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général de Betzky; & j'a prouvé, quand je m'y fuis vu engagé, que cet intérêt ne me dominoit pas (a). Enfin un jour S. E. m'envoya cette lettre :

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» Votre façon de penser, monfieur, & votre » défintéressement ne me font que trop connus, » pour n'être point perfuadé que tout ce que vous » m'écrivez n'ait entièrement pour point de vue le le fervice de S. M. I. & la plus parfaite

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zele

pour

» exécution de l'objet que vous traitez.

» Il feroit à souhaiter que vous dirigiez vous» même, monsieur, la fonte de la statue équestre

(a) Cette preuve eft de n'avoir exigé que 80000 liv. reftantes du prix fait avec un fondeur qu'on avoit remercié, & de m'être engagé, fur une promeffe verbale de cette fomme, à donner 30000 liv. de gratification aux deux ouvriers françois que je retins pour m'aider. Cette preuve eft auffi d'avoir fait les obligations de ces 30000 liv. trois années avant que d'être payé, & d'avoir donné deux écrits fans avoir aucun écrit pour m'affurer moi-même. Il eft vrai que la confiance dûe à la parole facrée de l'impératrice me détermina. S. M. I. me répondit, lorfque je lui parlai, & des moyens qu'employoit M. de Betzky pour éluder sa promesse, & de la franchise avec laquelle cependant je m'étois engagé: Craignez-vous que la couronne manque fa parole? Voilà ce que le public doit favoir pour juger en partie des libelles que la noire impudence fabrique à Pétersbourg contre moi, & débite fous le nom d'un de mes ouvriers. Si dans ma citation je difois un menfonge, l'impératrice feule pourroit me confondre: il n'y avoit que S. M. I. & moi dans fon falon de l'Hermitage.

» de Pierre le Grand. Cet ouvrage, conduit par vos » foins, par votre vigilance, ne nous peut inspirer » que la plus grande confiance : par conféquent, autorifé à cet égard en tout ce qui pourra vous met »tre à portée de le mener à la perfection, vous joui » rez de plus de confiance en raffurant la nôtre.

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Quoiqu'à la vérité il y ait des exemples que » d'habiles ouvriers ont quelquefois manqué des » fontes de conféquence, cela ne doit point vous décourager fur celle dont il eft question. Ceux qui » étoient dans le cas n'avoient peut-être pas vos lu» mieres ni votre capacité; dans lequel cas, monfieur, vous devez être parfaitement rafluré, celle» ci vous devant fervir de barriere & de réplique » contre ceux dont vous pourriez craindre les traits » mordants. J'ai l'honneur. Signé 1. Betzky, 14 " août 1769. »

رو

Cette lettre, à beaucoup près, ne m'ayant pas déterminé, la question fut agitée, fans doute, chez l'impératrice; car un mois après S. M. I. voulut bien auffi attaquer ma répugnance par une autre lettre

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dont voici l'extrait :

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....... Vous me direz auffi pourquoi vous ne vou» lez plus fondre la ftatue: car, ne vous en déplaife, dans la lettre à M. Betzky il n'y a aucune bonne raifon; je m'imagine que vous en avez de meilleures in petto. Mais s'il étoit poffible de » vaincre les obstacles, ce feroit une bonne & utile

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» chofe. Et de quoi l'homme de génie ne vient-il » pas à bout! Outre cela, qui vous dit qu'un fondeur » de profeffion fera mieux que vous ? Souvenez» vous de tant d'habiles fondeurs qui n'ont pas réuffi. » Vous me direz que c'eft leur affaire; mais auffi je n'imagine pas que vous auriez du plaifir à voir gâter votre ouvrage par un autre. Je fuis perfuadée que fi vous vous donnez la peine de conduire la » fonte, elle réuffira, & que vous aurez moins de déplaifir que vous n'en auriez avec tel ou tel autre » fondeur. Au refte, monfieur, je ne prétends point gêner votre opinion; uniquement & fincèrement je vous dis ce qui me paroît être la vérité. Nous » traiterons cette matiere plus au long un de ces

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jours. 18 fept. 1769. "

Et vous n'allâtes pas

le même jour dire à l'impératrice que vous fondriez? - Pas un mot de tout cela. Mauvais courtifan comme à mon ordinaire, je perfiftai dans mon refus; & deux ans après, quand un fondeur alloit arriver de la part de M. la Guêpiere fans que je m'en fuffe mêlé, j'eus la maladreffe d'en parler à l'impératrice dans une de mes lettres. Il n'étoit plus temps, je l'avois fâchée deux ans auparavant (octobre 1769) en prenant la liberté de lui écrire les raifons que j'avois in petto de ne pas fondre. Auffi S. M. I. me répondit-elle à cet article: Pour ce qui regarde le fondeur, je vous ai déja dit que je ne m'en mêlois pas ; mais aufi encore

une fois, j'aimerais mieux les choux de mon jardin. 28 mai 1771 (a).

(a) La lettre de l'impératrice d'où cette phrase eft extraite, ainfi que fa lettre précédente, & celle de M. de Betzky, font & feront bien foigneufement gardées en originaux. Il n'y auroit qu'un moyen de me fouftraire ces témoignages nécessaires: ce feroit de les enlever de l'endroit où ils font maintenant déposés avec plus de quatre-vingts autres lettres précieufes écrites en Ruffie. Mais lorsque le temps aura fait oublier les travers du moment, le tout deviendra ce qu'il pourra: je n'aurai plus aucun droit à cet avenir.

&

Quoique l'impératrice m'ait encouragé comme on a vu, qu'elle n'ait trouvé aucune bonne raifon dans ma lettre à M. de Betzky, je place cependant ici cette lettre.

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» Monfieur Vous favez que les meilleures intentions, lorfqu'elles font contredites à un certain point, n'ont fou» vent pas s l'effet qu'on s'en étoit propofé. La crainte de M. » Diderot n'est pas la feule. On m'a encore écrit de Paris qu'il ne faudroit pas rifquer la grande fonte, ni la laisser faire par d'autres que par un bon fondeur. En voilà plus qu'il n'en faut pour ne pas m'engager plus avant. J'ai montré quelque bonne volonté, on y met des entraves; ainfi un homme dont » c'eft le métier fera le refte. Quels reproches en effet n'aurois»je pas à me faire, fi, n'en ayant pas été chargé par mes premiers engagements, je manquois une opération de cette importance! Les défauts de mon ouvrage fe corrigent comme oils fe font, c'eft-à-dire d'un jour à l'autre mais le rifque de manquer la fonte d'une ftatue équestre est devenu trop » effrayant pour moi, depuis les avertiffements de mes amis & » de quelques autres personnes. Dans le cas où S. M. I. auroit

:

été informée de ma précédente propofition conime je n'en

Ce fondeur, venu enfin en 1772, conftruifit le fourneau, prépara la porée, & fut renvoyé en 774, malgré les propofitions que je fis pour l'engager à travailler convenablement. Il réside à Pétersbourg un M. Velten qui, dans fon ame & confcience, doit favoir ce qu'il me répondit pour me faire agréer le renvoi du fondeur: mais je ne crois pas qu'il le dife tant que M. de Betzky vivra (a). Quoi qu'il en foit,

→ avois pas exagéré l'objet, je ne paroîtrai pas revenir de fort » loin en abandonnant ma premiere idée; & il femblera & » fera en effet très naturel de fuivre la route ordinaire. Ainfi

quand V. E. fe fera pourvue d'un bon fondeur, S. M. I. & » vous, monfieur, ferez tranquilles Je n'aurai pas non plus trois ou quatre années de tranfes & de peines continuelles, & l'ouvrage en ira mieux. Je dis des tranfes & des peines con»tinuelles, parceque je crois appercevoir que je pourrois n'être pas efficacement secondé par l'aide que j'aurois pu em»ployer. Il me refte, monfieur, à vous dire combien je fuis

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reconnoiffant de la confiance que vous m'avez marquée » dans votre lettre du 14 août; confiance qui, n'étant fondée » que fur celle que j'avois moi-même, doit nécessairement » ceffer dès que la mienne a des raifons de ne pas continuer. Je fuis, &c. 3 feptembre 1769 ».

Eh bien! c'eft malgré ces trois lettres que M. de Betzky ne vouloit pas que je fuffe payé de ma fonte, & que, voyant l'impératrice me la payer, il fit fi bien qu'on me débarraffa de 2500 roubles. Si j'ai laissé mon nom en Ruffie, j'en ai payé du moins la permiffion, & de plus d'une maniere.

(a) Voici pour y fuppléer. Le fondeur Erfman alloit montrant un morceau des cires que je faifois faire à trois lignes

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