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mens bien plus certains.

Les Saints de Mofcovie ne font point fans miracle, non plus qu'ailleurs; quoique Poffevin dit que ce font des Fables, ils en ont cependant, & un entr'autres de nouvelle datte nommé Sudatvvorets Philip Metropolite de la Maison de Collitziou. Il vivoit du tems du Tiran Juan Bafilovitzs, & fe faifoit confiderer par les remontrances qu'il faifoit à ce Prince fur fa mauvaise vie. Bafilovitzs s'en trouvant importuné, le relegua dans un Convent fi éloigné de la Ville de Mofcou, qu'il ne pouvoit plus apprehender fes reproches; mais l'autre fit faire à fa plume ce que fa langue ne pouvoit plus executer, & il reprefentoit de tems en tems les Jugemens de Dieu aux yeux du Grand Duc, & avec des couleurs fi vives, que l'autre ne pouvant plus fupporter cette liberté, l'envoya étrangler par un de fes domeftiques. Ce bourreau trouva fon homme tout prêt à mourir mais il le pria qu'au lieu de l'étouffer avec une corde, il lui voulût donner d'un couteau dans le cœur ; ce qu'il fit. Les Moines du même Convent le mirent au nombre des Saints Martyrs, & envoyerent enterrer fon corps dans l'Ifle de Solofka dans la Mer Blanche proche d'Archangel,

d'Archangel, où l'on dit qu'il a fait beaucoup de miracles.

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Dans le Convent de Troitza ou de la Trinité, à douze lieues de Mofcou, ils ont encore dit Olearius, un autre Saint, nommé Serge, pour lequel les Mofcovites ont beaucoup de veneration. Ce Saint avoit autrefois fait le mêtier de Soldat, mais les defordres qu'il avoit commis en fa jeunelle lui donnerent de fi fenfibles remors de confcience, qu'ils l'obligerent à fortir du monde pour vi vre en Hermite. Il fe retira de la fo. litude dans le Convent de la Trinité, où il fut bien- tôt élû Abbé, & y fis tant de miracles avec fon difciple Nikon, qu'étant decedé en 1563, l'on canonifa l'un & l'autre. Ce Convent eft fr riche qu'il nourrit plus de trois cens Moines, & fon revenu s'augmente tous les jours par les liberalitez du Grand Duc, & par les aumônes des paffans, qui s'y acquit tent des vœux qu'ils ont faits en leurs voyages, ou en leurs maladies, & y font des fondations pour des fervices après leur mort. Le Grand Duc y alloit ci-devant deux fois l'an en pelerinage, il defcendoit de cheval à une de mie-lieue du Convent refte du chemin à pied.

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& faifoit le Après avoir

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achevé fes devotions, il fe divertiffoit quelques jours à la chaffe, pendant laquelle l'Abbé le défrayoit avec fa fuite de vivres & de fourrage.

La plupart des Eglifes, & fur tout les modernes, font bâties en dôme, & toutes voutées, parce, difent-ils, que les Maisons ou Dieu habite, doivent en quelque façon reprefenter le Ciel qui eft fon Trône. Il n'y a dans les Eglifes ni bancs ni fieges, parce que perfonne ne s'y affied; mais tout le monde fe tient debout ou fe met à genoux pour faire fa priere. Ils ne fouffrent point d'orgue ni d'autres inftrumens de mufique dans leurs Eglifes, & difent que les chofes inanimées ne font pas capables de glorifier Dieu. Il n'y a point d'Egli fe qui n'ait au milieu quatre tourelles, & une tour, au haut de laquelle il y a une Croix triple, par laquelle ils difent qu'ils reprefentent Nôtre Seigneur, comme Chef de l'Eglife, & difent que la Croix eft la marque du Chriftianifme, & qu'il faut neceffairement que l'Eglife de Jefus fe faffe connoître par là.

Ils avoient autrefois cette opinion que leurs Eglifes étoient profanées quand les Etrangers y entroient, ce qui n'eftoit permis à perfonne. Sous le Czar regnant,

il eft permis aux Etrangers d'aller dans les Eglifes Mofcovites.

Ils croyent le carillon & la fonnerie des cloches fi neceffaire ⚫ que fans cela il femble que leur Liturgie feroit imparfaite, & d'ordinaire la corde tient au battant, & non pas à la cloche; de forte qu'un feul homme peut fonner trois ou quatre cloches à la fois. Le grand nombre des cloches & leur carillon, par la quantité qu'il y en a à Mofcou, fait un bruit affez incommode à ceux qui n'y font pas accoûtumez.

Il n'y a point d'Eglife qui n'ait une image fur la porte, il y en a même prefque à tous les coins des rues, où les Mofcovites s'arrêtent pour dire leurs Gafpodi ou leurs prieres, de forte qu'il n'y a prefque point de rue où on ne les voye profternez.

Le Gouvernement Ecclefiaftique eft compofé d'un Patriarche, & de plufieurs Metropolitains, Archevêques & Evêques. Le Patriarche a chez eux la même autorité que le Pape dans l'Eglife Latine.

L'élection du Patriarche de Mofcovie fe fait par les autres Prelats, qui s'affemblent dans la grande Eglife du Château qu'ils appellent Sabor, lefquels

romment deux ou trois Prelats de leur

corps, des plus confiderez pour leur fçavoir & pour la probité de leur vie, qu'ils prefentent au Grand Duc, qui après avoir communiqué avec les autres Prelats, procede avec eux à l'élection. Le Pa triarche a fa demeure dans le Palais, où il a fait bâtir un bel Hôtel de pierre. L'autorité du Patriarche eft fi grande, qu'il partage en quelque façon la fou veraine puiffance avec le Grand Duc pour le Gouvernement Ecclefiaftique, & il difpofe abfolument des affaires de la Religion, & même avec autant de pouvoir, de forte qu'il reforme dans la Police ce qu'il croit être contre les bonnes mœurs, ou contre la modestie chrétienne, fans que le Grand Duc s'en mê finon pour faire executer fans aucune conteftation tout ce que le Patriar che ordonne. Depuis la mort du dernier Patriarche, le Czar à prefent regnant a défendu qu'on élût un nouveau Patriar che, & s'eft declaré lui-même Chef & Gouverneur de fon Eglife.

le,

Pour les Cloîtres, ils ont leurs Abbez, leurs Prieurs & leurs Gardiens, comme en France & ailleurs. Les Metropoli tains, Archevêques & Evêques ne fe marient point, & font vou de chafteté

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