cedens par les fuppofez Demetrius combien la Mofcovie a été fertile en fourbes; en voici encore un du même ordre, fe difoit fils de Zuski dont nous avons parqui lé, & qui avoit été le Chef de la confpiration contre le premier pretendu Demetrius, & qui fut fait grand Duc. Ce fourbe étoit de la Ville de Vologda en Mofcovie Capitale de la Province de même nom. Il étoit fils d'un Marchand Linger Hommé Demko Aukudina. Ce jeune homme, qui s'appelloit Timoska, érant bien fait de fa perfonne, fut pris en affection par l'Archevêque de Vologda, qui le mit à fon fervice, & lui fit époufer fa niece.Cer honneur le rendit fuperbe & le porta à prendre la qualité de Gendre du Palatin de Vologda, à faire, des dépenfes extraordinaires, & à diffiper tout le bien de fa femme. L'Archevêque étant mort, il fe retira avec fa famille à Mofcow, où il eut un emploi dans le bureau des liqueurs; mais il n'y fut pas long-temps fans tomber en diverfes malverfations dans l'adminiftration de fon emploi, & dans la veuë d'y mettre ordre il emprunta les bijoux de la femme d'un de fes amis, qu'il diffipa. Et offenfé enfuite des reproches de fa femme fur fa mauvaise conduite, il l'enferma dans un poêle, y mit le feu & la fit ainfi miferablement perir. On creut qu'il y avoit peri lui-même, mais s'étant fauvé fecretement en Pologne, & delà auprès de Chmielniski General des Cofaques, il le pria de le proteger contre les perfecutions qu'on lui faifoit, parce qu'il étoit proche parent de Zuski, qui avoit été grand Duc de Mofcovie. Sa fourbe commençoit à réüffir, lorfqu'un Mofcovite le reconnut; ce qui l'obligea de s'enfuir à Conftantinople, où il fe fit Turc. Y ayant commis quelque crime, i' paffa à Rome,où il abjura le Mahometifme, & fe fit Catholique Romain. De Rome il paffa à Vienne, & de-là en Tranfilvanie auprès du Prince de Ragoski, qui lui donna des lettres de recommandation auprès de la Reine Chrif tine de Suede Cette Princeffe le reçut fort bien & le confidera comme fils du grand Duc Zuski. Mais ayant fçu fa qualité par un Envoyé du grand Duc, elle le fit arrêter à Revel en Livonie, d'où il fe fauva & paffa à Bruxelle, puis à Leipfick, où il fir profeffion de la Religion Lutherienne. Peu de temps après le Duc d Holftein le fit prendre, & le mit entre les mains de ceux que le grand Duc envoya en 1653. pour l'emmener à Mofcou. Lorsqu'on l'interrogea, il voulut foûtenir qu'il étoit Prince & fils du grand Duc Zuski; mais après qu'on lui eut confronté fa mere & fon fils, il ne voulut plus parler, quoiqu'on l'appliquât à la queftion. Ayant été condamné comme un impofteur, on le conduifit dans la grande place, où l'executeur lui coupa les deux bras & les deux jambes, & enfin la tête, qui fut attachée au haut d'un pieu, & le corps jetté à la voirie. Michael Fodorowitz mourut le douze Juillet 1645. Ce Prince fe fit aimer de fes fujets par fa prudence, par fa moderation & par fon courage. Il avoit époufé Eudoxe Lucanowna, qui mourut huit jours après lui. Il en eut : ALEXIS MICHAELOWITZ. MIchael Fœdorowitz étant mort le 12 Juillet 1645. le lendemain 13. les Kneaz & les Bojares firent la ceremonie du couronnement de fon fils Alexis Michaelowitz, qui n'avoit encore que feize ans accomplis. Le Kneaz Boris Iwanowits Morofon fon Gouverneur, apprehendant que fes ennemis ne priffent avantage de la jeuneffe du Prince, preffa fi fort fon couronnement, que l'on ne put pas y appeller tous ceux qui avoient droit d'y affifter. Après le couronnement d'Alexis, Morofou devint le favori & le premier Miniftre du Prince, & prit le même pouvoir dans l'administration des affaires de l'Etat, qu'il avoit fur l'efprit d'Alexis. Quelques années après ayant perfuadé le grand Duc à époufer une des deux filles de Ilia Daw lowitz Miloflausky, huit jours après ce Seigneur époufa lui-même l'autre, il devint par là beaufrere du grand Duc. Miloflausky le beaupere fe voyant par l'alliance de fes deux filles prefque au fuprême dégré de Grandeur, établit pour premier Juge de la ville de Mofcou un nommé Pleffeou, & fon beau-frere nommé Trochaniotou, lefquels par une infinité de concuffions accablerent le peuple. Les habitans las de cette tirannie, attendent le Czar au fortir du Chàteau,fendent la preffe de ceux qui l'accompagnoient,faififfent la bride de fon Cheval, & le prient d'écouter leurs juftes plaintes. Le Czar leur ayant promis juftice, ils étoient prêts à retourner chez eux, lorsque quelques-uns des amis de Pleffeou de la fuite du Czar, pouffant leurs chevaux dans la foule du peuple, en battirent quelquesuns à coups de fouet; dont le peuple fut fi offenfé que ces Seigneurs ayant été chargez en un inftant d'une grêle de caillous, furent obligez de fc fauver à bride abatuë au Château, & tout ce qu'ils purent faire fut de gagner la chambre du grand Duc. La refiftance des Gardes ne fervit qu'à irriter la rage du peuple, qui menaça de forcer l'appartement du Prince, & de faire main baffe fur tout ce qu'ils trouveroient fi on ne leur livroit prefentement Pleffeou. Morofou fortit fur un Balcon & tâcha d'appaifer le peuple, en l'exhortant au nom de Sa Majefté Czarienne de fe féparer, & de faire ceffer la mutinerie. Mais on lui dit qu'on lui en vouloit auffi bien qu'à Pleffeou. La plûpart furent en un inftant à fon Hôtel, qui fut pillé & renverfé. Le Chancelier de Mofcovie n'en fut pas quite à meilleur marché; & quoiqu'au lit malade, le peuple enragé le tira par les pieds le long des dégrez de fon Hôtel, & il fat achevé à coups de bâ ton dans la cour. Cette même fureur continuant encore le lendemain, le grand Duc fit fortir Ivanowitz Romanou, qu'on favoit être agréable au peuple. Ce Seigneur fe presenta au peuple, le bonnet à la main, & leur dit qu'il croyoit qu'ils devoient être fatisfaits des affurances qu'ils avoient reşues du grand Duc. Ils répondirent qu'i's ne fe plaignoient pas du grand Duc, mais de ceux qui abufoient de fon pouvoir; & qu'ils ne fe retireroient point que l'on ne leur eût mis entre les mains Morofon,Pleffeon & Trachaniston, pour le venger fur fe eux du mal qu'ils avoient fait à tout le |