une description détaillée dans fon Thermographia Budenfi; il penfe qu'il y a du foufre, de la terre calcaire & du fer dans ces eaux. Derrière Offen fe trouve la fameuse Lande nommée Kerkuniter, dont le fond eft couvert d'un fable (Glariæ Linai) mêlé avec des fragmens de coquillages: toutes les pierres qui fe trouvent très-rares dans tous ces environs font formées d'un pareil mêlange. On peut courir fur ce terrein une demi-journée fans trouver un feul arbre & une feule maifon, excepté celle de la Pofte; mais en revanche cette Lande nourrit pendant 50 lieues de longueur fur autant de largeur, une grande quantité de troupeaux. C'eft dans ce même terrein, & près de Breizin, que se trouve dans des lieux marécageux, le fel alkali minéral, mêlé avec de la terre argilleuse. On prépare depuis long-tems avec ce fel le beau favon de Breizin, que l'on tranfporte dans toute la Hon

grie. Il n'y a pas long-tems qu'on ne confidéroit ce fel que comme du fel ordinaire. M. Stephan-Vefzpremi, très-favant Médecin de Débrezin & M. Juft Torkos ont été les premiers qui aient examiné la nature de ce fel. Le premier le fit connoître dans un Ouvrage qui a pour titre Tentamina de inoculenda pefte Londini, 1775; & le dernier, dans une differtation de Sale minerale alkalico nativo panonico, Pofnonei, 1763. J'ai auffi appris dernièrement de Vienne qu'un jeune Médecin Hongrois, nommé Gabriel Pofmandi, avoit mis fous preffe une differtation où il décrit exactement l'origine de ce fel, fa fituation, ainfi que fes qualités & propriétés : d'ailleurs, j'ai rencontré fur cette Lande, près des lieux marécageux, quelques troupes d'oiseaux qui m'étoient in

connus.

De l'autre côté du Teiffe - tibiscus, le terrein eft bien différent;

je le trouvai charmant, on y rencontre des arbres en abondance & de beaux bleds qui couvrent la terre. Par-tout les Colons y font fort bien établis, leurs villages font bâtis régulièrement avec des briques non-cuites, leur toît eft fait de rofeaux; on eft obligé de bâtir de cette manière faute de: bois, dont tout le pays eft dépourvu. Les plan. rations coûtent ici des sommes trèsconfidérables à notre Souveraine. La plupart de ces Villages ont leur Curé, une Ecole & un magafin de grains; il y a un Infpecteur qui tient tout en ordre & qui veille fur les befoins. Chaque Colon y trouve en arrivant une habitation appropriée, autant de terre qu'il en peut cultiver, & tout ce qui lui eft néceffaire pour fon travail. Au bout de chaque année, il paie pour tout tribut la dixième partie de fes productions en fruit ou nature. Il peut auffi décompter avec le Gouvernement autant que bon lui fem

blera, en déduction des avances qu'il en a reçues, & acquérir par-là peu-à-peu la propriété du terrein qu'on lui a concédé.

Malgré l'ordre qui règne dans cette petite Colonie, il y a peutêtre quelque chofe à dire, en voyant la grandeur de ces villages, dont quelques-uns font de plus de trois cens maisons, ce qui néceffite ces bonnes gens d'aller loin pour cultiver leurs terres, qui ne peuvent pas être toutes auprès du village, étant en trop grande quantité. Il y a plufieurs habitans qui font obligés de faire plus de deux lieues pour parvenir fur leurs poffeffions.

LETTRE II.

Divifion, Bornes, Rivières, Dif tric du Bannat de Temefvar.

ΑΙ

J'AI P
'A 1 parcouru déjà, comme vous
favez, il y a deux ans, tout ce pays,
& étant d'ailleurs originaire de la
Tranfylvanie, j'ai eu affez d'occa-
fions de m'inftruire de tout ce qui
le regarde pour être en état de vous
en entretenir, en attendant quelque
fujet qui appartienne proprement à
la Minéralogie.

Le Temesvar eft cette grande bande de la Hongrie qui eft préfentée dans la carte de Homann fous le nom de Caffanader ou de Temefer Comitat; elle eft placée fous le quarante-cinquième degré nord; ellé a vingt-deux lieues d'Allemagne dans toute fa longueur, & quinze op feize dans fa largeur,