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mente les brouillards. C'est ce qu'on' peut remarquer plus particulierement fur les côtes d'Irlande, où l'Ocean eft plus profond, & où par confequent l'eau à plus de chaleur en Hiver que vers l'Angleterre; ce qui fait, que les broüillards y font beaucoup plus épais, que dans la Manche Britannique.

J'attribue cette effet à la même caufe, qui lors d'une forte. gelée produit les brouillards au deffus des fontaines, des Rivieres, des Lacs, &c. Tout le monde convient qu'il en eft alors de ces eaux comme des caves qu'on trouve chaudes dans ce temps-là, en comparaifon de l'air de dehors. Il ne faut pourtant pas s'imaginer, que ces eaux puiffent avoit la même chaleur en hiver qu'en êté, fi l'air y a la moindre.communication; c'eft fur quoi je ne m'étendrai pas davantage. Il fuffit qu'on m'accorde, que la mer & toutes les autres eaux expofées au jour font en hiver plus chaudes que l'air. Les deux qualitez oppofées du chaud & du froid étant alors dans un combat continuel s'il m'eft permis de m'exprimer ainsi s'entremêlent & forment une autre temperature qui participe de l'un & de l'autre. Plus la difference eft alors grande

entre la temperature de l'air & celle de l'eau, plus la chaleur du foleil qui a penetré la furface de la terre ou de l'eau, en fait exhaler des particules humides, fur tout de l'eau, où la chaleur a penetré plus profondément. Et comme je l'ai remarqué en parlant d'une chambre chaude & de la caufe premiere & generale qui éleve les va peurs jufqu'à la moyenne region de l'atmofphere, le froid de fon côté attire à foi avec la même force toutes les particules humides qui voltigent feparément dans l'air. Dans ce temps-là, plus la caufe de l'élevation des vapeurs eft confiderable c'eft-à-dire, plus la difference eft grande entre les deux qualitez oppofées du chaud & du froid, plus par confequent les particules font groffes. Etant d'un poids égal à l'air inferieur, qui dans ce temps-là n'a point cette vertu élastique qu'il a ordinairement, ces particules ne peuvent point monter plus haut; mais comme il en fort continuellement de la furface de la terre & de la mer, ce mouvement perpetuel fait, qu'elles s'entrechoquent & forment un corps épais & vifible, qui flote autour de la terre, jufqu'à ce que le foleil puiffe communiquer fa chaleur

à

a l'air & lui donner un nouveau reffort, pour diffiper ces particules, & les élever à une region plus legere & plus rarefiée. C'est ce qui fe remarque ordinairement, l'orfque le foleil fe leve, & qu'il fait un beau jour; mais fi le temps eft couvert & froid, & qu'il faffe peu de vent, les brouillards alors fe tiennent dans l'air, & y demeurent quelquefois plufieurs jours fans fe diffiper. C'est ce qui arrive communément dans les endroits qui font près de la mer ou d'autres grandes eaux; mais plus avant dans le Continent, comme par exemple à Moscou, l'air eft plus ferain, & Fon y

voit rarement des brouillards. De plus, on remarque dans les Païs chauds, ou dans le temps de la chaleur, dans quelque endroit du monde que ce foit, qu'au deffus de ces montagnes, qui font élevées à une telle hauteur, qu'elles ne participent ni að grand froid qui regne dans la partie fuperieur de l'atmofphere, ni à la chaleur qui enleve les vapeurs d'en bas; qu'au deffus, dis-je, de ces montagnes, l'air eft trop rare & trop fubtil, pour pouvoir foutenir ces particules pefantes, & il eft dans une telle temperature & a un tel degré de vertu élasti

que, qu'il eft impoffible que les broüillards puiffent jamais s'y former. C'est ce qui fe voit particulierement fur le Pic de Teneriffe, dont le fommet d'un côté ou d'autre eft toûjours couvert de neige; mais au pied du Pic, & dans les autres endroits les plus élevez de cette Ifle, auffi bien que de plufieurs autres des Canaries, où ni la chaleur d'en bas, ni le froid des régions plus fuperieures ne regnent point, on voit d'abord un brouillard qui s'y éleve, dès que temps eft calme.

le

Mais fans aller chercher des exemples fi loin, on trouve que dans les endroits les plus élevez de la Principauté de Galles, & fur les collines qui font au midi de la Ville de Dublin en Irlande, quoiqu'il n'y ait aucune comparaifon entre leur hauteur & celle de ces montagnes dont j'ai parlé, l'air néanmoins y eft beaucoup plus froid que dans les vallées. Il arrive que les particules humides qui s'exhalent d'enbas, & qui circulent dans l'air chaud, font attirées & portées jufqu'à cet air froid qui regne fur ces hauteurs, de la même maniere dont je l'ai reprefenté à l'égard d'une chambre chaude; mais cet air, fur tout dans un temps calme, n'ayant pas la force d'élever plus

haut ces particules, elles s'entrechoquent & forment enfin un brouillard qui fe trouve fufpendu à une certaine distance, & qu'on prend ordinairement pour un nuage, jusqu'à ce qu'il foit diffipé ou par la chaleur du Soleil, ou par les vents.

Voilà quelle eft mon opinion fur les brouillards en general. Si ce que j'ai dit en eft la veritable caufe ou non, c'est fur quoi je m'en rapporte volontiers au jugement des perfonnes plus éclairées que moi; il eft toûjours fûr que les circonftances s'accordent parfaitement dans tous les cas que j'ai rapportez, & que l'effet en eft immanquable, du moins en apparence.

A l'égard de la grêle, de quelque ma niere qu'elle fe forme & qu'elle se foûtienne dans l'air, nous voyons que c'est un corps condenfé & folide, qui tombe d'une hauteur confiderable: malgré tout ce qui a été dit d'un côté de la nature des vapeurs & des pluïes, & de l'infuffi fance de l'air pour foutenir rien qui ne foit plus leger, ou du moins d'un poids égal au fien, & de l'autre pour prouver que la region fuperieure de l'air eft plus legere de beaucoup que l'inferieure.

Sans m'étendre ni fur, fa nature ni fur La caufe, je ne remarquerai que cette

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