Septembre prés de Malezice ne décida rien en faveur ni de l'un ni de l'autre parti, qui s'attribua l'un & l'autre l'honneur de la victoire: ainfi qu'une troifiéme action du 9. Octobre, dans laquelle les Mofcovites défirent le Corps du Comte de Leuwenhaupt à Leszno à deux lieuës de Propojisk ou Propoisk.

An. 1709. Une autre action qui se passa près du village d'Holka le 8. de Février, ne decida encore ricn touchant la querelle de ces deux Princes, Mais il n'en fut pas de même de la bataille de Pultawa du 27. de Juin. L'armée du Grand Duc avoit pendant long-tems traverfé les deffeïns de Sa Majefté Suedoife, qui avoit d'abord crû furmonter les difficultez pour aller droit à. Mofcou; mais les ayant trouvées infurmontables, il defcendit vers l'Ukraine, ou à deffein de fe joindre aux Tartares, ou de trouver par-là un chemin plus facile il marcha vers Pultawa. Comme l'armée de Suede dans fa marche avoit été continuellement harcelées des Mofcovites, & affoiblie par diverfes attaques & combats, qu'elle avoit eu à foutenir, ayant été attaquée à Pultawa par toutes les troupes du Grand Duc, après une réfiftance des plus belles & des plus vigoureufes, Sa Majefté Suedoife eut le malheur de perdre la bar

taille, & d'être obligé de fe retirer à Bender.

E Roy de Suede après la perte de la

& avant que de paffer ce fleuve il envoya le Général Mardefeld avec un Trompette à Sa Majefté Czarienne, pour lui faire. fçavoir qu'il accepteroit la paix qu'on lui avoit offerte plufieurs fois; mais le Grand Duc lui fit réponse que les affaires ayant changé, les conditions en devoient auffi changer. Le lendemain du combat Sa Majefté Czarienne fit dîner avec lui les Généraux Suedois qui avoient été faits prifonniers, & les traita fort civilement. Elle demanda au Général Reinfchildt à combien les troupes du Roy de Suede pouvoient monter avant le combat ; à quoi îl répondit qu'il ne le fçavoit pas bien préci fément, parce que le Roy feul en avoit la lifte, & qu'il ne la communiquoit à perfonne; mais qu'il croyoit que le tout enfemble pouvoit bien fe monter avant le combat à trente mille hommes, fçavoir, dix-neuf mille de troupes reglées, & le refte de Colaques. Le Czar témoigna d'être furpris, & lui demanda encore.comment Sa Majefté Suedoife avoit pû se hafarder à entrer dans un fi vafte Empire

avec fi peu de monde; Monfieur de Reinfchildt lui répondit, que le Roy fon maître avoit toujours plus compté fur la fidelité de fes Officiers & de fes foldats, que fur le nombre. Sa Majefté Czarienne charmé de la réponse de Monfieur de Reinfchildt, tira fon épée de fon côté, & la lui donna, en le priant de la garder pour marque de l'eftime qu'il faifoit de fon zele & de sa fidelité pour fon Roy. Sa Majesté fa Czarienne ne montra pas feulement fa clenience aux Officiers prifonniers de l'armée Suedoife, mais elle montra encore fa liberalité envers les foldats, & leur fit une liberalité de quinze mille ducats d'or. Sa Majefté Suedoife pafla trois jours après fa défaite le fleuve du Boriftene, & fe mit dans une caléche à caufe de fa bleffure, qui ne lui permettoit pas de voyager à cheval, accompagné du Général Mazeppa & de quelque centaine d'Officiers, & prit le chemin de la Tartaric. Les fatigues de ce voyage & les difficultez qui s'y rencontrerent ne furent pas peties, il falloit paffer un païs fauvage, remplis de montagnes & entrecoupé par tant de bois, de marécages & de Rivieres, fans tentes, fans équipa-· & fans vivres. Et fans le Général Mazeppa & quelques-uns de fes Cofaques, qui fervirent de guides & de truchemens

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il auroit été difficile de s'en tirer. Après cinq jours de marche des plus penibles, il arriva vis-àvis d'Oczaκouw, vi le fituée à l'embouchure du Boriftene. Les habitans des environs du fleuve Bog, qu'il fal'oic passer, voyant une troupe de gens de guer

dont il ne connoiffoient ni la langue, ni les habillemens, refuferent de les lailler paffer pour gagner Oczakouw, fans un ordre exprès du Gouverneur. Comme on ne doutoit pas que les Mofcovites ne fuffent à la pourfuite du Roi, on peut juger de l'inquiétude où on pouvoit être; enfin l'ordre étant venu le lendemain, on n'eut des batteaux qu'environ pour la moitié de ce qu'on avoit befoin, de forte qu'on fut obligé de faire paffer les chevaux à gué. Une heure aprés que le Roy fut paffé, les Mofcovites qui le pourfuivoient arriverent, & n'ayant trouvé que quelques Cofaques qui n'avoient pû trouver place dans les batteaux ils les firent prifonniers. Ces Mofcovites s'étoient égarez en chemin faute de connoître le païs. Dès que Sa Majefté fut arrivée à Oczaкouw, elle envoya Monfieur le Secretaire Klinkenstrom au Camp des Tartares, & Monfieur de Neubaver à la Porte Ottomane, pour y donner avis de fon arrivée; en fuite Sa Majefté palla à Bender, où le Seraskier lui fit une

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reception trés refpectueufe, & lui fournit des tentes pour elle & pour tous fes gens.

Le Roy Augufte qui avoit été obligé par le Roy de Suede d'abandonner la Pologne, ayant appris fa difgrace, & ayant encore un parti en Pologne, rentre dans ce Royaume, & le Roy Stanislas à son tour eft obligé de lui ceder la place ; & ces Princes experimer tent tour à tour la bonne &. la mauvaise fortune.

Sa Majefté Czarienne après la victoire de Pultawa, repaffa en Pologne pour fa vorifer le rétabliffement du Roy Augufte. Il eut auffi une entrevûë avec le Roy de Pruffe à Marienwerder. Celui-ci y arriva. le 24. Octobre; le 26. il fut au devant du Grand Duc à une demie lieuë hors de la ville, & ce Prince qui s'étoit embarqué: furla Viftule, ayant mis pied à terre, leurs Majeftez s'embrafferent, monterent enfemble en caroffe, & y firent entrer auffi Monfieur Kuperling Envoyé du Roy de Pruffe auprès du Czar. Le Prince de Menszikof entra dans un autre caroffe avec, let Comte de Wartenfleben, & les autres Seigneurs des deux Cours fuivirent dans d'autres caroffes ou calêches qui leurs avoient été préparez. Sa Majefté Czarienne fut faluée en entrant dans la ville d'autant de pieces de canon qu'il s'en trouva, ainfi que:

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