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Le principal exercice de leur Religion confifte dans la lecture de la parole de Dieu, dans des prieres aux Saints, des inclinations devant des Images, dans les Jeûnes, les Proceffions, les Pellerinages, à communier, & à fe confeffer.

Mais fur tout ils tiennent le Baptême comme la feule porte par laquelle on entre dans l'Eglife de Dieu, & l'on va en Paradis. Ils reconnoifffent qu'ils font conçus dans le peché, & que Dieu a inftitué le Baptême pour les regenerer. C'eft pour quoi ils baptizent les enfans dès qu'ils font nez. Si l'enfant eft malade, on le baptize incontinent après, & s'il fe porte bien, on le porte à l'Eglife.

Le Prêtre reçoit l'enfant, le parain & la maraine à la porte de l'Eglife, & leur donne fa benediction, en difant: Le Seigneur garde vôtre entrée & vôtre fortie. Le parain donne des bougies au Prêtre, qui les allume, & les attache en croix à la cuvette, dans laquelle le baptême fe doit faire, qui eft au milieu de de l'Eglife. Il donne de l'eau au parain & confacre l'eau avec beaucoup de ceremonie. Après cela on fait la proceffion avec le parain, qui porte les

bougies à la main à l'entour de la cuvete. Le Clerc marche devant, portant l'image de S. Jean, & ils en font trois fois le tour.

Cela étant fait, le Prêtre demande le nom de l'enfant au parain, qui le lui donne par écrit. Il met ce billet fur une Image qu'il tient fur l'eftomac de l'enfant, & après quelques prieres, il demande au parain i l'enfant croit en Dieu le Pere, au Fils, & au Saint-Ef prit; le parain répond à chaque demande Oui. Le Prêtre ayant encore demandé s'ils promettent d'élever l'enfant dans la vraie Religion, il l'exorcife pour chaffer les mauvais efprits, en difant: Sorts de cet enfant, efprit immonde, & fais place au S. Efprit, & il fouffle trois fois en croix fur l'enfant pour chaffer le diable, dont ils croyent que les enfans font poffedez avant le Baptême. Le Prêtre prend enfuite l'enfant tout nud d'entre leurs bras, & le plonge trois fois dans l'eau, prononçant les paroles ordinaires du Sacrement: Je te baptife an nom du Pere, du Fils du S. Efprit. Toute la ceremonie s'acheve par une petite croix d'or ou d'argent, ou de plomb, felon la qualité & les facultez du pere de l'enfant, que l'on lui pend

au col. Le Prêtre donne auffi un Saint particulier à l'enfant pour fon Patron. Les perfonnes âgées, qui fe font baptifer, & qui embraffent la Religion Grecque ou Mofcovite, reçoivent le baptême dans un torrent, ou dans la Riviere, dans laquelle on les plonge jufques pardeffus la tête, quelque froid qu'il faffe.

Ils ont diverfes Fêtes. Aux plus grandes, ils vont trois fois à l'Eglife, fçavoir le matin devant le jour, fur le midi & fur le foir. Tout le fervice confifte en la lecture que le Prêtre fait de quelque Chapitre de la Bible, de quelque Pfeaume, & du Symbole de S. Anaftafe, à quoi ils ajoûtent quelquefois une Homelie de faint Chryfoftome, & quelque priere, y mêlant de tems en tems, Dien aye pitié de nous. Si un Prêtre s'eft approché de fa femme, il ne peut point ce jour-là venir à l'autel pour dire la Meffe, * & il eft obligé de la faire dire par un autre. Le peuple fe tient debout durant le fervice, & fait fouvent de profondes inclinations devant les images, en difant, Dien aye pitié de moi. Ils font tous découverts à l'Eglife, & le Grand Duc même ne s'y couvre point; il n'y a que

*Cela eft contredit par divers Auteurs, voyez la difpu te de Monfieur Claude contre Monfieur Arnauld.

le Prêtre qui laiffe fur la tête la calotte qu'on lui donne quand on le confacre. Les murailles de leurs Eglifes font toutes couvertes d'images, & fur tout de celles qui reprefentent Nôtre Seigneur, la Vierge Marie, Saint Nicolas Patron de Mofcovie, où les Saints particuliers qu'ils fe choififfent pour le principal objet de leurs devotions. En faifant leurs inclinations devant ces images, ils font fouvent le figne de la Croix des trois doigts de la main droite, qu'ils portent premierement au front, de là à la poitrine, puis à l'épaule droite, & enfin à la gauche, & ils n'entreprennent quoi que ce foit qu'ils n'ayent fait le figne de la Croix.

Ils ne veulent point d'images de Saint ou de Sainte, fi elles ne font peintes & faites de la main d'un homme de leur Religion, qu'ils preferent toûjours à celles des meilleurs Peintres de toute l'Europe, défendant toute representation des Saints, excepté en peinture, parce que la Loi de Moïfe,difent-ils,défend d'adorer les images taillées, & de fe profterner devant elles.

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Tous les Mofcovites ont des images dans leurs maifons, & les confiderent comme une chose fi neceffaire, que fans

elles ils ne pourroient faire leurs prie res. Ci-devant ils vouloient que les Etran gers en euffent auffi dans leurs maisons afi11 que leurs domeftiques Moscovites euffent dequoi faire leurs devotions; mais cela n'a pas eu de fuite, le Patriarche, de crainte de les profaner, ne l'ayant plus voulu permettre. Les grands Seigneurs & les Marchands qui ont du bien, ornent leurs images de perles & d'autres pierreries. Quand un Moscovite entre dans une maifon, il ne dit mot jufqu'à ce qu'il ait découvert de la vûe le Saint; & s'il ne le trouve point, il demande où eft le Dieu ? & dès qu'il l'apperçoit il lui fait une profonde reverence, & après cela il fe retourne vers la compagnie, & la faluë.

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Il y a un Marché à Mofcou où l'on échange les images des Saints & des Saintes; car de dire que l'on les vend, ou que l'on les acherte, c'est un peché.

Parmi un fi grand nombre d'ignorans, il y a cependant des perfonnes affez bien éclairées, lefquelles ne peuvent approuver l'opinion que la plupart du commun Peuple a de leurs Saints, ni le culte qu'ils rendent à leurs images, & qui trouvent dans la Sainte Ecriture des confolations bien plus folides & des fonde

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