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C'eft-là l'unique étude où je veux m'attacher. Que l'Aftrolabe en main, un autre aille chercher Si le Soleil eft fixe, ou tourne fur fon axe, 30 Si Saturne à nos yeux peut faire un parallaxe:

REMARQUES.

en moi-même.] Voilà le fujet de cette Epitre. Le texte s'en trouve dans ce mot de Perfe: Tecum habita. Sat, IV. à la fin. Et dans celui-ci : Nec te quafiveris extra. Sat. I. Vers 7. Et enfin dans ce Vers, qui eft le 23. de la Satire quatrieme.

!

Ut nemo in fefe tentat defcendere, nemo.

VERS 28. Que l'Afrolabe en main, &c.] On a rapporté fur le Vers 429. de la Satire X. la jufte critique, que Madame de La Sabliere faifoit de ce Vers.

S. M. Despréaux eût beaucoup mieux fait de profiter de cette critique que de s'en venger en dépeignant, dans fa Satire X., cette Dame comme une Sçavante ridicule.

S. VERS 29. Si le Soleil eft fixe ou tourne fur fon axe.] Suivant M. l'Abbé Du Bos, dans fes Réflexions Criti ques fur la Poefie & fur la Peinture, M. Despréaux a dit cent fois qu'il n'avoit fongé qu'à opposer le fentiment de ceux qui faifoient tourner le Soleil fur fon Axe, au fentiment de ceux qui n'avoient pas voulu qu'il tournât fur fon Axe; & c'eft auffi le fens le plus naturel que préfente ce Vers, Cependant il a plu à quelques Critiques de l'interpréter autrement. Voyez la Remarque fur le Vers 429. de la Satire X.

VERS 30. Si Saturne à nos yeux peut faire un parallaxe.] Les Aftronomes appellent Parallaxe, la différence qui eft entre le lieu véritable d'un Aftre, & fon lieu apparent; c'est-à-dire, entre le lieu du Firmament auquel l'Aftre répondroit s'il étoit vu du centre de la Terre ; & le lieu auquel cet Aftre répond étant vû de la furface de la Terre. Cette différence ou Parallaxe eft d'autant plus grande, que l'Aftre eft plus près de l'Horifon, & qu'il eft moins éloigné de la Terre. Ainfi, il n'y a point de Parallaxe quand l'Aftre eft fur notre tête, & la grande diftance qu'il y a entre Saturne & la Terre, fait que la Parallaxe de cette Planete n'eft prefque pas

Que Rohaut vainement féche pour concevoir, Comment tout étant plein, tout a pû fe mouvoir: Ou que Bernier compofe & le fec & l'humide Des corps ronds & crochus errans parmi le vuide.

REMARQUES.

fenfible à notre égard. Tous les Aftronomes font le mot de Parallaxe, du genre féminin. Notre Auteur auroit pû dire: Si Saturne à nos yeux fait une Parallaxe. Mais il a préféré l'autre maniere comme plus poëtique. BROSSETTE.

Il est à croire, comme M. Du Monteil l'a fort bien remarque, que M. Despréaux n'a fait Parallaxe mafculin, que parce qu'il l'a cru de ce genre. J'ajoute, que cette faute n'eft apparemment reflée, que parce que perfonne ne l'en a fait appercevoir. La correction en étoit trop aifée pour qu'il ne l'eût pas faite. DE ST. MARC.

VERS 31. Que Robaut vainement féche, &c.] Fameux Cartéfien. DESP.

Jacques Rohaut, d'Amiens en Picardie, mourut à Paris en 1675. I eft enterré à Sainte Géneviève, où l'on voit fon Epitaphe à côté de celle de Defcartes.

VERS 33. Ou que Bernier, &c.] Célèbre Voyageur, qui a compofé un Abregé de la Philofophie de Gallendi.

DESP.

Voyez Satire III. Vers 142.

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VERS 31. 32. 33. & 34. Que Rohaut vainement féche pour concevoir. Comment, &c. Ou que Bernier compose, &c.] S'il y a quelque Vuide dans la nature ou fi tout eft abfolument plein, c'eft une question qui a partagé les Philofophes anciens & modernes, & particuliérement les deux plus célèbres Philofophes du dernier fiècle, Defcartes & Gaffendi. Notre Auteur les défigne en citant leurs plus déclarés Partifans. Rohaut dit avec Descartes, que tout Efpace étant Corps, ce qu'on appelle Vuide feroit Efpace, & Corps par conféquent; & qu'ainfi non feulement il n'y a point de Vuide, mais qu'il n'y en peut pas même avoir. Bernier au contraire veut, après Gaffendi, que tout foit compofé d'Atômes indivifibles, qui errent dans un espace uide infini, & que ces Atômes ne puiffent fe mouvoir

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35 Pour moi fur cette mer, qu'ici-bas nous courons, Je fonge à me pourvoir d'efquif & d'avirons; A régler mes defirs, à prévenir l'orage,

Et fauver, s'il fe peut, ma raifon du naufrage. C'est au repos d'efprit que nous aspirons tous: 40 Mais ce repos heureux fe doit chercher en nous. Un Fou rempli d'erreurs, que le trouble accompagne; Et malade à la ville ainfi qu'à la campagne,

En vain monte à cheval, pour tromper fon ennui,
Le chagrin monte en croupe & galoppe avec lui.

REMARQUES.

fans laiffer néceffairement entre eux de petits espaces vuides. Car, difent les Gaffendiftes, comment les Corps peuvent-ils fe déplacer, & occuper la place de divers autres Corps, fi le Vuide ne leur donne la liberté néceffaire à ce mouvement? A quoi les Cartéfiens répondent, qu'il fuffit pour cela, que dans le même tems qu'un Corps fe meut, les Corps contigus fe déplacent l'un l'autre, de telle maniere que, par un mouvement qui revient au circulaire, le dernier occupe la place du premier, à mefure qu'il la cede. Et comme la différente configuration des Corps femble s'oppofer à ce mouvement, ces Philofophes ajoutent, que la matiere étant divifible à l'infini, elle fe brife en des parties fi petites, & fi différentes dans leurs figures, lorsque la néceffité du mouvement le demande, qu'il s'en trouve toujours qui peuvent s'ajufter de maniere qu'il ne refte aucun Vuide. Voilà felon eux Comment, tout étant plein, tout a pú fe mouvoir.

IMIT. Vers 44. Le chagrin monte en croupe, & galoppe avec lui.] C'est à propos de ce Vers que le Pere Bouhours, dans le troifieme Dialogue de fa Maniere de bien -penfer dans les Ouvrages d'efprit, a dit:,, On ne gâte rien quelquefois, répliqua Philanthe, en enchériffant fur la penfée d'autrui, & on le peut faire fans rafi ner. Horace... dit qu'un Cavalier a derriere lui le chagrin, qui ne le quitte jamais. (Poft equitem fedet

دو

59

99

45 Que crois-tu qu'Alexandre, en ravageant la terre, Cherche parmi l'horreur, le tumulte & la guerre? Poffédé d'un ennui, qu'il ne fçauroit domter,

Il craint d'être à foi-même, & fonge à s'éviter. C'est-là ce qui l'emporte aux lieux où naît l'Aurore,

REMARQUES.

, atra cura.) Un de nos Poëtes l'emporte, ce me femble, fur Horace, en difant:

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Un fou rempli d'erreurs que le trouble accompagne,
Et malade à la ville ainfi qu'à la campagne,

Envain monte à cheval pour tromper fon ennui,

Le chagrin monte en croupe & galoppe avec lui.

„Je vous avoue, repartit Eudoxe, que le François est "plus vif & plus beau que le Latin: mais il y a un ,, autre endroit d'Horace, où le chagrin s'embarque avec les matelots, & court après les cavaliers d'une vtteffe qui furpaffe celle des cerfs & des vents, & cet endroit-là eft plein de vivacité.

"

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Cette Strophe eft de l'Ode XVI. du II. Livre, Vers 21. & renferme le même fonds de penfée que l'endroit, que notre Poëte s'eft propofé d'imiter, Livre III. Ode 1. Vers 37.

Sed timor, & mine

Scandunt eodem quò dominus: neque
Decedit arata triremi, &

Poft equitem fedet atra cura.

50 Où le Perfe eft brûlé de l'Aftre qu'il adore.

De nos propres malheurs Auteurs infortunés,' Nous fommes loin de nous à toute heure entraînés. A quoi bon ravir l'or au sein du Nouveau Monde? Le bonheur tant cherché fur la terre & fur l'onde, 55 Eft ici comme aux lieux où mûrit le Coco, Et fe trouvé à Paris, de même qu'à Cusco : On ne le tire point des veines du Potose. Qui vit content de rien, poffede toute chose. Mais fans ceffe ignorans de nos propres befoins, 60 Nous demandons au Ciel ce qu'il nous faut le moins.

REMARQUES.

IMIT. Vers 54. Le bonheur tant cherché fur la terre fur l'onde.] HORACE, Epitre XI. du Livre I. Vers 28.

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Quadrigis petimus bene vivere. Quod petis, hic eft:
Eft Ulubris: animus fi te non deficit aquis.

VERS 55.

Dans les Indes
VERS 56.

DESP.

VERS 57.

O!

comme aux lieux où mûrit le Coco.] Orientales, & dans l'Afrique.

de même qu'à Cufco.] Ville du Pérou.

des veines du Potofe.] POTOSI, Montagne où font les mines d'Argent, les plus riches de P'Amérique. DESP. Le Potofi eft dans le Pérou. Il y avoit de Potofe, dans la premiere Edition..

VERS 59. ignorans de nos propres befoins.] Que l'on confidere ignorant comme Participe du Verbe igno rer, ou comme Adjectif verbal venant du même Verbe; il a toujours la fignification active, & régit l'Accufatif. Ignorans de nos befoins eft donc une faute de Sintaxe échappée à notre Poëte, à tous fes Critiques & à fon Commentateur lui-même. DE ST. MARC.

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