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de trois pieds en douze tâches. Enfin, après une toise & demie, nous atteignîmes la couche aurifère, de laquelle je retirai de tems en tems des échantillons pour les examiner à la fébille, mais je les trouvai toujours fort pauvres, & à peine un grand fceau me donnoit-il un grain d'or. Nous parvînmes à la fin dans la couche de charbon; & ayant reconnu de plus que les couches étoient les mêmes que celles que j'avois obfervées auparavant, je me vis contraint de ne pas aller plus avant. Je trouvai en un mot les chofes telles que je les avois obfervées la première fois..

Tous ces effais me convainquirent que cette terre ne méritoit nullement les dépenfes qu'on feroit pour les exploiter en grand, & qu'on n'en retireroit nullement l'équivalent,

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LETTRE X I.

Continuation du voyage de l'Auteur en Tranfilvanie; Defcription des mines de cuivre près de Deva; & defcription des mines d'or près de Naggag.

fe

LE pays pfar qui se présente près de Lugos, continue jufqu'à moitié chemin de Dobra, où j'atteignis une hauteur compofée de chyte folide, qui s'élève de plus en plus. Derrière Dobra, je rencontrai un faxum metalliferum, qui continue jufqu'à Deva. Mais par quel affreux chemin fus-je obligé de me traîner! D'un côté j'avois l'abîme du Moros, & de l'autre, des rochers immenses tout nuds. Je dis me traîner, car outre quatre chevaux qu'on avoit attelés à ma voi

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ture, on y mit encore huit bœufs. J'arrivai fort tard à Deva. La sûreté du chemin

me foutint contre fes dangers; dès que je fus parvenu aux frontières de la Tranfilvanie, entre Dobra & De

va,

les deux Huffards qui m'avoient accompagné de Lugos, me quittèrent, ne m'étant plus néceffaires. Les Vallacques Tranfilvains qui font en bien plus grand nombre que dans le Bannat, & les Troupes nationales qui gardent les frontières, ainfi que la rigueur qu'on exer ce contre les vagabonds, ne contribuent pas peu à la sûreté du pays. Il n'y a que très-peu de tems que trois voleurs qui s'étoient fauvés du Bannat ici, & qui avoient commis dans la vallée d'Hazeyer des affaffinats, furent empalés vi vans à Deva. Ce châtiment horrible qu'on pourroit nommer inhumain, quoiqu'il ne foit pas fort rare en Sclavonie & dans le Bannat, a fait une telle impreffion fur

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les habitans, qu'on peut hardiment voyager aujourd'hui par-tout, même la nuit, fans courir aucun rifque.

Le lendemain de mon arrivée je fus vifiter les mines de cuivre qui font ouvertes depuis quelques années dans la montagne qui eft à l'oueft, à trois quarts de lieues de Deva. Cette montagne préfente vers sa base une roche chyteufe & talqueufe, fur laquelle eft fife une roche marneufe dure, qui continue en allant vers le haut. C'est dans cette dernière roche que fe trouvent les veines métalliques, & qui y forment, en fe joignant, une mine en amas. Par-là on doit entendre la même chofe que ce que j'ai expliqué dans la lettre neuvième. La différence néanmoins qui fe trouve entre ces deux mines eft très-grande. Celle de Dognaska, comme nous l'avons vu, eft produite par des filons trèsriches & très-puiffans; celle-ci, au contraire, l'eft par des veines

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fort pauvres (1), qui, en se croifant, forment un diamètre de dix toifes, & qui amènent beaucoup de gangue inutile. On a poursuivi les filons bien au-delà de cet endroit; mais jufqu'à préfent on n'y a rien trouvé de digne d'attention, ni dans la profondeur, ni dans la

(1) On voit ici, & par ce qui a été rapporté précédemment, que les Mineurs Allemands, croient que les mines en amas font formées aux dépens des filons qui y aboutiffent, quoiqu'on ait autant de raifon de croire le contraire, c'est-à-dire, que la mine en amas peut avoir auffi - bien fourni du minéral aux veines & filons qui correfpondent avec elles, que les filons à l'amas. Mais quand on connoît mieux le règne minéral on fait qu'il n'en coûte pas plus à la nature de former des mines en amas & des filons en même-tems, & de les garnir de minéral, que de faire produire l'un par l'autre. Il y a même plus, c'eft qu'il eft probable que la nature a formé toutes les mines dans la même époque, & qu'elle n'a pas fait dériver l'une de l'autre ; toutes les obfervations le prouvent; & pour nous borner au fujet qui nous occupe ici, nous dirons que les veines qui aboutiffent aux amas, ne font pas toujours pourvues de la même espèce de mine qui le trouve dans l'amas, comme cela devroit être, fi elles l'a voient fourni à celle-ci.

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