Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Royaume dans le pillage qui fut fait du Château, s'étant affocié avec deux Polonois, il fe fauva en Pologne & fe fervit de la même invention que le premier impofteur Demetrius. Ce fecond ayant publié de même par tout en paffant qu'il s'étoit fauvé du maffacre à la faveur de la nuit, & qu'on en avoit tué un autre pour lui. Cela donna occafion aux Polonois de fe fervir de ce nouveau perfonnage, pour exciter de nouveaux troubles en Mofcovie & pour venger la mort de leurs compatriotes. Dans cette veue ils le mirent à la tête d'une nombreufe armée, qui donna beaucoup de tablature aux Mofcovites; ce qui obligea Zuski de relâcher l'époufe du premier Demetrius qu'il avoit retenue en prifon depuis le masfacre de fon mari, & de prier le Roy de Pologne de vouloir rappeller fes Troupes. Cette Princeffe n'eut pas plûtôt été mise en liberté, qu'elle reconnut encore ce nouveau Demetrius pour fon mari. S'étant formé en faveur de ce fecond faux Demetrius un puiffant parti, tant en Mofcovie qu'en Pologne ; Zufki se vit fur le point de fuccomber fans le fecours que le Roy de Suede lui envoya fous le commandement de Pont de la Gardie. Sigifmond Roy de Pologne, faifant fon profit des divifions de Mofcovie, forma le deffein de conquerir

[ocr errors]

la Province de Severie & la ville de Smo lenfxo, qu'il affiegea en 1609. & qu'il ne prit que deux ans après, comme on l'a déja dit. Sigifmond voyant que fes forces diminuoient par la quantité de fes fujets qui avoient fuivi le parti de Demetrius, creut qu'il étoit de fon interêt de les rapeller; ce qui affoiblit autant le parti de Demetrius qu'il renforça celui de Zuski, qui fit marcher fon armée vers Smolenfro pour en faire lever le fiege. Mais n'ayant pû y fir, & pour comble de difgrace, fon armée ayant été mife en déroute, cela donna occafion à fa dépofition, auquel fucceda Uladiflas fils de Sigifmond. Mais avant que d'en venir à ce Prince, il faut encore dire un mot du troifiéme fuppofé Demetrius. La mort du fecond impofteur Demetrius arriva quelque temps après; il fut affaffi

réuf

né par les Tartares au milieu d'un feftin, pour venger la mort de leur Prince Kafinow ki, qu'il avoit fait noyer dans la Riviere d'Occa. Ce Demetrius avoit été maître d'Ecole à Socola,ville de la Ruffie blanche, d'où les Polonois l'avoient tiré, dans le deffein de fe fervir de fon nom pour l'avancement de leurs deffeins; d'autres ont fuppofé qu'il avoit été Juif, parce qu'on trouva dans fon cabinet quelques Livres Hebreux & du Talmud. Son fils qui étoit fuppofé,

comme on croît, fut reconnu pour grand Duc par les habitans de Caluga; Zurucki même fe declara pour lui, & fit consentir les Rufficns à le reconnoître pour leur legitime Prince, fous promeffe de leur ayder à chaffer les Polonois.

Du troifiéme fuppofé Demetrius.

UN

An. 1608.

N Commis d'un Secretaire d'Etat voulant encore faire revivre Demetrius, en prit le nom, fe dit fils de Bafile, & repandit le bruit qu'il s'étoit fauvé d’IJgleez, de Musko & de Caluga, d'entre les mains & de la fureur des Tartares. Quelque groffiere que parût cette imposture, elle ne laiffa pas d'avoir des partifans. Ce troifiéme Demetrius étoit hardi, entreprenant, & il ne manquoit ni d'efprit, ni de conduite.Il ramaffa d'abord une centaine de Mofcovites, & s'étant infenfiblement fait un parti confiderable, il parut en Campagne, publiant un Manifeste par lequel il exhortoit fes fidelles fujets de le reconnoître; il marcha vers Novogrod, où la populace le reçut ; & par cet exemple ils perfuaderent les habitans de Jama & d'Iwanogrod de faire la même chofe. Lorfqu'il fe vit maître de ces places, il dépêcha aw

Roy de Suede pour donner plus de crédit à fon entreprife, & le folicita d'embrasser sa deffenfe contre l'ufurpateur Federowich. Le Roy de Suede fut furpris de cette Ambaffade, & admiroit comment ce Demetrius pouvoit être immortel & reffufcité après avoir été tué deux ou trois fois. Il envoya neanmoins Petrejus à Iwanogrod, pour s'informer ce que ce pouvoit être, & promettre affistance à ce Demetrius. Petrejus étant arrivé à Iwanogrod, fit demander audiance à ce nouveau grand Duc, lequel étant informé que cet Ambaffadeur avoit connu particulierement celui dont il prenoit le nom, feignit d'être malade, & envoya quelques-uns de fes Confeillers pour travailler à un traité, qu'il promit de ratifier, dès qu'il feroit un peu mieux. Petrejus lui fit dire qu'il avoit des inftructions fecrettes,& qu'il ne pouvoit rien faire avant que de lui parler. Mais ayant été remis de jour en jour fous divers prétextes; Petrejus quitta enfin Iwanogrod, & retourna en Suede rendre compte au Roy fon Maître de fa negociation. Cependant cet impofteur s'avança vers Plefchow, qu'il fit fommer de fe rendre. Federowich l'ayant approché, il prit l'alarme & s'enfuit, laiffant derriere lui canons & bagages. Les Officiers du grand Duc ayant difperfé cette popu

lace ramaffée, fe retirerent avec l'armée. Mais à peine eut-elle quittée Plefchow,que cette ville envoya des Ambaffadeurs à Demetrius, & le reçut avec de grandes marques de joye. Mais au lieu de menager les habitans, il fe jetta dans toute forte de débauches, de forte que les Mofcovites & les Cofaques l'ayant abandonné; quelquesuns plus fages refolurent de fe faifir de lui & de le livrer à l'Empereur. Il s'en apperçut & donnant des éperons à fon Cheval, il fe voulut fauver; mais ayant été bleffé & arrêté, on l'envoya poingts & pieds liez à Moscou, où par le commandement du grand Duc il fut pendu à un Chêne à l'une des portes de la Ville.

L

ULADISLA S. An. 1611.

Es Seigneurs de Mofcovie, dans une fituation auffi fâcheuse, dans la vuë de contenter les Polonois, & d'éviter la jaloufie des Seigneurs les uns contre les autres, s'ils en prenoient de leur nation, & de calmer les troubles; & d'ailleurs n'en connoiffant aucun qui cût de plus grandes qualitez que Uladiflas, fils ané de Sigifmond Roy de Pologne, ils firent prier le Roy fon pere de trouver bon qu'Uladiflas acceptât la Couronne. Le Roy y con

« AnteriorContinuar »