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Ni tous ces vains amas de frivoles fornettes, Montre, Miroir d'Amours, Amitiés, Amourettes,

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REMARQUES.

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VERS 64. Montre, &c.] La Montre, petit Ouvrage mêlé de Vers & de Profe par Bonnecorfe, Marfeillois, qui a été Conful de la Nation Françoife au Grand-CaiIl envoya cet Ouvrage à Scudéry, qui le fit imprimer à Paris en 1666. Quelques années après M. Ďespréaux le nomma parmi les livres qui fervent au combat des Chanoines dans le Lutrin, Ch. V. Vers 142. Bonnecorfe étant enfuite à Paris en fit parler par Bernier le voyageur, à M. Despréaux, dont la réponse ne le fatisfit point. Pour s'en venger, il compofa fon Lutrigot, qui fut imprimé à Marseille, & dont il envoya le premier Exemplaire au Maréchal de Vivone. Ces faits font contenus dans une Lettre, que M. de Bonnecorfe m'écrivit de Marfeille, le 19. de Février 1700. Je la communiquai à M. Despréaux, qui me fit la réponse fuivante. Je n'ai aucun mal talent contre M. de Bonnecorfe du beau Poëme qu'il a imaginé ,, contre moi. Il femble qu'il ait pris à tâche dans ce Poëme d'attaquer tous les traits les plus vifs de mes „ Ouvrages; & le plaifant de l'affaire eft que, fans montrer en quoi ces traits pechent, il fe figure qu'il fuffit de les rapporter pour en dégoûter les hommes. Il m'accufe furtout d'avoir dans le Lutrin exagéré en ,, grands mots de petites chofes pour les rendre ridicules: & il fait lui-même, pour me rendre ridicule, la chofe dont il m'accufe. Il ne voit pas que, par ,, une conféquence infaillible, fi le Lutrin eft une impertinente imagination, le Lutrigot eft encore plus ,, impertinent, puifque ce n'est que la même chofe "plus mal exécutée. Du refte on ne fçauroit m'élever plus haut qu'il fait, puifqu'il me donne pour fuivans & pour admirateurs paffionnés les deux plus beaux Efprits de notre fiècle: je veux dire M. Raci ne & M. Chapelle. Il n'a pas trop bien profité de la lecture de ma premiere Preface, & de l'avis que j'y donne aux Auteurs attaqués dans mon livre, d'attendre, pour écrire coutre moi, que leur colere foit paffée. S'il avoit laiffé paffer la fienne, il auroit v

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65 Dont le titre fouvent eft l'unique foutien,
Et qui parlant beaucoup ne difent jamais rien.

Mais peut-être enyvré des vapeurs de ma Mufe,
Moi-même en ma faveur, SEIGNELAY, je m'abufe
Ceffons de nous flatter. Il n'eft Esprit fi droit

zo Qui ne foit impofteur, & faux par quelque endroit.
Sans ceffe on prend le mafque, & quittant la Nature,
On craint dè fe montrer fous fa propre figure.
Par-là le plus fincere affez fouvent déplaît.
Rarement un Esprit ofe être ce qu'il eft.

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REMARQUES.

,, que traiter de haut-en-bas un Auteur approuvé du Public, c'eft traiter de haut-en-bas le Public même; & que me mettre à califourchon fur un Lutrin, c'eft " y mettre tout ce qu'il y a de gens fenfés, & M. Brofette lui-même, qui me fait l'honneur meas effe aliquid putare nugas. Je ne me fouviens point d'avoir ,, jamais parlé de M. de Bonnecorfe à M. Bernier, & je ne connoiffois point le nom de Bounccorfe quand j'ai parlé de la Montre dans l'Epure à M. de Seigne lay. Je puis dire même que je ne connoiffois point La Montre d'Amour, que j'avois feulement entrevûe chez Barbin, & dont le titre m'avoit paru très-fri; vole, auffi bien que ceux de tant d'autres ouvrages de Galanterie moderne, dont je ne lis jamais que le premier feuillet. Mais voilà affez parlé de M. de Bunnccorfe. Venons à M. Bourfaut, qui eft, à mon fens, de tous les Auteurs que j'ai critiqués, celui » qui a le plus de mérite, &c. BROSSETTE.

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Ibid. Miroir d'Amour.] Ouvrage de M. Perrault, intitulé: La Métamorphofe d'Orante en Miroir; & non pas: Le Miroir à Dorante, comme l'a dit M. Broffette. Faute qui a paffé dans toutes les Editions depuis celle de Genève. 1717. DE ST. MARC.

Ibid. Amitiés, Amourettes.] Les Oeuvres de Rene Le Païs, font intitulées: Amitiés, Amours & Amouretres, Voyez Satire Ill. Vers 180.

75 Vois-tu cet Importun que tout le monde évite;
Cet Homme à toujours fuir qui jamais ne vous quitte?
Il n'eft pas fans efprit: mais né trifte & pefant,
Il veut être folâtre, évaporé, plaifant:

Il s'eft fait de fa joye une loi néceffaire,

So Et ne déplaît enfin que pour vouloir trop plaire.
La Simplicité plaît fans étude & fans art.

Tout charme en un Enfant, dont la langue fans fard,
A peine du filet encor débarraffée,

Sçait d'un air innocent bégayer fa pensée.

85 Le faux eft toujours fade, ennuyeux, languiffant > Mais la Nature eft vraye, & d'abord on la fent. C'est elle feule en tout qu'on admire, & qu'on aime. Un Efprit né chagrin plaît par fon chagrin même.

REMARQUES.

VERS 75. Vois-tu cet Importun, &c.] Ce Portrait a été fait fur un Homme fort obfcur, dont l'Auteur avoit oublié le nom.

IMIT. Vers 84. Sçait d'un air innocent bégayer fa penfee.] PERSE a dit, Satire premiere, Vers 35.

Tenero fupplantat verba palato.

VERS 88. Un Efprit né chagrin plaît par fon chagrin meme. M. le Duc de Montauzier. Il ne laiffoit pas d'avoir beaucoup d'amis, & d'être fort eftimé, à caufe de fa probité & de fa vertu. Voyez Difc. für la Sat, Note 3. 12. Sat. 1. Vers 56. Sat. IX. Vers 136. 302. Eptt. VII. Vers 100. Le Mifanthrope de Moliere, tout Mifanthrope qu'il eft, ne laiffe pas de plaire auffi, & de fe faire aimer, parce qu'il eft honnête homme. Ce, la fait même que l'on s'intéreffe dans fa fortune, dans fes fentimens, & dans fa malheureufe pallion pour une Coquette.

Chacun pris dans fon air eft agréable en foi.

go Ce n'est que l'air d'autrui qui peut déplaire en mói.

Ce Marquis étoit né doux, commode, agréable: On vantoit en tous lieux fon ignorance aimable: Mais depuis quelques mois devenu grand Docteur, Il a pris un faux air, une fotte hauteur.

95 Il ne veut plus parler que de rime & de profe. Des Auteurs décriés il prend en main la cause. Il rit du mauvais goût de tant d'Hommes divers, Et va voir l'Opéra, feulement pour les Vers. Voulant fe redreffer foi-même on s'eftropie, 100 Et d'un original on fait une copie.

L'Ignorance vaut mieux qu'un Sçavoir affecté.
Rien n'eft beau, je reviens, que par la Vérité.
C'est par elle qu'on plaît, & qu'on peut long-temps

plaire.

L'efprit laffe aifément, fi le cœur n'eft fincere. 105 Envain, par fa grimace un Bouffon odieux A table nous fait rire, & divertit nos yeux.

REMARQUES.

VERS 92. Ce Marquis, &c.] M. le C. D. E. avoit en d'abord une ignorance fort aimable, & difoit agréablement des incongruités; mais il perdit la moitié de fon mérite, dès qu'il voulut être fçavant & fe piquer d'a voir de l'efprit.

VERS 105. Envain, par fa grimace un Bouffon odieux, &c.] On apprend par le Bolaana, Nomb. XL. que le Poëte a voulu peindre ici le célèbre Lulli. C'est en effet-là fon véritable caractere, à s'en rapporter à tout co que l'on fçait de lui. DE ST. MARC.

Ses bons mots ont befoin de farine & de plâtre.
Prenez-le tête à tête, ôtez-lui fon théâtre,
Ce n'eft plus qu'un cœur bas, un Coquin ténébreux.
10 Son visage effuyé n'a plus rien que d'affreux.

J'aime un Esprit aisé qui se montre, qui s'ouvre,
Et qui plaît d'autant plus, que plus il fe découvre,
Mais la feule Vertu peut fouffrir la clarté.

Le Vice toujours fombre aime l'obscurité.

115 Pour paroître au grand jour, il faut qu'il fe déguise.
C'est lui qui de nos mœurs a banni la franchise.
Jadis l'Homme vivoit au travail occupé,
Et ne trompant jamais, n'étoit jamais trompé.
On ne connoiffoit point la rufe & l'impofture.
120 Le Normand même alors ignoroit le parjure.

Aucun Rhéteur encore arrangeant le discours,
N'avoit d'un art menteur enfeigné les détours.

REMARQUES.

VERS 120. Le Normand même alors ignoroit le parjure.] L'Auteur difoit à propos de ce Vers: Je date de loin. C'étoit deux cens ans avant le déluge. Ce n'eft pas d'aujourd'hui que l'on reproche aux Normands leur peu de fincérité. Le Roman de la Rofe les donne pour Soldats à Male-Bouche, fol. 25. Edition de 1531.

Male-Bouche que Dieu maudie,

Eut fouldoyers de Normandie.

Les Romains faifoient un pareil reproche aux Grees; l'on trouve dans JUVENAL, Sat. Vl. Vers 16.

Græcis nondum jurare paratis

Per caput alterius.

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