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de feu Monfieur le Duc d'Orleans, durant les voyages que leurs Majeftez firent en Normandie, en Bourgogne & en Guyenne, avec plein pouvoir de contrefigner les or dres de Son Alteffe Royale, & mefme d'en expedier au nom du Roy quand il le jugeroit neceffaire pour le bien des affaires de Sa Majesté.

Lors que les Troubles arrivez à Paris o bligerent le Cardinal Mazarin de fe retirer hors du Royaume, la Reine mere fut follicitée d'éloigner auffi Monfieur le Tellier: elle refufa long temps cette demande, & il fallut qu'il la preffaft luy-mefme de confentir à fon éloignement, preferant par un zele qui a peu d'exemples le fervice & les interefts de l'Estat, à fa propre fortune.

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Ayant efté rapelle peu de temps aprés, il fut charge luy feul, du poids de toutes les affaires, alors tres- importantes & très-epineules. Il les conduifit neanmoins fi heureufement, qu'aprés quelques conferences qu'il eut avec Monfieur le Duc d'Orleans, ce Prince figna un Traité par lequel il acceptoit l'Amniftie, & confentoit de fe retirer dans fon Appanage & de n'en fortir jamais fona pour un ordre du Roy venir à la Cour, fanc par écrit. Enfuite de cette Negotiation Sa Majefté l'honora de la Charge de Treforier de les ordres, vacante par la mort de Monfieur de Chavigny."

Lors que le Cardinal Mazarin alla à Saint Jean de Luz en 1659. pour negotier la Paix & le Mariage du Roy avec Marie Therese

Infante d'Espagne, Monfieur le Tellier demeura feut auprés du Roy pour entretenir correfpondance avec ce Cardinal, qui luy adreffoit toutes les Relations des Conferen ces qu'il avoit avec Dom Louis d'Haro, pour en rendre compte au Roy & à la Reine me. re, & luy envoyer enfuite les ordres de leurs Majeftez pour finir cette double Negotia

tion.

Ε

Le Roy ayant refolu en 1661. aprés la mort du Cardinal Mazarin de gouverner fon Royaume par luy-mefme, choifit Monfieur le Tellier pour eftre un de fes principaux Miniftres,& il eut en cette qualité l'honneur d'affister à tous les Confeils que Sa Ma jesté tint jufques en 1677. que le Roy you lant recompenfer fes longs fervices Péléva lé 30. Octobre à la Charge de Chancelier de France, qui venoit de vacquer par la mor du Chancelier d'Aligre. Quelque grande que foit cette dignité, on peut dire que les marques d'eftime dont le Roy accompagna fon prefent, furent quelque chofe de plus precieux que le prefent mefme.

Il de donna tout entier à l'exercice dẻ cette éminente Charge, perfuade, comme il l'a dit plufieurs fois, que ne pouvant juger par tout, il eftoit du moins oblige de répandre par tout l'esprit de la justice, & de la faire regner dans tous les Tribunaux de la Monarchie. I feroit difficile de rapporter toutes les gran des chofes qu'il fit pour le bien de l'Etat mais on ne peut oublier la joye qu'il reffentit lors qu'il fcella la revocation de l'Edit de

Nan

Nantes: Il dit, en fortant du Sceau, qu'il confentoit de mourir, apres avoir veu l'exercice public de la Religion Pretendue Reformée banni du Royaume, mourut, en effet, peu de jours apres.

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La mort qui luy fut annoncée par l'Arche vefque Duc de Reims fon fils, ne l'ébranla point; il l'envifagea avec beaucoup de fermeté, fans la moindre oftentation, & avec des fentimens de pieté & d'humilité tres édifians, qui ne furent accompagnez d'aucune foibleffe. Apres avoir cité muni des Sacremens, il mourut à Paris entre les bras de fa Famille le 30, Octobre 168,5.1 en prononçant ces paroles, Mifericordias Domini in æternum cantabo, Il eftoit âgé de 82 ans 6. mois & 11. jours.

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Parmi le grand nombre de vertus qu'il poffeda, celles qui éclaterent davantage, & qui formoient plus particulierement fon ca, ractere, furent la prudence, la vigilance, & l'affabilité. Il fut toûjours heureux, fur tout en enfans; le Marquis de Louvois qui eftoit Paine, Miniftre & Secretaire d'Etat, encherit encore fur fon affiduité au travail & fur fa vigilance. Le fecond, Archevefque Duc de Reims, Premier Pair de France, Maiftre de la Chapelle du Roy, Commandeur de l'Ordre du Saint Efprit & Provifeur de Sorbonne, et tres fçavant & fort recommandable par le bon ordre & la difcipline qu'il a eftablie & qu'il entretient dans tout fon Diocefe. Monfieur le Chancelier eut auffi une fille qui fut mariée à Monfieur de Vil

t

lequier,

lequier, prefentement Duc d'Aumont, Pair de France, & Premier Gentilhomme de la Chambre du Roy. Elle mourut en l'année 1668. Le Marquis de Barbezieux Secretaire d'Eftat, Commandeur & Chancelier des Ordres du Roy, petit fils du Chancelier dont nous venons de faire l'Eloge, & fils du Marquis de Louvois, marche fur les glorieufes traces de fon pere & de fon ayeul.;.

Jean-Baptifte Colbert, Marquis de Seignelay!

I

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Leftoit fils aifné de Meffure Jean Baptifte Colbert Miniftre & Secretaire d'Etat, dont -il a efté parlé dans le premier volume. Aprés qu'il eut fait fes Eftudes, fon pere, qui au milieu des plus grandes affaires dont il eftoit chargé, avoit une application continuelle à l'education de fes enfans, le fit voya ger en Italie & en Angleterre, pour commencer à former, fon efprit, qui promettoit deja beaucoup, en attendant qu'il puft ache. ver luy mefme, de l'inftruire autant par fes avis que par fon exemple. Quelque temps aprés fon retour, le Roy luy accorda la charge de Secretaire d'Etat en furvivance de fon pere, qui commença d'abord à fe decharger fur luy d'une partie du détail de la Marine. Ayant un efprit fuperieur, une grande

memoire,

memoire, une facilité merveilleufe à conce voir, à parler, & à écrire, les, inftructions, d'un tel pere le mirent bien-toft en eftat de fouftenir luy-mefme, avec une extréme capacité, le poids de toutes les affaires de la mer. Quoy que l'application avec laquelle il s'y attacha; euft donne lieu à un grand nombre de découvertesvim, ortantes, pour rendre la Marine auffi utile qu'elle l'a efté dans la fuite, fon grand genie parut encore davantage lors que fuccedant à Monfieur Colbert, il euft à maintenir le bon ordre, la difcipline, & tant de beaux eftabliffemens qu'il

trouva commencez.

Le Roy ayant refolu de chaftier les Genois, & l'entreprife paroiffant tres- difficile à executer, Monfieur de Seignelay fut char. gé de les ordres, avec un pouvoir le plus ample qu'on puiffe donner à un Miniftre, il executa ce qui avoit paru impoffible, & le Doge avec quatre Senateurs furent obligez de venir faire leurs foumiffions a Sa Majette, & de recevoir les conditions qu'elle voulut leur accorder.s

Les Corfaires de Tripoli & ceux de Tu nis avoient, contre la foy des Traitez, priš quelques vaiffeaux François qui negocioient fans precaution, & il eftoir de l'honneur & de l'intereft de la nation que leur infolence ne demeuraft pas impunie. Le Roy conceut le deffein de les faire attaquer, & il chargea le Marquis de Seignelay de l'execution. Les ordres de Sa Majesté furent executez avec tant de fuccess que ces deux Republique's furent

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