Imágenes de páginas
PDF
EPUB

pour le tems qu'ils font conftituez en cette dignité.

Les Religieux ne mangent point de viande, ni même de poiffon frais, & ne boivent point de vin, d'eau-de vie ou d'hidromel, mais ils font obligez de fe contenter de leurs Ques ou de leur or dinaire, quoique fouvent ils fe difpenfent de cette Loi, & mangent de tout ce qu'on leur donne.

L'habit ordinaire des Métropolitains, des Archevêques & Evêques, comme auffi de leurs Moines, eft une espece de foutane noire, fur laquelle ils mettent une veste de la même couleur, & à peu près de la même façon que celle des autres Mofcovites. Leur coiffure ou chaperon a au moins une aulne & demi de diametre. En allant par la Ville ils portent à la main un bâton crocha, qui leur fert de croffe.

Comme on compte plus de deux mille Eglifes dans Mofcou, & que chacune eft fervie par trois, quatre ou cinq Popes ou Prêtres, on peut juger du nombre qu'il y en a dans Mofcou, fans y joindre ceux des Grands Seigneurs. Ceux qui veulent embraffer cette forte de Prêtrife, s'ad dreffent au Metropolitain qui les examine; s'il trouve qu'ils fçachent mediocre

ment bien lire, écrire & chanter dan's l'Eglife, il leur donne l'Ordre & une attestation, on les habille comme on vient de dire, & on leur coupe les cheveux au haut de la tête, que l'on couvre d'une calotte, qui eft le feul caractere .de leur Prêtrife, & qu'ils n'ôtent jamais que pour le faire couper les cheveux. Le Czar à prefent regnant, a commandé qu'à l'avenir tout le Clergé de fes' Etats fera obligé d'apprendre le Latin fans quoi aucun ne pourra faire la fonction de Prêtre. Ces Protopopes & fimples Prêtres font obligez de fe marier, mais ils ne peuvent pas fe marier en fecondes nôces, s'ils ne renoncent à la Prêtrife.

[ocr errors]

Ils ont un très-grand nombre de Convents de Religieux & de Religieufes tant dans la Ville qu'à la campagne, qui fuivent prefque tous la Regle de Saint Bafile le Grand. La pauvreté, l'âge & les infirmitez rempliffent plus les Convents que la devotion. Autrefois les fuperftitieux y donnoient tout leur bien, de forte que fi on n'y eut donné ordre, les Moines euffent occupé une bonne partie du bien de la Mofcovie. Le Czar regnant, a ordonné qu'à l'avenir il n'y auroit que des perfonnes au-deffus de

cinquante ans qui pûffent être admifes dans les Monafteres , remarquant qu'il s'y renfermoit un nombre confiderable de jeunes gens qui devenoient inutiles & qui ne faifoient que mettre obstacle à l'accroiffement de fes Sujets, dont il avoit befoin pour la guerre.

Ces Moines ont leurs heures reglées pour le service. L'aufterité de leur vie eft fort grande, en ce qu'ils ne vivent que de poiffon falé, de miel, de lait & de fromage, d'herbes, de légumes, & particulierement de concombre confites au fel & au vinaigre. De dix, dit Olearius, il n'y en a pas un qui fçache l'Oraifon Dominicale, & prefque point qui fçache le Symbole des Apôtres & les Commandemens de Dieu.

de

Ils jeûnent le Mercredi & le Vendredi, & ils s'abftiennent de toute viande, & même d'œufs & de lait. Leur année eft composée de plus de jours maigres que gras. Car outre les deux jours de chaque femaine, les veilles des grandes Fêtes, ils jeûnent pendant quatre Carêmes, dont le premier commence fept femaines avant Pâques. Le fecond commence huit jours après la Pentecôte, & dure jufqu'à la S. Pierre. Le trofiéme commence le premier Août jufqu'au feize,

& le quatrième, depuis le 12. Novembre jufqu'à Noel. Ils font fi exacts à l'obfervation de leurs Carêmes, que même ils l'obfervent dans leurs plus grandes maladies.

Les perfonnes qui font parvenues en âge de connoiffance, font obligées de fe confeller devant la Communion. Cette devotion eft volontaire parmi eux, mais il n'y a prefque point de Mofcovite qui ne communie à Pâques. Ils s'y préparent huit jours durant par une mortification extraordinaire, pendant laquelle ils ne mangent que du pain dur & ne boivent que de l'eau. Ils font leur confeffion debout au milieu de l'Eglife. Le Prêtre en leur donnant l'abfolution, leur ordonne auffi des Penitences, comme de reciter diverses prieres, de s'abftenir des femmes, & autres fortes de penitences.

Ils communient ordinairement la veil le de Pâques, fous les deux efpeces, mêlant de l'eau avec le vin. Le pain doit avoir été paitri & cuit par la veuve d'un Prêtre, ce qu'ils croyent être de l'effence du Sacrement. On le confacre le jour de la Communion, ou le Jeudi de devant Pâques; l'un pour les communiants qui fe prefentent, & l'autre pour les malades, & on garde celui-ci le long de

[merged small][ocr errors]

l'année. Quand on veut faire communier le malade, l'on en prend une miette, fur laquelle on verfe trois goutes de vin clairet, où l'on mêle quelquefois un peu d'eau, & l'on le donne au malade dans une cuilliere. S'il n'eft pas en état d'avaller le pain, on ne lui donne que le vin confacré. Pour la Communion on fe fert d'un pain confacré de la même forme, un peu plus grand qu'un demi écu, où il y a au milieu la figure d'un Crucifix, ce qu'ils enlevent, & le rompent en autant de morceaux qu'il y a de communians, y jettent dedans, comme on l'a déja dit, du vin clairet, & y mêlent un peu d'eau. Le Prêtre en donnant la Communion, prononce ces paroles: Ceci eft le vrai Corps & le vrai Sang de notre Seigneur Ffus Chrift, qui a été donné pour toi, & pour plufieurs, en remiffion de tes pechez, lequel tu prendras en memoire de lui. Dieu te beniffe.

Les plus devots dorment après la Communion, afin de ne point pecher ce jourlà. Le refte du pain confacré fert de pain - benit, & le Prêtre en donne un morceau le Dimanche suivant à chacun de ceux qui ont communié dans la femaine.

« AnteriorContinuar »