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Après avoir executé, exilé & puni la plupart des autres criminels; il donna ordre à la Princeffe Sophie de fortir du Palais & de fe retirer dans un Monaftere qu'elle avoit fait bâtir. Elle fit difficulté, & forma le deffein de chercher une retraite en Pologne. Le Czar en ayant été informé,donna ordre de la conduire de gré ou de force aut Couvent, avec ordre d'en garder les avenuës, pour que perfonne n'y entrât. Voilà où finit la regence de cette Princeffe. Le Czar fit enfuite fon entrée à Mofcou, avec toute fa famille,& alla defcendre au Palais. L'Empereur Jean qui n'avoit pas eu grand part à ce complot, vint recevoir fon frere au haut du degré,& ils fe jurerent une amitié reciproque. Après quoi chacun fe retira dans fon appartement, & depuis on ne fit plus mention de Jean qu'à la tête des Actes, fes indifpofitions continuelles l'ayant obligé à fe demettre du Gouvernement & d'en laiffer toute la conduite à fon frere Pierre. Le Czar Jean mourut en 1696.

PIERRE ALEXIEWITZ, seul.
An. 1696.

SA

A Majesté Czarienne fe voyant tranquille dans fes Etats, forma la refolution de profiter de la mauvaise fituation

des affaires des Turcs, pour porter fes armes vers la petite Tartarie, & de s'emparer d'Afoph, place importante fur la Mer Noire. Le fuccès n'en fut pas heureux la premiere campagne, faute d'avoir des Ingenieurs affez habiles pour la conduite de ce hege,ce qui fut cause qu'il échoua. En ayant receu l'année suivante de l'Empereur, avec lequel le Czar entra en alliance, il emporta cette place. L'avantage que le grand Duc tira de cette conquête ne fut pas autfi confi derable que l'on le crut d'abord, mais elle donna du moins de l'éclat & de la reputation aux armes Mofcovites, & fit juger que fous le commencement du Czar Pierre, les affaires de Moscovie alloient reprendre de nouvelles forces,ayant même défait devant Afoph l'armée des Turcs de la maniere fui

vante.

An. 1697. Le Generaliffime Alexei Simonowitz, qui étoit devant Asoph, ayant été informé de la jonction des Turcs & des Tartares, fe mit en état de les recevoir. Les Turcs marcherent dans le deffein de hazarder un combat & d'obliger les Mofcovites à lever le fiege de cette place. Comme ils s'avançoient pour attaquer l'armée Moscovite,lcGeneraliffimeScheen fortit duCamp avec la Cavalerie, & foûtint fi vigoureusement leurs premiers chocs, qu'après quel

ques heures de combat, pendant lequel ils furent rompus autant de fois qu'ils fe rallierent, il les mena battant pendant trois heures jufqu'à la riviere de Kalganski, où leur déroute fut entiere & complette. Le combat dura onze heures, & couta autant peu de monde aux Mofcovites, que la défaite fut grande & confiderable pour les Turcs & les Tartares. Après cet échec la ville d'Afoph fut obligée de fe rendre. La même année le grand Duc envoya une celebre ambaffade en Angleterre & aux Etats Generaux, qui eut audience de Sa Majesté Britannique à Utrecht, où elle fe trouva alors, & de M. les Etats Generaux à la Haye qui étoient affemblé à Rifwick.

An. 1698. Sa Majefté excitée par la curiofité de connoître le Gouvernement des Cours de l'Europe, après avoir voyagé & vifité les années precedentes la plupart des Cours de l'Empire, la Hollande & l'Angleterre, dans la vene de fe fervir en habiTe politique de leurs lumieres, il pafsa cette année à Vienne où il fut reçu de Sa Majesté Imperiale felon fon rang, & comme il l'avoit été dans les autres Cours.

Dans le temps qu'il étoit à Vienne, ayant été imformé que les Strelitzes milice peu près pareille aux Janiffaires en Turquie, ou faute de paye, ou plûtôt excitez

à

par quelques Boyares mécontens, ou par la Princeffe Sophie, s'étoient foulevez; cela obligea Sa Majesté Czarienne à partir promptement de Vienne, pour arrêter cette revolte. En effet Sa Majefté ayant fur cela donné fes ordres, & ayant feu se saifir des coupables, il les fit executer devant le Couvent où étoit la Princeffe Sophie, qui voulant fe mettre à la tête de la Regence en l'abfence du Czar, avoit donné lieu au foulement. Deux des principales Dames de cette Princeffe, qui avoient eu le plus de part à cette confpiration, furent enterrées vives, & on ne fit pas plus de grace à divers Seigeurs qui avoient trempé dans ce complot. Deux moines Grecs furent rompus vifs, le Patriarche empalé, & le premier Predicateur de l'armée fut pendu & attaché à un pieu devant l'Egli fe de la Trinité; exemple fevere pour fervir à maintenir des Sujets dans leur devoir.

An. 1699. Sa Majefté Imperiale & les Turcs, ainfi que le grand Duc & la Repu blique de Venife, après une longue & onereufe guerre, ayant enfin agréé Sa Majefté Britannique & Meffieurs les Etats Generaux pour être les Mediateurs de la Paix entre ces deux Puiflances, Carlowitz Ville de Hongrie, vers les frontieres des Turcs, fut choifie pour les Conferences, & ces

deux Puiffances y envoyerent leurs Depu tez pour parvenir à cette heureufe fin. L'Empereur, le grand Duc, les Turcs & la République de Venife y ayant pareillement envoyé leurs Députez,on conclut une Treve avec l'Empereur pour vingt-cinq ans, & une de deux années avec Sa Majesté Czarienne,qui fut prolongée l'année fuivante pour trente années.

An. 1700. La même année que la Treve fut conclue entre l'Empereur & le Czar, le Roy de Pologne & Sa Majefté Czarienne, dans la veue de profiter de la fituation où le trouvoit la Suede fous un jeune Prince, hors d'état en apparence de refifter å ces deux Puiffances, lui déclarerent la guer re, il n'y a rien de plus glorieux que les premiers exploits de ce jeune Prince, qui a marché de bonne heure fur les traces du grand Guftave.

An. 1701. Pendant que le Roy de Po logne tourne fes armes contre Riga, le Czar pouffe les fiennes en Livonie: mais le bonheur des armes de Charles XII: fit échouer ces deux entreprises.

An. 1702. Si dans l'année 1701. les armes de Suede furent favorifées d'avanta ges confiderables, il n'en fut pas de même de la fuivante. Les Mofcovites ayant joint les Suedois près de Stagnits en Livonie, le

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