous éclaire, le nouvel Augufte placé fur le Trône de Les Aieuls pour faire le bonheur des Peuples, ayant fait choix 2 d'un illuftre Mecène, auffitôt les hommes les plus vertueux, les plus portés au bien-être du Citoyen ont été choifis, vous en avez fait partie, MONSEIGNEUR, eh qui en étoit plus digne! Quelle fatisfaction cependant pour moi de vous voir rendre une justice méritée, en vous plaçant au haut Rang que vous occupez; vous avez bien voulu recevoir l'expreffion du fentiment fincere qui m'animoit, la faveur que vous venez de m'accorder met le comble à vos bontés pour moi; fous vos aufpices, fous votre protection, que ne puis-je pas me promettre de mon Ouvrage ; on y trouvera grand nombre des oracles que vous avez rendus, monuments précieux de votre zèle à faire obferver les Loix de l'Etat & à maintenir nos Ufages & nos Coutumes, de cette fagesse éclairée avec laquelle vous avez toujours fi bien difcerné le vrai de l'impofture, confondu la malice des téméraires Plaideurs, foutenu le foible contre le puiffant, & le malheureux contre la violence des injuftes oppreffeurs ; que ne m'est-il permis de vous exprimer la reconnoiffance dont mon cœur est pénétré! Mais au moins daignez agréer le profond respect avec lequel je fuis, MONSEIGNEUR, Votre très-humble & très-obéissant NE étude fuivie des Loix & des Coutumes forme le vrai Jurif U confulte, pour en acquérir une parfaite connoillance , pour les approfondir, il faut avoir recours aux différents Interpretes, feuilleter, retourner, confulter les grands Ouvrages de ces hommes rares qui fe font concentrés dans leurs cabinets, uniquement occupés. à défricher ces champs arides, à pénétrer le fens le plus naturel de ces mêmes Loix, & l'intention des Légiflateurs la plus analogue à l'équité, à l'administration & au bien-être du citoyen; mais quelle furprise pour un jeune Athlete qui entre dans la carriere de fe voir entouré d'un nombre d'in-folios plus capables de l'effrayer que de l'exciter à fe livrer à une pareille étude! L'entreprise lui paroît excéder fon pouvoir, un style ancien qui n'eft point à fa portée, des mots barbares qu'il ne peut entendre, une fuite de Loix antiques qui ne font plus en ufage, une Jurifprudence toute autre que l'actuelle"; quel cahos! Quelle aridité pour un commençant ! D'un autre côté un Juge qui fe trouve néceffité de décider. promptement diverfes queftions de Droit & de Coutume, n'a pas quelquefois le loifir de re.ire les différents Auteurs pour donner une décifion fûre; un Avocat environné d'une foule de Clients fouvent fort ennuyants par leurs difcours confus & embarraffés, ayant à peine le moment de refpirer, ne peut avoir à l'inftant tout préfent à l'efprit pour répondre précisément & avec jufteffe à la confultation qui lui eft faite, le temps ne lui permet pas de revoir fes guides pour fe conformer & à la Loi, & à fa fage interprétation; c'eft pour faciliter le travail aux uns & aux autres que je préfente cet Ouvrage; heureux fi le fuccès répond à mon attente. Vingt ans paffés dans mon Office, & dans un travail continu en remplir les devoirs avec honneur, la vétérance acquife, déterminé à réfigner, je formai le projet de repaffer les différents Auteurs fur la Coutume & fur les Ordonnances; exhorté à faire des Notes fur la grande lecture que j'entreprenois, à la vue des Paraphrafes d'Aviron, & des Commentaires de Bérault & Godefroy placés de fuite fous chaque article de la Coutume pour donner plus de facilité aux Lecteurs, il me vint en penfée de travailler fur Bérault, Godefroy, Bafnage, Pefnel, avec les Obfervations de M. de Roupnel, retranchant ce qui ne m'y paroiffoit plus utile, vu les changements considérables pour |