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115 Le cours ne fut pas long d'un empire fi doux. Mais où cherchai-je ailleurs ce qu'on trouve chez

nous ?

GRAND ROI, fans recourir aux hiftoires antiques, Ne T'avons-nous pas vû dans les plaines Belgiques, Quand l'Ennemi vaincu désertant ses remparts, 120 Au devant de Ton joug couroit de toutes parts, Toi-même Te borner au fort de Ta victoire, Et chercher dans la paix une plus jufte gloire? Ce font-là les exploits que Tu dois avoüer,

Et c'est par-là, GRAND Roi, que je Te veux loüer. 125 Affez d'autres, fans moi, d'un stile moins timide, Suivront aux champs de Mars Ton courage rapide," Iront de Ta valeur effrayer l'univers,

Et camper devant Dole au milieu des hyvers.

REMARQUES.

re du bien à quelqu'un, témoigna que, graces au Ciel,
il n'avoit jamais eu lieu de fe faire un pareil reproche.
VERS 115. Le cours ne fut pas long, &c.] Il ne dura
que deux ans, deux mois, & vingt jours. AUSONE a
dit de cet Empereur:

Felix imperio, felix brevitate regendi,
Expers civilis fanguinis, Orbis amor.

VERS 118. Ne T'avons-nous pas vi dans les plaines Belgiques.] La Campagne de 1667. en Flandres, où le Roi le rendit maître de plufieurs Villes. Cette guerre fut bientôt terminée par le Traité fait à Aix-la-Chapelle l'année fuivante.

VERS 122. Et chercher dans la paix, &c.] La Paix de 1668. DEsp.

VERS 128. Et camper devant Dole au milieu des hy

Pour moi, loin des combats, fur un ton moins terrible, 130 Je dirai les exploits de Ton régne paisible. Je peindrai les plaisirs en foule renaissans : Les Oppreffeurs du peuple à leur tour gémisfans. On verra par quels foins Ta fage prévoyance Au fort de la famine entretint l'abondance. 135 On verra les abus par Ta main réformés,

REMARQUES.

vers. Le Roi venoit de conquérir la Franche-Comté en plein hyver. Desp.

En 1668. le Roi partit de Saint-Germain-en-Laie, le 2. de Février, & y revint le 28.

VERS 130. Je dirai les exploits de Ton régne paifible.] Les 25. ou 30. Vers fuivans rappellent les principales actions du Roi, depuis qu'il eut commencé à régner par lui-même en 1661.

VERS 131. fe peindrai les plaifirs en foule renaissans.] Le Carroufel de l'an 1662., les Ballets, les Courtes de bagues, & les Fêtes données par le Roi à Versailles, fous le nom des Plaifirs de Pfle enchantée, au mois de Mai 1664.

VERS 132. Les Oppreffeurs du peuple à leur tour gémifJans.] Les malverfations des Traitans recherchées & punies en 1661.

VERS 134. Au fort de la famine entretint l'abondance.} Ce fut en 1663. Desp.

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Il y a faute dans cette petite Note de l'Edition pofthume de 1713. En 1662, le Royaume, & particuliérement la ville de Paris, étoient menacés d'une grande famine caufée par une ftérilité de deux années. Le Roi fit venir de Pruffe & de Pologne une grande quantité de Blé. On fit conftruire des fours dans le Louvre, & le pain fut diftribué au Peuple à un prix modique. C'étoit l'intention du Roi, & l'on en dut l'exécution aux foins du Premier-Préfident, & du ProcureurGénéral. DE ST. MARC..

VERS 135. On verra les abus par Ta main réformes.] Les duels abolis. Les Edits contre le luxe. L'établis fement de la Police en 1667. La fureté publique réta

La licence & l'orgueil en tous lieux réprimés,
Du débris des Traitans Ton épargne groffie,
Des fubfides affreux la rigueur adoucie,

Le Soldat dans la paix fage & laborieux: 140 Nos Artifans groffiers rendus industrieux:

REMARQUES.

blie dans Paris par un Réglement fur le port des armes & contre les Gens fans aveu, par le redoublement du Gnet & de la Garde, par l'établiffement des Lanternes, &c.

VERS 136. La licence & Porgueil en tous lieux répri més.] Plufieurs Edits donnés pour réformer le luxe. DESP.

C'eft ce que ce mot orgueil, défigne. Par celui de licence, le Poëte veut défigner l'établiffement des Grandsfours, fait à Clermont en Auvergne, par une Déclaration du Roi en 1665. Elle commence par ces mots: La licence des Guerres étrangeres & civiles, &c.

VERS 137. Du débris des Traitans, &c.] La Chambre de Juftice. DEsp.

Elle fut créée au mois de Décembre 1661.

VERS 138. Des fubfides affreux la rigueur adoucie.] Les Tailles furent diminuées de quatre millions. DESP

M. Broffette dit fix inillions. Le Roi fit auffi dreffer en 1664. & 1667. des Tarifs pour les Marchandifes. Par ces Tarifs il diminua fes droits, & fupprima la plupart de ceux qu'on exigeoit fur les Rivieres du Royaume.

VERS 139. Le Soldat dans la paix fage & laborieux.] Les Soldats employés aux Travaux publics. DESP.

Le Roi faifoit auffi des revues fréquentes de fes Troupes, pour obliger les Officiers de tenir les Soldats dans l'ordre & dans la difcipline. Les Soldats furent aussi employés aux Travaux publics.

VERS 140. Nos Artifans groffiers rendus industrieux.] Etabliffement en France des Manufactures. DESP.

Celle des Tapifferies aux Gobelins, & des Points de France, en 1665.; des Glaces de miroir en 1666. Le prix des Points de Gènes & de Venife étoit fi exces

Et nos Voifins fruftrés de ces tributs ferviles
Que payoit à leur art le luxe de nos villes.
Tantôt je tracerai Tes pompeux Bâtimens,
Du loifir d'un Héros nobles amusemens.
145 J'entens déja frémir les deux mers étonnées,
De voir leurs flots unis au pié des Pirénées.

REMARQUES.

fif, qu'on en a vû vendre une garniture fept mille Francs. C'eft à quoi les deux Vers fuivans font allufion.

VERS 141. Et nos Koifins fruftrés de ces tributs ferviles, &c.] On verra (Tome III.) dans une Lettre de l'Auteur à M. de Maucroix, que La Fontaine faifoit un ças fingulier de ce Vers & du fuivant, dans lesquels l'Auteur loüe le Roi d'avoir établi la Manufacture des Pants de France, à la place des Points de Venife. M. de Maucroix prétendoit avoir porté ce jugement avant La Fontaine, comme on le verra dans fa Réponse à M. Despréaux.

CHANG. Vers 142. Que payoit à leur art, &c.] Après ce Vers, il y avoit ces quatre autres, que l'Auteur a retranchés dans les dernieres Editions.

O que j'aime à les voir, de Ta gloire troubles,

Se priver follement du fecours de nos bles!

Tandis que nos vaisseaux par-tout mattres des ondes,
Vont enlever pour nous les trésors des deux Mondes.

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VERS 143. Tes pompeux Batimens.] Le Roi fai, foit alors batir le Louvre, avec cette Façade, que l'on admire, comme un des plus beaux morceaux d'Archi tecture. Mais il abandonna cette entreprise, pour faire bâtir à Versailles, & en plufieurs autres endroits. les deux mers étonnées, &c.] Le Ca nal de Languedoc. DESP

VERS 145.

--

Il fait la communication de la Mer Méditerranée avec l'Océan, Le deffein en fut propofé en 1664. par le Sieuz Paul Riquet de Beziers, & l'on commença d'y travailler en 1665.

Déja de tous côtés la Chicane aux abois S'enfuit au feul aspect de Tes nouvelles loix, O que ta main par-là va fauver de Pupilles! 150 Que de fçavans Plaideurs deformais inutiles!

Qui ne fent point l'effet de Tes foins généreux?
L'Univers fous Ton Régne a-t-il des Malheureux?
Eft-il quelque vertu dans les glaces de l'Ourse,

Ni dans ces lieux brûlés où le jour prend fa fource, 155 Dont la trifte Indigence ofe encore approcher,

Et qu'en foule Tes dons d'abord n'aillent chercher ?
C'est par Toi qu'on va voir les Mufes enrichies,
De leur longue difette à jamais affranchies.
GRAND ROI, pourfui toujours, affure leur repos.

REMARQUES.

VERS 148. Senfuit au feul afpect de Tes nouvelles loix.] L'Ordonnance de 1665. DESP.

Le Roi fit affembler les principaux Magiftrats de fon Confeil & du Parlement, qui tinrent plufieurs conféren ces chez M. le Chancelier Seguier, au commencement de l'année 1667. pour examiner & arrêter les Articles de l'Ordonnance Civile, qui fut publiée au mois d'Avril de la même année. L'Ordonnance Criminelle fut dreffée & examinée de la même maniere, & enfuite publiée au mois d'Août 1670.

VERS 150. Que de fçavans Plaideurs deformais inutiles.] C'eft après ce Vers qu'étoient placés les trente-deux qui finiffoient cette Epitre, qui furent fupprimés dans la feconde Edition en 1672. & que nous avons rappor tés dans les Remarques fur l'Avertiffement qui précede Cette Pièce.

VERS 156. Et qu'en foute Tes dons d'abord n'aillent chercher.] En 1663. le Roi donna des pensions aux Gens de Lettres, dans toute l'Europe.

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